Sonorfest : Chaville [26.03.2011]

Le 17 mai 2011 posté par Son

Samedi 26 mars à Chaville dans les Hauts de Seine se déroulait la 4eme édition du Sonorfest, festival de musiques underground avec une douzaine de concert au programme. Le Sonorfest est organisé par Sonorasso, association yvelinoise qui fait la promotion depuis quelques années de groupes locaux s’inscrivant dans une culture musicale solidaire et alternative. La dernière édition avait soulevé des questionnements quant à la place de ce festival, au vu d’un public motivé mais peu nombreux, malgré un travail de communication exemplaire. Cette année donc, les bénévoles de Sonorasso avaient mis les bouchées doubles afin d’attirer un maximum de monde sur une affiche éclectique et attirante.

Le concept du festival est simple : de 14h à 1h du matin, une douzaine de groupe investit la salle La Salamandre en alternance sur deux scènes, une petite et une grande. Chaque année, l’association prévoit en fin de festival une à deux têtes d’affiche, et pour succéder à Pitbull in the Nursery l’année passée, nous avions droit pour cette 4eme édition au groupe toulousain de metalcore Manimal et aux pionniers du punkabilly, les Washington Dead Cats, groupe majeur de la scène alternative dans les années 80.

Alors l’année dernière, les hypothèses sur l’affluence moyenne étaient principalement tournées vers une météo des plus difficiles, la neige et le verglas pouvant décourager plus d’un à sortir. Une interview avec le fondateur de Sonorasso, Benoît, avait toutefois mis en avant les difficultés aujourd’hui à mobiliser un public qui devient de plus en plus exigent, voulant tout à proximité, et si possible le meilleur, à moindre frais. Emission de radio, concours, flying sur les lieux de sorties yvelinois, concerts de promotion à Paris, affichage massif, partenariats, changement de date pour éviter les intempéries, prix de l’entrée minimaliste (10 euros pour 10h de musique non-stop)…quelle ne fut pas la déception de constater que malgré tous ses efforts, le public n’étaient pas au rendez-vous, et presque de moitié moins que l’année dernière.

Et pourtant, pourtant, rares sont ces initiatives dans le département cherchant à mettre la lumière sur les talents underground locaux dans un esprit de partage et de convivialité. Mettre plus de tête d’affiche, pour attirer plus de monde ? Ce n’est pas l’idée de Sonorasso, qui mise avant tout sur la qualité et la créativité musicale.

J’étais donc présente sur ce festival qui nous a comme d’habitude réservé de moments forts, fait partager des passions et permis de découvrir une scène underground plus qu’active. Retour donc sur une journée riche en rencontre en vous présentant les différents acteurs du festival.

SLEUH

Dur dur, de démarrer un festival à 14h. Et pourtant ce groupe de core venu de Rambouillet a envoyé le paquet sur la petite scène, montrant un plaisir de jouer qui était largement partagé par le public.5, 10,15, ce sont finalement 25 personnes qui ont assisté à l’ouverture du Sonorfest, attiré par un son core animé de breaks bien placés et d’une puissance à décaper un poisson rouge. Les gars de Sleuh ont joué le jeu à fond pendant 30 minutes, aidés par les Tads Girls Squad, nos pom pom girls punky déjà présente l’année dernière. J’aurai le grand plaisir de les interviewer après leur set.

ATLANTIS CHRONICLES

Interviewant le groupe Sleuh et devant me préparer pour passer avec mon groupe I.C, j’ai manqué leur prestation sur la grande scène. Atlantis Chronicles est un groupe de death métal « ample et coloré » comme ils aiment à le dire, basé autour d’un concept marin. La Salamandre étant petite, j’ai pu entendre leur musique au loin pendant mon interview, et cela avait l’air de dépoter sévère. Anciennement nommé Abyss, ce groupe commençant à bien être identifié sur la région parisienne prépare actuellement son 1er album.

