Photos + Report : Antirouille

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Ce samedi 13 novembre, la petite ville calme et sans histoire de Culoz, dans l’Ain, s’apprête à être bousculée en accueillant la première édition du New Blood Fest, organisée par l’association Metal In Veins.

Au menu de cette petite sauterie qui débute à 11 heures : Critical Pint, Red Gordon, Nature Morte, Shaytan, Hellixxir, Demande A La Poussière, Catalyst, Akiavel, Mortuary et Mercyless. Je t’avoue qu’à la vue de ce plateau, j’en ai eu la queue qui s’est mise à frétiller à m’en faire des bleus sur les cuisses.

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Autour de cette affiche alléchante gravitait un monde parallèle tout aussi fabuleux. Citons en premier lieu tous les bénévoles sans qui cette date n’aurait pas pu avoir lieu, toutes ces mains qui se sont agitées pour tout mettre en place, pour nous accueillir chaleureusement, pour faire à manger, servir à boire et d’une gentillesse et d’un dévouement hors norme. Citons aussi les commerçants qui ont bravé ce froid polaire, le service d’ordre pour une fois souriant, le tatoueur Laurel Hardy qui a eu mon avant-bras entre ses mains et ses aiguilles, La Headbanger Box, la Fanfare Karlek qui nous a fait tout au long de la journée des reprises de metal version cuivre. Ne pas oublier, ô surtout pas, le parrain de cette soirée, un grand bonhomme dans l’âme et le cœur, Monsieur Arno Strobl, journaliste à Rock Hard et hurleur chez Freitot ou encore Carnival In Coal.

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Onze heures, les premières notes retentissent et c’est Critical Pint qui ouvre les hostilités. Putain quelle lourde tâche, d’autant plus que les lève-tôt ne sont pas nombreux. Il en faut plus pour déstabiliser les aixois de Critical Pint : monde ou pas, le show sera le même. Leur énergie est telle qu’elle remuera diablement les personnes présentes et nos savoyards se feront une fois de plus remarqué par leur jeu et leur présence scénique. Leur Loud Rock aux mille parfums de boissons houblonnées électrisera ni plus ni moins la salle du Phatéon. Les suivant depuis déjà un petit moment, je pense qu’il est temps pour nos savoyards de viser autre chose que des ouvertures. La régularité, la précision et le jeu sont tels qu’il faut maintenant penser à viser les TA. A bon entendeur…

Entre deux plateau, je dois t’avouer que je n’ai pas mis le nez dehors, ni fait le tour du proprio. Etant sur place depuis la veille au soir, accueilli comme un roi par John, le grand manitou de la journée, j’ai assisté à quelques balances, au repas avec les artistes présents et le lait fraise ne coulait pas à flot. La nuit fut brève, trois heures de sommeil tout au plus, ce qui fait qu’entre chaque groupe je m’éclipsais dans les cuisine pour m’effondrer comme une grosse merde à même le sol pour tenter dix minutes de roupillon. Je peux donc t’affirmer qu’en coulisse, j’ai vu des bénévoles hors du communs, limite super-héros.

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Red Gordon… Alors là… Red GordonQuand tu manges la veille au soir à leurs côtés, tu leur donnerais le bon dieu pour confession. Doux, aimables et d’une gentillesse incroyable, je ne les ai pas reconnus sur scène. Ce sont les petits gars de la veille là en face de moi ? Bordel ! Ce sera l’une des belles découvertes de la journée. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça dépote grave entre hardcore bien vénère, groove étouffant, death bien charogneux avec quelques touches de…néo post apocalyptic metal (cherche pas, je viens de l’inventer). Tao ne tient pas en place, véritable show man capable d’attirer l’attention sans jamais vouloir la relâcher. Leur univers musical est appuyé par un autre, visuel celui-ci, et l’ensemble est juste sublime. Bravo les Red Gordon, vous avez toute mon attention pour le futur.

