Eyehategod – A History of Nomadic Behavior

Le 12 mars 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Mike IX Williams : chant
  • Jimmy Bower : guitare
  • Gary Mader : basse
  • Aaron Hill : batterie

Style:

Doom / Sludge Metal / Hardcore

Date de sortie:

12 mars 2021

Label:

Century Media Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10

“Une bonne conscience est l’œil de Dieu.” Proverbe russe

Depuis peu, je vois fourmiller différents hommages concernant un grand monsieur du death metal, qui est parti trop tôt et quelque peu coupé dans son élan artistique qui durait depuis de nombreuses années. Lars-Göran Petrov nous a donc quitté à 49 ans des suites d’un cancer des voies biliaires. Outre le fait que ce décès me rappelle celui d’une amie très chère qui est partie encore plus tôt, la trentaine à peine franchie, d’un cancer exactement identique, c’est surtout que ce décès me renvoie en plein visage que je suis rarement touché par un décès dans le milieu. Je ne sais pas pourquoi… Disons que n’étant pas un grand fanatique des musiciens, tout en ayant bien entendu le respect qui leur incombe naturellement, je n’arrive jamais à éprouver autant de sentiments que mes camarades de chroniques, ou même le public en général. Je sais que mon Antirouille préféré (et le seul 100% efficace) a été extrêmement touché par ce décès, et je ne peux que l’accompagner dans son deuil avec toute mon amitié dévouée. Mais c’est un fait. Je ne suis pas souvent touché par le décès d’un membre éminent de notre communauté, nos Aragorn à nous, qui portent fièrement tout un genre musical avec en plus de cela une modestie à toute épreuve qui les rend attachant. Et vous savez quoi? Quand je vois toute l’émotion procurée par cette fin pour Lars-Göran Petrov, je me dis que je suis vraiment nul comme gars. Voilà, ce soir est donc l’occasion pour moi de faire un mea culpa avant de passer à cette nouvelle chronique. Le seul rapport avec mon monologue pas si intérieur, est que le groupe que je m’apprête à chroniquer est à peu près de la même génération qu’Entombed et donc Entombed A.D. Et que d’un certain côté, les grands seront les prochains dans quelques années… Il s’agit de fait du groupe Eyehategod, et de son prochain album appelé A History of Nomadic Behavior.

Eyehategod porte un nom fort compliqué à prononcer, à l’anglaise tout du moins parce qu’avec un vieil accent mi-ardéchois, mi-français, cela reste jouable. Toujours est-il qu’Eyehategod est un groupe de la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis, et qu’il existe donc depuis 1988. Outre la réminiscence des groupes ayant plus de bouteilles dans les futures sorties de 2021, c’est surtout l’occasion de découvrir des discographies étonnantes. Et celle des américains l’est tout autant. En cumulant les trente-trois années d’existence du groupe, on en est à seulement six albums de sortis en comptant ce dernier né. Par contre, j’ai quelque peu abandonné le comptage des splits et singles parce que là, ils sont légion. Je note d’ailleurs qu’il aura fallu attendre un laps de temps entre 2000 et 2014 pour qu’il y ait un album de paru! On se demande si c’est une volonté intrinsèque du groupe de prendre son temps comme ça, ou si c’est juste un concentré de problèmes plus profonds. Bref! En tout cas, le groupe revient aux affaires sept ans après l’album de 2014 donc, avec ce A History of Nomadic Behavior qui sort chez Century Media Records, svp! Voyons si toutes ces années en valaient la peine. A noter que le créateur de ce groupe n’est autre que Jimmy Bower, guitariste de Down, un nom du metal plutôt connu.