I.C

Retour sur la petite scène avec I.C, dans lequel je suis bassiste, c’est pour cela que je resterai dans la description le plus possible ! I.C est un quatuor qui livre un rock alternatif sombre et atmosphérique en laissant libre court à ses émotions et ressentis. Officiant depuis 2006 en région parisienne, le groupe, qui fait parti du collectif Sonorasso, a sorti deux EP dont le dernier, Dark Clouds Invasion, est disponible à prix libre lors des concerts ou auprès des musiciens. Une 20aine de personnes ont assisté à leur prestation avec un accueil très chaleureux.

ECHO DOPPLER

Je range rapidement mes petites affaires et ma babasse adorée pour ne pas rater le début de la prestation d’Echo Doppler, un groupe d’électro dub qui a remplacé au pied levé le groupe Carne qui vient de se séparer. Je n’assisterai pas à l’intégralité du show, mais mon idée est que nous avons affaire à un tout jeune groupe très mature maniant le dub instrumental avec beaucoup de finesse. Eux qui ont joué récemment avec Kaly live Dub ont encore une bonne marge de progression créativement parlant, mais une chose est sure, ils représentent dignement le style en maîtrisant parfaitement les bases. A voir où l’écho les mènera…

APES DID ENSEMBLE

Après le frangin dub, le frangin post rock ! Comme quoi la musique est souvent une affaire de famille, nous retrouvons sur la petite scène le groupe du chanteur Vincent, succédant à son frère présent dans Echo Doppler. Apes Did Ensemble, c’est une pop rock très festive et très énergique, agréable à voir sur scène tant la complicité entre les zicos transpire ! Une musique facile d’accès sans être trop basique, on sent que les gars ont l’expérience de la scène. Et pour preuve que même la pop peut être alternative, leur premier EP est sorti en format vynil. Une quinzaine de personnes chanceuses a pu partager avec eux un plaisir simple et pétillant.

TRANSMEDIA

On reste dans le mélodique et l’atmosphérique pour partir dans un voyage initiatique avec Transmedia. Transmedia, c’est un énorme trip basé sur des performances vocales et instrumentales dans une ambiance tribale et tout ça grâce seulement à un ordinateur, une guitare, une batterie, un synthé et quatre visions ouvertes et non formatées. Alors forcement, on a l’impression que l’accès est plus difficile, preuve en est avec une fosse très dispersée…pourtant une demi-heure est largement suffisante pour entrer dans leur monde, et cela fait un bien fou après plusieurs heures de riffs saturés et cordes vocales explosées. Même les Tad Girls Squad se feront attraper par ce train magique en nous offrant un show minimaliste plus qu’adapté. Et si l’encens n’était pas de la partie, les esprits musicaux étaient eux bien présents.

KOLOSCOPIA

On change de style radicalement avec Koloscopia qui officie dans un grindcore basique mais efficace. De toute façon, l’intérêt du grind réside principalement dans l’aspect scénique pendant et entre les morceaux. Koloscopia est encore un jeune groupe mais on sent qu’ils sont en constante progression, tant vis à vis de leur aisance sur scène que dans les rapports avec le public, amusé et visiblement suffisamment attiré pour tenir 30 minutes. Avec des morceaux comme L’akord de Ré, Prends pas ton cul pour un allume cigare, Wagadagaou ou encore KC la kroute, tous les ingrédients sont réunis pour une prestation familiale et bon enfant. Une ITW sympathique a été réalisée.

LE DEAD PROJET

Retour sur la grande scène avec Le Dead Projet, remplaçant le groupe Bois Noirs prévu au programme. Pas facile donc de faire une promo convenable, et seule une quinzaine de personne assistera à un show intéressant mettant en valeur toutes les influences et aspérités du groupe. Partant sur un métal core assez classique, l’oreille est vite attirée par les parties mélodiques qui sortent un peu du grand classique « mélange des styles ». On sent que le groupe cherche et expérimente, et cela semble de bonne augure pour la suite. Concert très enlevé et énergique et beaucoup de complicité dont vous aurez je l’espère l’occasion d’assister prochainement, le groupe entamant une tournée en France avec quelques passages outre Rhin pour la promotion de Keep on Living, leur album qui sort en avril. En attendant, nous les avons interviewés !