Après avoir acheté des tympans au merch, avalé un diot et fait un petit dodo dans un coin, je rejoins la scène au petit trot, Nature Morte a déjà commencé.
Nature Morte, comme nos rédeux juste avant, c’est un univers visuel à part entière. Le décor est vite planté avec quelques lampes faisant office de flammes dans une obscurité totale, laissant deviner la silhouette des musiciens. S’en suivront des effets lumineux à grand renfort de lasers, de contre-jour ou… de rien du tout. Ce visuel colle à la perfection au post black dépressif joué par nos franciliens. L’immersion est totale, l’atmosphère est lourde, malsaine, lugubre et en même temps si hypnotique…

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Shaytan prendra la relève. Que de changements depuis cette date où je les ai vu pour la première fois au Brin de Zinc aux côtés de Burning Flesh et de Recueil Morbide en 2018. Niveau scénique, nos désosseurs ont plus d’assurance, occupent tout l’espace et ne jouent plus pour mais avec un public qui, de titre en titre, leur devient acquis. Nos destructeurs haut savoyards défendaient leur album Ars Moriendi sorti le jour même pour ce festival. Leur thrash / death est toujours aussi incisif, brutal et puissant, ne te laissant aucun répit si tu comptais reprendre un peu ton souffle durant cette soirée. Emilie, ex-L’épouvantail, rejoint nos bouchers sur scène pour nous offrir un duo de toute beauté. Il faut dire que sa douce voix gutturale sortie des enfers a calmé le public qui, subitement, s’est arrêté, comme si tu appuyais sur un bouton pause, pour se demander ce qu’il se passait. La magie a opéré, les voix se sont complétées, le job est fait. Emilie, on a hâte que tu retrouves une formation (à bon entendeur…)

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Après une courte sieste entre un carton, des bouteilles et un matelas (tiens, un matelas !) il est temps pour moi de retrouver la fosse pour enfin voir Hellixxir sur scène. Je les vois enfin défendre The Black Fortress que j’avais pris un malin plaisir à chroniquer. Les grenoblois nous baladent entre un thrash incisif adouci par une rythmique pesante et des solos puants le heavy et un death old school rugueux rehaussé d’une pointe de black. Hellixxir jongle avec les registres et maitrise le sujet. Le set est sous contrôle, la prestation est de haute volée.

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C’est au trot que je rejoins la fosse, Demande A La Poussière a débuté son set. Ben bordel… Faut dire que j’aime ça, la noirceur, la mélancolie, la détresse dans le metal et là, j’ai été servi. Ca titille le doom et ça te déboite la tête dans la seconde suivante avec des blasts immangeables. J’ai tellement été aspiré par le set que devine un peu ? J’en ai oublié de photographier, la bouche ouverte, les yeux ne perdant pas une miette d’un show aussi sombre que la musique. L’angoisse est accentuée par la voix plaintive de Chris qui arrive cependant à te montrer une lueur au bout du tunnel. Il m’avait prévenu John : « Ecoute les DALP, tu ne peux qu’aimer ». Je ne l’ai pas écouté, je découvre les DALP ce soir, mea culpa mon John. Belle baffe, une de plus et celle-ci m’a laissé une trace sur la poire.

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C’est à Catalyst de se présenter devant nous. La salle est bien remplie, le public est chaud. C’est la troisième fois que je les vois live et le plaisir reste intact. Comment peut-il en être autrement, d’ailleurs. Quel régal chaque fois de voir les doigts courir sur les manches. Les virtuoses des cordes nous envoient des lignes techniques de hautes volées sur des rythmiques assassines et les frappes fortes et précises de Stéphane vont te trépaner. Les solos sont de véritables démonstrations mais sans aucune surenchère, sans écœurement et c’est là qu’ils sont forts les Catalyst, arriver à te captiver dans un registre qu’on pensait épuisé.

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Force est de constater une fois de plus ce soir qu’il n’en est rien, les lorrains donnent un nouveau souffle au death technique et je fais le pari que l’album à venir va en assoir plus d’un. Ah oui, j’attends d’ici peu le prix Pulitzer dans la catégorie photo pour un cliché de Stéphane… sérieux.

