En termes de festivités et autres réjouissances métalliques, Lyon et sa proche banlieue ne sont certainement pas à plaindre. En effet, depuis quelques années maintenant nous pouvons voir poindre ça et là, quelques heureuses initiatives sous les impulsions bénévoles de groupes et d’associations régionales. C’est ainsi que de fil en aiguille, l’Underground Metal Festival (l’UMF pour les intimes) en vient à souffler, en ce beau mois d’Avril, sa septième bougie. L’UMF c’est avant tout un axe de conduite : ‘brutal’ & ‘underground’, tels sont les maîtres mots. Suite à une cataclysmique édition en 2006 (Dew-Scented, Benighted, Destinity, Wind Of Torments, That Old Black Magic et Aabsinthe, entre autres), je n’avais pas eu l’occasion d’y participer les années suivantes jusqu’à, justement, cette édition de 2009.

Entouré de quelques bon(ne)s ami(e)s, après un petit pique-nique improvisé (mais pas tant que ça) et alcoolisé, pénétrons en cette antre du metal d’un jour.

C’est aux jeunes d’Ares qu’échoît la lourde tâche de débuter les hostilités. Jeunes ? Oui, très jeune même, car avec une moyenne d’âge frôlant la quinzaine, il est bon de rappeler que certain de leurs aînés de la soirée plaçaient leurs premiers accords alors qu’eux, n’en étaient qu’à placer leurs premières dents. Cependant, même si l’on devine une certaine tension, le trio ne se laisse pas pour autant impressionner. Devant un public encore réduit et essentiellement composé d’amis pour le moins enthousiastes, Ares nous livre donc une prestation honnête aux compos assez basiques (en terme de structure), voire un peu déstabilisante sur le premier titre à la structure étrange. Compte tenu de son jeune âge, la maîtrise technique est quand même bien réelle, nous noterons juste quelques petits accrocs rythmiques et un petit manque de conviction dans la composition, mais tout à fait pardonnables. Au rayon des anecdotes, je ne pourrai m’empêcher de citer cette remarque de ma chère voisine, sidérée : « Cette voix sort réellement de ce corps » ? Saisissant en effet.

Après un court changement de plateau, viennent ensuite les locaux d’Eternal et leur death couillu. Le chanteur, tous pectoraux dehors, sait se faire admirer et donner une autre image du death-metal aux jeunes fanes d’Ares n’ayant finalement pas libéré les premiers rangs. En mâle aguerri, guère friand des tablettes de chocolat et par conséquent peu sensible à cette charmante musculature, c’est sur la prestation délivrée par nos concitoyens, que je vais tenter de me concentrer. Malheureusement je ne saurais pas trop quoi dire de plus. Le groupe nous délivre un set carré, efficace, mais pas anthologique car au final assez linéaire et avec un jeu de scène réduit à sa plus simple expression. Bien, mais sans plus.

Nous passons le Rhin, pour faire la connaissance de May The Silence Fail et de ses deux chanteuses (grunt et voix ‘claire’) qui vont tenter de nous apporter leur petite touche de féminité libératrice. A mon grand regret, je serai bien incapable de vous en dire plus, car l’Homme étant faible et la Chair tentatrice, c’est justement le moment ou nous sommes parti nous sustenter en prévision de la fin de soirée chargée. Ayant tout de même laissé quelques consignes à mes agents doubles en place, les échos recueillis furent pour le moins enjoués, pour ce death-mélodique de bonne facture et bien rôdé à l’exercice scénique … Hmmm, aurions-nous manquer l’une des premières bonnes surprises de la soirée. A priori, oui.

Qu’à cela ne tienne, rattrapons nous sur Resistance. Le combo prend tranquillement place sur scène. Mais … mais, je connais ces trognes. A ma grande surprise ce sont The Oath qui investissent les planches, en remplacement ‘de luxe’ du combo précité. De luxe, car les lyonnais commencent à se faire une bonne réputation sur le région et que leur death-black old school aux nombreuses influences rend très bien en live. Et chose prévue, chose due : la prestation fut là aussi de qualité, mais sans débordement. Efficace, mais prévisible. Peut être est-ce le fait que nos chemins se croisent souvent ces temps-ci, mais les prestations du combo commencent à avoir un air de déjà-vu (mis à part le streap progressif du claviériste) : mais je le répète cela ne retire rien à la valeur intrinsèque de celle-ci. The Oath remplissent à merveille le rôle qui leur est échu et la tension monte encore d’un cran, avant de recevoir God Damn.

Nous voilà en tout cas avec une bonne moitié du festival derrière nous et musicalement parlant, nous avons assister à quelques prestation sympathiques et de qualité mais pas encore à d’énormes coups de pied au cul … et ce cul, il se pourrait bien que se soit God Damn qui nous le botte ! Le groupe ne contredira pas ce bel adage créé pour l’occasion : « A la mi-Millery, ma mie, la mie est de mise ». Oui, cela ne veut absolument rien dire … mais j’aime bien, moi ! Et avec la venue de God Damn, force est de constater que l’entame de cette seconde partie de festival se fait en fanfare. Ne connaissant que de nom, je ne peux que reconnaître que leur réputation est amplement méritée. De suite un palier est sauté par rapport aux groupes précédents, les lyonnais mettant littéralement le feu sur scène (et parmi le public qui s’est bien rapproché) avec leur stoner âpre et abrasif, mâtiné de death. Le public, pour la première fois de la soirée, se montre réellement présent et donne de la voix aux moindres injectives du charismatique chanteur. Le groupe joue la carte de la convivialité tout en sachant mettre le feu à la salle, en parallèle. Combinaison gagnante quant aux discutions et aux sourires de la foule, le show terminé.

