Parmi les dates importantes à ne pas rater en ce début d’année, la place en tête de liste du No Mercy Fest n’est certainement pas usurpée. L’affiche de ce festival itinérant à en effet de quoi faire saliver le metalleux de base, jugez par vous-même : pas moins de cinq groupes dont les trois grosses pointures que sont Moonspell (Portugal), Napalm Death (Angleterre) et Behemoth (Pologne), accompagnées dans leur trip européen de Dew-Scented (Allemagne) et Root (République Tchèque).

Les Hammer Of Gones, chargés de l’organisation de cette étape lyonnaise (une première pour ce festival) y adjoindront même les locaux de Destinity pour compléter l’affiche. Six nationalités donc, pour autant de styles différents. Pas besoin d’un regard averti pour le remarquer, un coup d’œil rapide à l’assistance suffisant à s’en rendre compte : des grindeux aux black metalleux en passant par les goths de service, c’est un public hétéroclite et pour le moins disparate qui s’amasse devant les portes du Transbordeur.

A l’ouverture des-dites portes, la salle est bien loin d’être remplie et Destinity commence son show devant un parterre de spectateurs très réduit. Plébiscité par le public lyonnais, via un sondage les opposant à Benighted et Whisper-X (même si à l’occasion, un Winds Of Torment voir un petit Malmonde aurait pu s’avérer aussi fort sympathique et moins convenu) remporté haut la main, leur prestation reste carrée, une tendance en confirmation depuis l’intégration de leur nouveau guitariste. Très courte en raison du timing serré (six groupes à caser tout de même) la setlist sera avant tout logiquement axée sur « Synthetic Existance », le dernier opus en date et des titres comme ‘Evolution : devilution’ ou ‘Deconstruction of time’ font toujours leur petit effet en live. Le groupe interprétera aussi un de leurs nouveaux titres ‘Still remember’. Malgré le faible public, les présents sont pour la plupart arrivés tôt spécialement pour voir les Lyonnais, l’accueil est donc relativement bon, rythmé par les « Lyon, bouge ton cul » de rigueurs (on ne se refait pas). Nous voici bien en bouche pour Root.

Plus de photos ici , © THEURET Cédric
Setlist Destinity :
01. Intro / Ex-Nihilo
02. Evolution / Devilution
03. Deconstruction of Times
04. Deshumanized Nature
05. Still Remember(nouveau titre)

Et heureusement, car Root … c’est bizarre. Ces vétérans-tchèques restent absolument inconnus pour moi malgré leurs vingt ans d’existence. Je parlais de bizarrerie, mais ‘étrange’ aurait été certainement plus adéquat, à l’image de leur imposant petit chanteur bedonnant au visage tatoué et croassant allègrement au grée de mélodies oscillant entre black-mélodique et heavy-dark (pour ce que j’en ai retenu). J’avais fait un petit parallèle avec Dissection sur le coup, sans cette petite étincelle propre à la bande de feu Jon Nödtveidt il faut bien l’avouer. Ajoutez à cela le jeu de scène assez théâtral (dans les postures) du chanteur et les applaudissements recueillis sont au final tout à fait mérités mais l’on se demande si ce n’est pas plutôt par ‘sympathie’. Je n’avais pas trop accroché à l’écoute des titres proposés sur le Myspace, m’est d’avis que la musique des tchèques passe mieux sur scène. Pas extraordinaire mais sympathique et idéal pour un début de soirée.

Setlist Root :
01. Talking Bones
02. Endowment
03. And They Are Silent
04. The Festival Of Destruction
05. Písen pro Satana
06. 666

Dew-Scented maintenant. Impressionné lors de leur précédente venue à Millery il ya quasiment un an jour pour jour, c’est avec grand plaisir que j’apprenais leur présence sur cette affiche. Fort d’un nouvel album « Incinerate » sorti en début d’année, les Allemands n’ont rien changé à leur style mis à part que leur musique se veut encore plus vindicative. Mélangeant allègrement sonorités death et thrash, remaniées dans une sauce très moderne, Dew-Scented à une fois de plus fait l’unanimité, derrière moi tout du moins. Preuve en est (et c’est assez rare) que tous les photographes secouaient la tête en fin de prestation. Une nouvelle claque d’outre-Rhin, pour un groupe ne figurant pas parmi les plus attendus mais qui laisseront un très bon souvenir. Rien à ajouter.

Setlist Dew-Scented :
01. Never To Return
02. Cities Of The Dead
03. Turn To Ash
04. That’s Why I Despise You
05. Soul Poison
06. Into The Arms Of Misery
07. Acts Of Rage

Et nous voici à aborder les ‘gros’ de cette soirée, ceux pour qui la majorité du public a fait le déplacement et c’est Behemoth qui ouvre les hostilités, là ou je m’attendais plus à voir Napalm Death. Les Polonais savent se montrer très convaincants et leur black-death ultra efficace fait mouche auprès de l’assistance. Impressionnant. Que dire de plus ? Voici le maître mot de leur prestation. Impressionnant, à l’image de la scène parée de chaque coté de l’aigle bicéphale, emblème si cher au groupe, et prenant ainsi un caractère dramatique. Impressionnant, à l’image des éclairages très travaillés baignant cette même scène d’ambiances tantôt malsaines, tantôt explosives. Impressionnant, à l’image du son (… vous m’aurez compris) plus que correct malgré des petits problèmes de voix en tout début de set (mais rien à voir avec le graspop 2005, ou seule la batterie était audible). Impressionnant enfin, à l’image des membres tout simplement : Inferno en batteur imparable, Nergal petit par la taille fait qui sait faire preuve d’un charisme indiscutable et enfin à la basse Orion (il faut entendre ses énormes chaînes teintées sourdement dans le noir à ses déplacement entre les chansons … brrrrr …). En plus des incontournables (‘Christians to the lion’,’Chant for eschaton’), le titre ‘Christ grinding avenue’ du prochain album « The Apostasy » (juillet 2007) a également été joué. J’ai été conquis, vous l’aurez compris.