La pochette est bien représentative d’une aversion pour les représentations divines. Je ne reconnais pas la figure féminine principale mais je devine, au vu de l’ancienneté de l’iconographie et de la posture des mains qu’il s’agit d’une représentation religieuse. Cette déstructuration très patchwork avec des trainées de sang, un ciel étoilé, donne l’impression d’une image ou photographie déchirée, un symbole de brutalité comme l’on rejetterait cette religion que l’on nous avait rabâché. Ce qui me saute aux yeux, c’est ce style de design plutôt inhabituel pour le style de musique qui est proposé. On serait plutôt, si l’on suivait des clichés très précis, sur du black metal ou un truc bien occulte avec cette touche de modernité. Mais en fait, pas du tout! Presque sur un style très new age et d’avoir cet artwork un peu vintage, avec des contours de cadre en bas, cette fameuse image d’une femme et ces fleurs blanches, cela me rappelle beaucoup de style de musique potentiels mais pas celui-ci. Je suis donc un peu pris de court, mais au plus je regarde cette image, au plus je la trouve intrigante et je l’aime. Au début, je n’étais pas tellement emballé, je dois l’avouer. A présent, j’aime bien! Je ne sais pas si cet artwork renferme quelque chose de plus profond qu’une simple provocation numérique. D’ailleurs, le titre de l’album est plus qu’énigmatique : A History of Nomadic Behavior. J’ai lu dans le dossier presse que le groupe faisait une sorte de récapitulatif d’expériences vécues pendant les tournées, donc le titre s’explique très bien. Mais le rapport avec l’image je ne sais pas. Bon, on ne va pas chipoter! L’artwork est très bien fait, c’est ce qui compte.

C’est vrai qu’au début, la musique m’a laissé un gout mitigée. Mais il y a deux explications rationnelles à cela : le style de musique, assez égarant ; et les années d’existence qui ont laissé une trace indélébile dans la musique de Eyehategod. Pour le style, on est sur un curieux mélange, selon moi, de sludge metal avec quelques accents doom, et du hardcore. Autant vous dire qu’on est sur quelque chose d’assez fou! Imaginez une musique assez lente, typique du genre doom metal, avec ce son caractéristique du sludge avec une guitare unique mais remplie de distorsions exagérées et d’effets épaississant, et vous ajoutez à cela un chant très hardcore, limite des tout débuts. Et vous avez une sorte d’extraterrestre musicale qui s’appelle Eyehategod! Autant vous dire que le style n’est pas aisé à aborder de base. Mais il faut rajouter à cela le côté très vieux groupe qui s’en ressent sur la production et sur son effet sur notre ressenti global. Je m’égare un peu dans le descriptif, mais parce que je comprendrai très vite pendant la première écoute que ce genre de musique n’a pas pris une ride, et qu’à côté les groupes qui fourmillent depuis plus récemment ont largement apporté leur lot d’amélioration et de progrès. C’est donc une musique old school +++ comme disent les soignants. Après, j’ai été sur un versant assez équilibré. C’est à dire que j’ai trouvé la musique plaisante mais sans plus. Je n’ai pas été hyper emballé quoi. Trop de mélange de genres pour moi, et ce chant si spécial que j’ai énormément de mal à appréhender, font que j’ai aimé sans tomber d’extase.

La production est très particulière dans le sens où elle transpire l’ancien son. Ce qui, du coup, a pour résultat de ne pas pleinement me satisfaire. On dirait qu’Eyehategod est resté bloqué dans les couloirs du temps, se contentant de répéter l’écholalie de leur musique à travers ces couloirs. J’aurais aimé un son plus moderne pour le « retour » aux affaires du groupe, un truc plus propre. Là, manifestement, la musique qui se veut probablement volontairement old school, l’est un peu trop pour mes oreilles. Du coup, ce n’est pas le sludge que j’ai l’habitude d’entendre, et c’est là mon moindre défaut : je n’attaque quasiment jamais avec les pionniers, ou les groupes plus anciens… Après, je suis convaincu que les fanatiques du genre s’y plairont quand-même! Tout le paradoxe vient du fait qu’un son sludge metal assez ancien, à l’ Acid Bath par exemple (un groupe que j’adore), c’est un son que j’aime beaucoup d’ordinaire! Mais comme ce dernier est présentement associé à ce genre hardcore dont je ne raffole pas des masses, du coup j’accroche moins que d’habitude. Il aurait fallu, donc, associer un peu plus la logique hardcore avec un son plus propre. Mais bon, encore une fois cela reste mon avis, rien d’exhaustif du tout.

