Katatonia

Le 12 novembre 2016 posté par Bloodybarbie

Interviewé: Jonas Renkse (chant)

Intervieweuse : Bloodybarbie

katatonia-band-photo

Suite à la sortie de leur nouvel album « The Fall of Hearts », j’ai eu le grand plaisir et honneur d’interviewer Sire Jonas Renkse, leader et chanteur de Katatonia.

Tout d’abord, félicitations et merci à vous pour nous avoir offert, une fois de plus, un tel chef d’œuvre (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/katatonia-the-fall-of-hearts)!

 

Quand avez-vous commencé à travailler sur l’album ?

Difficile à dire car c’est généralement moi qui écris les albums et j’écris surtout quand je suis chez moi. J’ai toujours beaucoup de compo et d’idées, mais elles ne figurent pas toutes sur album car je fais du tri. Pour cet album, je dirais que c’était en septembre 2015, et on a travaillé dur pour le finaliser, l’enregistrer, etc., tout comme pour Novembre qui a travaillé sur le sien en même temps. J’avais beaucoup de choses écrites mais pas finies, et le plus dur était d’aller jusqu’au bout et de les terminer !

 

Tu n’écris que les paroles ou même les morceaux ?

J’écris les textes et les lignes mélodiques (vocales), c’est beaucoup de boulot mais c’est fun !

 

Avez-vous souvent enregistré dans les Fascination Studio ?

Non, on y a enregistré celui-là et « The Great cold Distance » aussi, mais les autres ont été enregistrés ailleurs.

 

Beaucoup de groupes ne jurent que par ces studios depuis qu’ils ont enregistré chez eux, comment les trouves-tu ?

Oui, tout à fait. Jens avec qui on a aussi travaillé a fait un boulot grandiose et je pense qu’effectivement, c’est le meilleur studio au monde pour ce qui est du Metal. Le rendu des albums et le son est vraiment parfait !

 

On sent que les guitares sont davantage sous accordées que dans les précédents albums, avec des sons un peu prog et djent ; était-ce volontaire ?

En fait, c’est le même accordage que d’habitude, seulement les guitares dans cet album sont plus mises en avant, c’est pour cela que vous avez cette impression.

 

C’est toi qui joue au piano ?

Je ne joue pas vraiment du piano, à proprement parler : je le programme de la façon dont je sais comment ça doit sonner !

 

Quelle était la partie la plus difficile pour toi en ce qui concerne cet album ?

Je dirais : « finir les paroles et les textes », car je ne peux pas travailler sur le chant si mes textes ne sont pas terminés et c’est parfois difficile, stressant et ça demande aussi beaucoup de travail. On a enregistré 16 morceaux pour cet album, 12 seulement y figurent. Les 3 autres seront pour le LP ainsi qu’une cover pour l’édition japonaise. Ce qui fait que j’ai dû écrire 15 textes et c’est un travail colossal !

 

L’occasion se présente où je peux poser cette question : pourquoi il y a toujours des morceaux dédiés à l’édition japonaise ?

Parce qu’ils la réclament, sinon l’album ne sort pas au Japon. Ils veulent un morceau exclusivement fait pour l’édition japonaise… c’est ça le business japonais ! D’ailleurs, c’est notre premier album qui sortira au Japon, nous n’avions pas fait ces démarches auparavant !

 

Vous aviez déjà joué là-bas ?

Non, jamais puisque justement nos albums n’étaient jamais sortis au Japon, donc on n’intéressait personne. Mais ça va changer désormais !

 

J’ai vu que vous aviez également joué dans un pays très exotique pour ce qui est des concerts métal : Le Liban. Peux-tu nous en dire plus : comment en êtes-vous arrivés à jouer là-bas ?

C’était dans le cadre d’un festival, nous avions joué avec Moonspell et Serj Tarankian de SOAD, qui est arménien ; il jouait avec un orchestre.

 

Comment avez-vous été reçus ?

Ca c’est très bien passé ! On avait l’air de leur plaire. Nous n’avions jamais joué dans les pays arabes. Nous avions déjà été en Israël, en Turquie… mais le Liban était un nouveau territoire à conquérir !

