Comme à son habitude, MyReferenceEvents nous ont concocté une soirée aux petits oignons dont ils ont le secret en cette fin Novembre. Déjà le dessert : Enslaved, c’est sûr, ça va être énorme, et on s’en lèche déjà goulument les babines. Mélange de sucré-salé, nous gouterons avant à deux autres formations norvégiennes à savoir Audrey Horne et Krakow, pour une affiche à priori éclectique. Je dois bien l’avouer, je ne connaissais pas grand chose de ces deux formations (juste quelques titres de AH) et c’est dans cette optique de découverte que je m’engouffre dans le Marché Gare dès mon arrivée. C’est qu’il ne fait pas très chaud dehors, alors qu’Enslaved se prépare, l’hiver n’est pas en reste.

La surprise, mais on devrait y être habitué à force, c’est de voir Thanator se préparer à notre entrée dans la salle. Thanator sont des locaux, et une fois de plus cela fait plaisir de voir nos assoc’ donner leur chance à des groupes qui s’abandonnent à leur passion depuis des années déjà. Juste récompense … et méritée. (Presque) Nullement impressionné, Thanator nous balance sont death-thrash old-school pour un set court mais bien plaisant. Quelques potes sont venus les encourager et le concert se passe dans un contexte assez agréable et bon enfant. Je ne connaissais pas mais la découverte fut très sympa, ma foi.

Débarque alors le premier groupe ‘officiel’ de l’affiche : Krakow. Au bout de cinq minutes, je peux vous dire que je n’étais pas loin de me demander ce que je faisais là. Le groupe nous a délivré une prestation molle et chiante. Et j’ai bien utilisé le passé composé dans la phrase d’avant, car ce ressentiment n’a pas duré très longtemps. Je ne sais pas ce qu’il y a eu, un déclic ou juste un peu de temps pour poser ses ambiances, mais au fur et à mesure du set, la prestation monte en intensité, pour une musique il faut le dire, très influencée par Enslaved. Metal vaporeux, riffs lancinants, atmosphères enfumées, nous sommes dans un terrain connu, même si des éléments comme l’alternance de chant moins conventionnel au style, permet au groupe de se borner lui même à son propre style. Je m’y repencherais, assurément !

Krakow s’éclipse, Audrey Horne prend place. Non prévu initialement, le groupe se retrouve invité sur la tournée au dernier moment, en remplacement de Stonegard, ayant annulé sa participation peu avant le début des hostilités. Pas de problème, les norvégiens, dont l’un des guitaristes, Ice Dale, joue aussi dans Enslaved, sont prêts à en découdre. Le changement de style est radical, car contrairement à ce que son patronyme pourrait laisser envisager, point de gothique, Audrey Horne officie dans le gros heavy-hard à la scandinave. Et c’est pas mal du tout. Les projos sont évidemment braqués sur Ice Dale et sur un Toschie survolté, tenant le crachoir et complètement dans son trip (qui pourra laisser certains spectateurs sceptiques). Néanmoins d’une manière générale, la réaction lyonnaise fut bonne après un certain temps d’adaptation. Qui a dit que le public black n’était pas rock’n roll !

Et puis voilà. Enslaved. Troisième fois en un an et demi pour ma part, mais l’occasion de découvrir ce que donne l’excellentissime Vertebrae sur scène (qui sera représenté par pas moins de six morceaux) était trop tentante pour ne pas la saisir. D’emblée Enslaved tiennent à faire savoir que ce sont eux qui commandent et que les titres récents, même si définitivement plus progressifs, cartonnent résolument en live. On découvre un groupe plus loquace qu’à l’accoutumée même si le topo scénique reste le même : Cato Bekkevold (batterie) et Ivar Bjørnson (guitare) immobiles et Grutle Kjellson (chant-basse) et Ice Dale (mode torse nu) échangeant leur place. Le gros changement concerne Herbrand Larsen, le claviériste, qui même si toujours situé en fond de scène est beaucoup plus présent pour la simple raison que Vertebrae (et Ruun son prédécesseur) lui laissent une belle place, vocalement parlant. Les vieux titres ‘As Fire Swept Clean The Earth’, ‘Eld’, ‘Jotunblod’, ‘Allfadr Odin‘ ne seront au final pas légion mais seront acclamés comme ils se doivent par les spectateurs les plus chevelus. La profusion de concerts ces derniers temps, fait que la salle ne sera pas pleine et au niveau de l’ambiance cela se ressent quelque peu. Là où une année auparavant les pogos s’enchainaient au bout du second morceau, le groupe quitte la scène un peu déçu par l’attitude très studieuse du public, et reviendra pour un unique (mais jouissif) ‘Isa‘ en rappel. Avec ses riffs dissonants en pagaille et son black-metal progressif de grande classe, Enslaved s’impose une fois de plus en maître du Marché Gare.

Par contre, à l’extérieur, le maître, c’est le froid.
Et on ne s’attarde pas, s’agirait pas de se la jouer Valfar non plus.