Après cet excellent électrochoc, direction plein Sud et l’Italie avec ses représentants de Necrodeath. Nul trace ici d’un truculent heavy-mélodique ou d’un quelconque death-mélodique léché. Du death, nous en avons, de la mélodie, nous en aurons, mais le tout se veut ici très technique … pas au paroxysme d’un Necrophagist certes, mais néanmoins assez pour être souligné. Mais les amateurs des Nile et autres Vader (dans une moindre mesure) devraient pouvoir s’y retrouver. Le groupe en promotion de « Phylogenesis » leur nouvel album propose donc des titres assez fouillés, doublés d’une belle énergie pour une prestation de qualité, mais semblant hélas ne pas plus émouvoir que cela le public présent. Dommage, les italiens se donnent bien, mais leur death, pas si facile d’accès que cela laisse quelques métalleux sur la touche.

Nous approchons maintenant de la fin de la soirée et il ne reste alors plus que deux groupes à passer, les deux ‘grosses formations’ sur le papier. Sur le papier, car autant Agathodaimon bénéficient d’une popularité certaine sur la scène heavy-black sympho, autant il n’en est pas de même pour Destinity qui, toute proportion gardée, commence tout juste à poindre au niveau national et international. Cependant, les lyonnais jouent ici à domicile devant un public d’ores et déjà acquis à sa cause, et aux yeux de nombreux fanes et fans, les stars, ce soir, se sont eux. C’est la première fois que j’assiste à un de leur show depuis la parution de « The Inside », leur petit dernier en date. Le style à quelque peu changé, et nous naviguons ici dans des sphères thrash modernes, sachant se faire brutales ou mélodiques, selon le propos. Sur scène, ça headbang à tout va, de même que dans l’assistance … seuls les propos de Mick, le leader, manquent un peu de distinction « On est putain de content car vous êtes un putain de public et on espère que vous allez foutre un putain de bordel dans cette putain de salle », mais bon, ce n’est pas ce qu’on lui demande non plus. Quelques titres des albums précédents, un ‘Evolution Devilution’ en tête, font toujours leur petit effet. En tout cas, à mon niveau si je ne devais garder qu’un seul souvenir du groupe, ce serait cette prestation-ci, indéniablement ! Peut être pas la meilleure à laquelle j’ai pu assister … mais qu’elle intensité, qu’elle fougue, qu’elle passion !

Là où le bas et le public blessent, c’est qu’à la fin du set de Destinity … tout ce petit monde, s’est décidé d’un commun accord, à regagner leurs pénates. Seuls quelques irréductibles (à compter sur les mains et les orteils) daigneront rester pour le set d’Agathodaimon. Incroyable. Alors d’accord, le public était assez jeune cette année (ou c’est moi qui vieillit ?), certains ne devaient même pas connaître les allemands (faute, il est vrai, à un manque flagrant d’activité ces dernières années), mais là, la formation revient pourtant avec une offrande toute neuve, l’occasion rêvée de découvrir le groupe, en somme. Mais non. Remplir des salles dans son pays et venir jouer devant 20-30 personnes en devant leur demander poliment de se rapprocher de la scène ne doit pas être à proprement parlé jouissif. Quoiqu’il en soit, le groupe saura faire preuve d’un grand professionnalisme, en délivrant un set de qualité tout en sachant faire fi du nombre restreint de spectateurs, donnant et sachant faire parvenir la même énergie que dans une salle pleine (contrairement à ces messieurs de Darkmoor qui, il y a quelques semaines pour des raisons similaires ont tiré la tronche durant tout leur set). Toujours est-il que la prestation des allemands demeurera un très bon moment, avec de bonnes lights, un jeu de scène de qualité, les musiciens paraissant habités par leur musique. En fin de set, le groupe remerciera longuement les personnes présentes, ultime gage d’humilité (s’il était encore besoin de le prouver), avant de s’éclipser.

Alors ? Un bilan à tirer de cette septième édition ? Bien sûr, comme toujours, une organisation au quart de cheveux (fort long, par ailleurs), des groupes de qualité et de divers popularité diverse permettant les découvertes (Necrodeath, May The Silence Fail), les confirmations (Dod Damn, Agathodaimon) ou les déceptions. Bien que, une fois n’est pas coutume, ce soit le public qui recevra un coup de gueule mérité ! En 2008, au Hellfest, pour de fausses raisons, Korn a décidé d’annuler leur prestation au dernier moment, tout le monde à crié au scandale, à raison; mais à l’inverse n’oublions pas que les concerts sont avant tout un lieu d’échange. Un échange entre le groupe et son public ou chacun se doit d’être un minimum respectueux de l’autre, se ne fut, malheureusement pas le cas ce soir, et voila qui est bien regrettable. Carton rouge, les gars ! A bon entendeur.

Nous, une longue soirée bien arrosée nous attend encore 🙂

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