 

Quel est l’endroit le plus bizarre ou authentique où vous êtes allés ?

Je dirais de suite : l’Inde ! C’était très bizarre pour un suédois comme moi ; pour eux, peut-être pas. Beaucoup de pauvres et la pauvreté se faisait sentir, ça nous avait fait quelque chose de voir ça en vrai. On ne s’y était pas vraiment préparé car on vient d’un coin du monde où on ne vit pas la même vie. L’agencement de la salle était bizarre, on ne pouvait pas boire de l’alcool, ça faisait partie du rituel de prendre quelques bières avant le concert et après (rire). D’ailleurs, on avait notre « dealer », il nous a procuré de la bière qu’il a dissimulée dans les gourdes de sport.

Nous sommes vraiment ouverts à tous les endroits sur terre, nous voulons jouer partout ! C’est toujours excitant d’aller dans des endroits ou on n’est jamais allés !

 

De quoi t’inspires-tu pour écrire tes textes ?

Lorsqu’un morceau est terminé, je l’écoute et mon imagination construit le visuel du morceau et l‘histoire. Ensuite, j’écris quelque chose qui lui convient. Généralement, mes textes sont toujours autour des mêmes sujets, qui me sont personnels, lorsque je suis dans un certain état/humeur, mais j’essaie de varier aussi. C’est une méthode qui fonctionne bien !

 

Quelle est ta propre histoire avec la musique ?

Cela a commencé grâce à mon père qui écoutait beaucoup de rock et de blues à la maison, et j’ai commencé inconsciemment à aimer ça. Et un jour de noël (j’avais 7ans), mes parents m’ont demandé ce que je voulais comme cadeau. Puis j’ai pensé au gars avec un t-shirt de Iron Maiden, qui est heavy metal, donc j’ai demandé des CD de Heavy. Donc j’ai reçu un album d’Iron Maiden et un autre de Motorhead. Voilà ! J’ai écouté ces deux albums tous les jours jusqu’à ce que j’aie pu en avoir d’autres !  J’ai commencé à chanter sur du Maiden et du Mötörhead, j’étais très content ! Puis j’ai continué à écouter du Heavy Metal, ensuite je me suis mis au Thrash jusqu’au Death, et c’est là où tout a commencé !

 

Tu sais jouer d’autres instruments ?

J’ai commencé par la batterie, dans les tous débuts de Katatonia, mais je n’ai jamais pu me payer une batterie : ça coûtait trop cher. Donc je me suis mis à mon second choix : le chant.  Ca coute moins cher et puis tu peux t’entrainer sous la douche !

 

Peux-tu nous parler des deux nouveaux arrivants dans Katatatonia ?

Quand Daniel, notre (ex)batteur a quitté le groupe (pour des raisons familiales : 3 enfants et ne pouvant pas trop laisser sa famille et partir en tournée…), c’était le grand drame : on pensait même à splitter. Mais bon… on avait des concerts de bookés et on ne pouvait pas tout annuler. Puis on a pensé à Daniel Moilanen (oui, une autre Daniel), qui est un bon ami à nous et l’ex batteur d’Engel : il n’avait pas de groupe, c’est un très bon batteur et quelqu’un de sympa. Donc on s’est réunis avec lui et comme, en plus, c’est un fan de Katatonia, il a naturellement accepté. Donc c’est désormais un membre permanent, qui a participé au nouvel album.

En ce qui concerne notre nouveau guitariste, Robert, on ne le connaissait pas auparavant. Il a seulement joué quelques solos sur le nouvel album parce que lorsqu’il a intégré Katatonia, l’album était déjà terminé. On peut dire qu’on a un line-up assez stable, puisque c’était un peu des va- et-vient auparavant ; souvent, les musiciens s’arrêtent parce qu’ils préfèrent être stables, ne pas faire trop de tournées et s’éloigner de leur famille, travail…

Je lisais des commentaires de fans qui disaient sans Daniel (notre ex batteur), Katatonia ne serait plus pareil… Ils appréhendaient un peu l’avenir du groupe, mais Daniel Moilanen est un excellent batteur (peut-être meilleur que Daniel), je suis sur que les fans l’adoreront. On a fait quelques répètes ensemble pour préparer la tournée, et puis tout ira bien ! Même en répète, Katatonia n’a jamais sonné aussi bien !