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Akiavel. Akiavel ! J’attendais ce moment depuis… juin 2018 pour être précis, jour où j’approche Chris par MP pour qu’il me présente son nouveau projet. S’en suivra une interview et un titre (avec une batterie programmée) en exclu un mois plus tard. J’ai toujours cru à ce projet, ma foi n’a jamais faiblie et enfin, ce soir, je les vois sur scène. La prestation est à la hauteur de mes attentes et plus encore. Akiavel c’est de la brutalité sur un groove suffocant, une main de fer dans un gant en titane. Aux parties bien vénères d’un death / thrash sans concession, succèdent des breaks étouffants sur lesquelles Auré vole la vedette aux musiciens en vivant ses textes en véritable actrice, nous filant au passage la chair de poule devant les divers masques qu’elle prend . Le set est puissant, écrasant, monstrueux… Rien n’est laissé au hasard pour cette jeune formation qui peut désormais jouer avec les grands.

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Mortuary enchaine et c’est la guerre. La fosse à photographe a été réduite sur le set précédent pour rapprocher les artistes et le public, et il aura fallu l’aide du service d’ordre pour seconder quelques bénévoles pour tenter de maintenir les barrières au sol. Putain que ça pousse ! Ca pogotte, ça slam et on a même droit à un circle pit endiablé. Les Mortu envoient du riff en lame de rasoir : ça tranche, ça cisaille, ça avoine sévère. Tu cherches un peu de répit dans cette avalanche de brutalité ? Alors sort prendre l’air car sur la scène du Phatéon il n’y aura pas de trêve, Mortuary ne te laissera pas souffler, ils n’en ont pas l’habitude. Le Set se termine, le public est en nage et en rage, prêt pour continuer à se battre.

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La baston va continuer, c’est une certitude, car les boss entrent en scène. Les vétérans Mercyless vont une fois de plus me mettre KO. Fan depuis 1992 avec l’album Abject Offerings, je me liquéfie sur «Substance of Purity ».

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Bon, j’en mène pas large sur la set list entière en fait, car pour moi les titres joués ce soir font office de best off. La bande à Max nous avoine de leur thrash / death old school et  nous envoie directement en enfer. Il fait chaud sur scène et dans la fosse. Le set est parfait, carré, mené à la perfection. Mais comment pouvait-il en être autrement ? La technique du jeu, entre solos hauts en couleur, leads incisifs, et une batterie qui cogne pour faire mal, nous montre ici qu’il y a des années de metal derrière. Les patrons quoi…

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La soirée s’achève pour le commun des mortels, je continuerai encore un long moment avec l’équipe de MIV et les artistes, à manger un bout de gâteau amené sur scène sur le set de Mortuary pour fêter les anniversaires de Max Otero et d’Arno Strobl.

Un grand merci à John qui m’a reçu comme un roi ainsi qu’à Nicolas et son équipe. Une belle première réussie avec une affiche cohérente offrant de belles découvertes.

Je m’excuse auprès des artistes, des bénévoles et auprès de John pour la remise tardive de ces mots. Au moment où j’entamais l’écriture de l’introduction, je perdais plus qu’un beau-frère… un frère. Amateur de scène underground, c’est lui qui m’a redonné l’envie de retourner dans des petites salles. C’est pour lui que j’ai écrit mon premier live report. N’ayant pu assister au plateau Dishonor / Bloodstorm / Deathawaits le 1er décembre 2017 car il se faisait enlever sa tumeur qui le tuera cinq ans plus tard, je lui avais décrit la soirée. Je lui dédie ces quelques mots d’un festival qu’il aurait aimé. Désolé pour ce retard mais l’envie ni était plus, seules les idées noires étaient capable de remplir mes pages blanches. Il est des cicatrices qui sont longues à se refermer, celle-ci est encore ouverte…

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