Setlist Behemoth :
01. Demigod
02. Antichristian Phenomenon
03. Conquer All
04. Christians To The Lions
05. Summoning Of The Ancient Gods
06. Christ Grinding Avenue (nouveau titre)
07 Decade Of Therion
08. As Above So Below
09. Chant For Eschaton 2000

Genre similaire, mais dans un tout autre style, voilà qu’arrivent les Britanniques de Napalm Death. Pour ceux qui ne connaissent pas, comme leur nom l’indique il s’agit de death mais remanié à la sauce grind (l’un des précurseurs en la matière). Les deux récentes productions studios du groupe se veulent plus ‘construites’ mais n’en demeurent pas moins sauvage et imprévisibles. Personnellement, je n’accroche pas du tout à la musique du groupe et suite à ce show le constat restera le même. Napalm Death est un groupe qui divise, sensation palpable au vue de la fosse qui se videra d’une bonne partie du public, alors qu’au contraire, les premiers rangs seront ravagés par les pogos les plus brutaux de la soirée. En tout cas, de l’avis des connaisseurs (aka ceux-ne-s’attardant-pas-aux-singeries-tendant-vers-le-ridicule-du-chateur-sous-prozac), la prestation fut de très bonne facture et très trippante malgré un volume sonore plus bas que Behemoth donnant à l’ensemble une sensation d’étouffement musical. C’est bien là l’essentiel.

Set List Napalm Death : (avec un Greed Killing qui se ballade quelque part…)
01. Sink Fast, Let Go
02. Unchallenged Hate
03. Suffer The Children
04. Silence Is Deafening
05. Instruments Of Persuasion
06. Fatalist
07. Continuing War On Stupidity
08. Breed To Breathe
09. Control
10. When All Is Said And Done
11. In Deference
12. Hung
13. The Code Is Red… Long Live The Code
14. Scum
15. Life?
16. The Kill
17. Deceiver
18. You Suffer
19. Nazi Punks Fuck Off
20. Mass Appeal Madness
21. Persona Non Grata
22. Smear Campaign

Et puis Moonspell. Dix ans déjà que la formation n’avait plus foulé le sol lyonnais. Un affront enfin réparé et de la manière la plus convaincante qu’il soit : en donnant une prestation mémorable. Soyons honnête, je connaissais certain titres dans leur version studio, mais ce n’est pas pour ce groupe en priorité que j’avais fait le déplacement. Des chansons sympathiques, mais je n’attendais pas grand-chose de leur prestation, un bon moment, sans plus. Et bien si … avec du ‘plus’ justement … quelle claque, mes amis, quelle claque ! Malgré les cinq groupes précédents, il n’est pas encore tard lorsque les Portugais investissent les planches. Les compositions de Memorial, le petit dernier, sont à l’image du show : sombres et rageuses. Les ambiances développées par les éclairages sont excellentes, le son n’est pas mauvais non plus, les instruments sont tous audibles d’un coté comme de l’autre de la fosse. Le jeu de scène est assez théâtral, particulièrement celui de Ribeiro, le chanteur, impressionnant et charismatique leader qui tient le public d’une poigne de fer, ce public qui réagit à ses moindres sollicitations. Les compositions plus anciennes ont été consciencieusement retravaillées. Les modifications de line-up, plus un mixe sonore basé sur le travail accomplis pour le dernier opus, insufflent une sévère dose d’énergie à celles-ci afin d’en accentuer le rendu et l’impact live, qui fait que ces titres s’insèrent au final parfaitement à la setlist.
Des petits ‘Opium’, ‘Vampiria’, ‘Mephisto’ des familles, mettent tout le monde d’accord. Exclusivité lyonnaise et surprise de taille également : l’incorporation à la setlist de ‘Tenebrarum Oratorium’ issue de leur premier EP, en remerciement au label local Adipocere pour leur avoir fait confiance en les signant à leur début. Les musiciens assurent leurs parties avec décontraction et professionnalisme, mention au guitariste soliste impeccable sur tous les points (rythmiques, soli, backing vocals clair/grunt). Moonspell a réussi le pari de culbuté plus d’une paire de fesses ce soir, profitant de ces multi-influences (heavy, gothique, dark principalement … mais aussi black si on revient sur leur tout début) pour toucher une très large partie du public.

Setlist Moonspell :
01. In Memoriam
02. Finisterra
03. Memento Mori
04. Opium
05. Awake!
06. Ruin And Misery
07. Abysmo
08. Blood Tells
09. Upon The Blood Of Men
10. Everything Invaded
11. Vampiria
12. Alma Mater
13. Fullmoon Madness
14. Tenebrarum Oratorium (Andamento I / Erudit Compendyum) !!!
15. Mephisto

Un mot pour conclure, sur l’organisation vraiment au poil (les changements de plateaux furent très rapides). Une fois de plus, les Hammer ont su se fourrer dans les bons coups, en faisant faire étape à Lyon à l’une des tournées européennes majeures de cette année. Ca, c’est cool ! Merci à eux.

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1 Commentaire sur “No Mercy Fest : Moonspell, Napalm Death, Behemoth, Dew-Scented, Root”

  1. 1

    Cool la cronique. Oui bon souvenir ce concert avec ce vieux morceau qu’ils m’ont dédicacé.
    Vivement le Hell Fest puis le Motocultor où je retourne les voir.

    Christian

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