PLATANE

On reste dans un rythme extrême avec Platane, un groupe qui commence à faire un bon bout de chemin avec son hardcore sorti de dessous les fagots (oui, facile). Le public est encore là pour encourager une musique sombre et parfois mélancolique, avec un son très péchu qui raisonne raisonnablement bien dans la petite salle. Leur EP, Akènes, est disponible pour vous en convaincre. La devise de Platane ? Vous aimez boire ? Vous aimez conduire ? Vous aimerez Platane… le groupe doit partir rapidement après leur set pour enchaîner sur un 2eme concert, ce qui montre bien une avidité de jouer, une occasion de mettre le feu une seconde fois…

PET TRAP

Pour des raisons encore obscures, ce groupe d’électro rock rappelant fortement par moment la bonne époque d’Iggy et les Stooges a fait un check balance d’une heure…pour balancer la vraie sauce pendant 30 minutes. En fait on a eu droit à presque un set d’1h30… pas de chance pour Pet Trap, la salle est quasiment vide, et on se dit que vu l’heure, les gens doivent attendre l’arrivée de la 1ere tête d’affiche de la soirée, Manimal. Dommage, ils auront manqué un groupe vraiment sympa à regarder, proposant un true rock en base principale agrémenté de sonorités électro et parfois indus qui peaufine leur style visiblement bien définit.

MANIMAL

Le set de Pet Trap terminé, et apprenant que finalement le show des Tads Girls Squad prévu est annulé, on se dirige vers la grande salle, persuadé que l’affluence sera au rendez-vous, ayant en mémoire le concert de Pitbull l’année dernière où la salle avait été remplie en quelques instants. Et bien grande surprise, il n’y a vraiment personne… atout cassé, le show des toulousains attirera grand max 40 personnes. Bon cela rend le concert très intimiste, et pour les amateurs du groupe, c’est plutôt sympa. Je les avais vus sur scène il y a plus de 5 ans, c’est donc avec plaisir et attente que j’apprécie le set d’une heure de ce groupe qui n’a plus à montrer ses papiers d’identité. Un son brut et puissant que la salle a du mal à encaisser, un chanteur au top de sa forme, quelle prestation et quel professionnalisme ! Le live est très bien rodé et le groupe très communicatif est visiblement content de jouer pour nous. Quelques pogos en témoigneront. Anciens et nouveaux morceaux se bousculent, et finalement le concert passe très vite. Manimal est fidèle au rendez vous et offre son meilleur metalcore, comme toujours.

WASHINGTON DEAD CATS

Le dernier concert du festival…et pas des moindres ! Le must de la crème de la culture underground punk rockabilly française des années 80 ! Les chats reviennent actuellement sur le devant de la scène, c’est donc un grand honneur pour Sonorasso de les recevoir à La Salamandre. Et si le public continue de déserter la salle en cette fin de soirée, les personnes restantes en auront pour leur argent, leur patience et leur fidélité ! Parce qu’un show des Washington Dead Cats, ça se vit à 100%, de l’intérieur, et ça regonfle toutes les petites âmes en peine et esseulées ! En effet le combo nous a offert un concert épuisant et très prégnant, en collaboration totale avec le public, pour des morceaux endiablés et une mise en scène drôle et énergique qui a conquis une grande partie de l’assemblée. « Minouville » (Chaville version WDC) a su répondre aux assauts griffus et ronronnant des garçons, et a montré une fois de plus qu’on peut faire confiance au public de banlieue pour mettre l’ambiance. Les Wash. ont visiblement pris plaisir à jouer et se sont amusés de cette configuration qui si d’un premier coup d’œil aurait paru bien déprimante, a dévoilé finalement une synergie très sympa entre le groupe et les minouvilliens.

Le festival se termine donc sur cette note d’extrême bonne humeur, il est temps maintenant pour tous les bénévoles de la salle et de Sonorasso de ranger et de nettoyer les dernières traces de sueur, pour un résultat en demi-teinte côté billetterie, mais un résultat plus que satisfaisant du côté de l’esprit solidaire, de la motivation des groupes et de l’engouement du public présent. On espère vraiment que ce Sonorfest arrivera dans les prochaines années à percer, car il a le mérite de proposer sur une même journée une scène éclectique et hors des sentiers battus, et ce n’est pas si courant dans la région.

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