 

 

Est-ce que vous êtes tous à temps plein dans Katatonia ?

Non, seulement moi et depuis très peu. On n’est pas encore assez grands pour pouvoir en vivre à l’aise, surtout quand on ne tourne pas. Les autres bossent à côté mais se libèrent pour les tournées.

 

Et que faisais-tu avant ?

J’étais facteur. J’ai essayé de vivre de Katatonia il y a bien longtemps, mais c’était plus compliqué à l’époque. Mais, maintenant, ça va !

 

Je pensais que Katatonia était un grand groupe, quand même !

Oui, mais pas tant que ça… J’aurais aimé que ça soit le cas… Tu sais, maintenant, la vente de CDs ne génère pas tant d’argent que ça et il s’agit de survivre du peu qu’on gagne ; on essaie de survivre avec ce qu’on gagne des tournées et la vente de CDs/merch’. Anders et moi avons fondé le groupe en 91 et on ne sait pas faire autre chose que bosser dans et pour Katatonia.

 

Je pense que Katatonia est un groupe qui peut être tout public. D’ailleurs, quand je veux présenter un non métalleux à du Metal, je lui fais écouter en premier Katatonia, et je ne connais personne qui n’a pas aimé, très sincèrement !

Vraiment ? Je pense que oui, c’est assez facile d’adhérer à notre son : ce n’est pas violent, les morceaux sont mélodieux.

 

J’ai entendu dire que les groupes qui se forment en Suède sont aidés par le gouvernement suédois ; aviez-vous bénéficié de ça à vos débuts ?

Non, on en a pas profité à l’époque et maintenant nous sommes trop vieux pour ça. Mais notre local de répète, qu’on partageait avec d’autres groupes, n’était pas cher.

 

As-tu le temps d’écouter de la musique ?

Oui, si on me recommande un groupe ou un album, mais je ne cherche pas spécialement à écouter de nouvelles choses. Plus comme avant où je cherchais toujours à écouter de nouveaux groupes, acheter des CDs…

 

Et il t’arrive de ne pas être inspiré ?

Très rarement, et quand ça m’arrive, ça ne dure pas  longtemps et je suis content de ça.

Il m’arrive de ne pas vouloir entendre parler de musique pendant un mois ni toucher un instrument, de vouloir me déconnecter : à force d’enchaîner les concerts et les répètes, on finit par saturer. Mais ça revient et ça reste ma passion et mon métier que j’exerce depuis plus de vingt ans.

 

Est-ce que pour écrire tu dois être dans un état un peu dépressif ou mélancolique ?

Oui, effectivement, ça aide beaucoup !

N’était- il pas bizarre de faire toute une tournée acoustique ?

A vrai dire, j’ai appréhendé… puis j’ai pris plaisir et j’étais content du show acoustique, ça sonnait bien. C’est si différent et plus difficile car la moindre faute se fait entendre… Mais d’un autre côté, on s’entend mieux et plus clairement. Un show normal, j’ai toujours la batterie derrière moi et je n’entends que ça et pas ma voix, et un show acoustique, je m’entends parfaitement.

 

Tu le referas ?

C’est une bonne idée mais on préfère ne pas trop en faire.

 

Vous vivez tous à Stockholm ?

Maintenant oui, car on vivait tous à peu près à 3h les uns des autres donc, à chaque fois, ils devaient venir à Stockholm. Puis Per (notre ancien guitariste, qui a été remplacé par  Roger depuis) a déménagé à Barcelone, qui est encore plus loin ; c’est pour ça qu’il a quitté le groupe !

 

Vous êtes connus partout à Stockholm ?

Non, pas du tout ! La Suède n’est pas le meilleur pays pour notre business : c’est plutôt la Finlande, notre plus grande fanbase.

 

Si tu dois choisir trois mots pour décrire votre nouvel album « The Fall of Hearts » ?

Sombre, aventureux et cœur ; on y a mis beaucoup de cœur !

 

 

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