Même constat pour les compositions en général. Malgré quelques écoutes supplémentaires et une vraie patience, abnégation et témérité, les douze morceaux d’une longueur pourtant très raisonnable pour une musique doomesque, ne me feront pas un très grand effet. La faute à ce côté old school qui finit de m’épuiser quand les compositions qui manquent assez fortement d’originalité n’auront pas le mérite de m’éveiller à la musique. Je trou e que cet album souffre d’un vrai manque de fraîcheur et utilise un vieux bois autrefois bien trop ratiboisé, et qui manque de solidité et d’assurance pour moi. Difficile donc de trouver un attrait suffisamment accrocheur à ce A History of Nomadic Behavior. Pourtant j’aurais aimé qu’il me conte des voyages, des anecdotes. Mais il ne contera que l’ennui et l’amertume. Les compositions manquent cruellement de nouveauté pour me plaire. Ce qui n’enlève cependant pas que le groupe avait eu son heure de gloire dans ces années lointaines et les nostalgiques du genre seront enchantés!

Mais il y a un « mais » primordial dans cette chronique, c’est le talent des musiciens. Et c’est là que je mets en route mon sens de l’objectivité qui a démarré au diesel pour cette chronique. J’apprécie non pas les compositions comme j’expliquais, dans leur ensemble, mais mises morceaux par morceaux, ces dernières jouissent tout de même du talent des musiciens. Disons pour faire court, que ces derniers sont très bons ! J’aime bien quelques petits passages isolés, dans cette marée informe musicale, et que ces petits éclats font du bien. Il y a donc bien des éléments qui donnent envie de se trémousser langoureusement, en douceur, à la doom metal quoi. Sans parler notamment du batteur et du bassiste que je trouve vraiment très bon dans leurs techniques respectives. Il y aura au moins un motif de satisfaction digne de ce nom, je l’ai trouvé ! Youpi !

Et ce que vraiment je n’aime pas dans cet album d’Eyehategod, c’est le chant. Le hardcore ne souffle pas sur des braises sans essayer de mettre un feu de joie immense derrière, et emploie de fait tous les moyens possibles en temps normal. Ici, on devine bien que le chant n’a plus aucune espèce d’importance, il est bâclé comme ce n’est pas permis. Je ne sais pas si c’est l’amertume ambiante qui me fait dire cela, mais le chant ne me laisse aucun bon ressenti ce soir. Je le trouve assez pauvre techniquement, mais en même temps comme je disais en essayant d’être un peu poète, dans le hardcore le chant n’est pas là pour être soft, mais pour être rentre-dedans, ce qui ne laisse que peu de place à une technicité certaine. Toutefois, rentre-dedans veut dire bourrin et j’ai surtout l’impression qu’ici, le chant est tout sauf violent. Ce qui, pour du hardcore, est un comble presque parfait… Pour achever encore un peu le peloton d’exécution, vanter un concept-album c’est bien. Proposer en quoi il est vantable avec les textes, c’est encore mieux…

Bref. Me voilà en train de boucler ma dernière chronique pour le 12 mars sur un sentiment de déception certain. Ma note est objective, dans son sens le plus poussé qui soit. C’est à dire que je ne tiens pas du tout compte de mes ressentis mais j’essaye surtout de me dire qu’Eyehategod a certainement un public dédié à sa cause et qu’il sera plus que ravi de constater que nos américains conservent un gout certain pour ce qui avait dû faire leur force il y a de très nombreuses années. Or, remis à l’année 2021 et à fortiori au vingt-et-unième siècle, ce genre de musique passe mal dans le sens où la modernité permet de produire un album très bon et moderne tout en gardant un côté old school fort plaisant, ma foi. De même que ce mélange sludge doom avec du chant hardcore passerait si la cohérence était de mise entre ces styles un peu antithétiques déjà de base. Malheureusement, et c’est mon avis personnel, je crois que tous ces points ne sont pas effectifs pour ce A History of Nomadic Behavior. Il va falloir un peu remettre de l’ordre dans la matrice pour que la musique d’Eyehategod me siée. Mais mon Jiminy Cricket me dit d’y croire, alors… J’y crois, comme les fées qui font de l’effet. (N’applaudissez pas, je serais gêné que cette blague débile soit rigolote)

Tracklist :

1. Built Beneath the Lies 03:33
2. The Outer Banks 02:31
3. Fake What’s Yours 03:38
4. Three Black Eyes 02:27
5. Current Situation 04:41
6. High Risk Trigger 04:17
7. Anemic Robotic 02:44
8. The Day Felt Wrong 03:57
9. The Trial of Johnny Cancer 04:25
10. Smoker’s Piece 01:11
11. Circle of Nerves 03:47
12. Every Thing, Every Day 04:42

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