C’est devenu une habitude, le centre culturel œcuménique (CCO) de Villeurbanne, se trouve une fois de plus investi par une horde de metalleux en ce dernier dimanche de Novembre. Et aujourd’hui, ça ne plaisante pas : soirée brutal-death avec cinq groupes programmés dont Grave, Krisium et Nile. Une initiative à mettre au crédit de MyReferencEvents, qui décidément ne chôment pas en cette fin d’année, après la venue d’Amon Amarth et celle prévue de Pain Of Salvation (17 Décembre). Alors, spécialement pour ceux qui sont restés scotchés devant Michel Drucker, voici un petit résumé de l’ampleur des dégâts.

Comme l’annonce le drapeau en fond de scène, c’est Corpus Mortale, qui est en charge d’ouvrir les hostilités. Inconnu, au bataillon, il faut avouer que le death-metal plutôt basique des danois n’a pas grand chose pour séduire, et pour ne pas aider, les musiciens n’y mettent pas non plus du leur : quasi-immobiles et sans débordements d’énergie notoires. Les interventions growlées et incompréhensibles du chanteur entre les morceaux, n’y feront rien : c’est impassible, que le public assistera à la prestation, sortant de sa torpeur le temps à peine de deux/trois introductions plus techniques et mieux dosées.

En revanche, pour Ulcerate qui, vu le patronyme, laissait présager d’un gros death voir d’un grind 100% pur porc, la surprise est de mise. Inconnu également, le groupe aura d’une manière générale plutôt fait bonne impression. Ne nous y trompons pas, de death, il est bien évidemment question ici, mais la formation néo-zélandaise sait agrémenter sa musique rageuse de longue plages plus atmosphériques tantôt lancinantes, tantôt dissonantes. Un mélange déjà tenté dans l’extrême, mais dont les doomeux et les post-coreux sont plus coutumiers que les purs amateurs de death-metal. Personnellement, sans trouver de formations auxquelles rapprocher Ulcerate, hormis dans les genres précités (et encore), toujours est-il que le mélange passe plutôt bien et qu’il s’agit ici d’une bonne surprise. A redécouvrir sur album afin de voir si le combo persiste et signe en condition studio.

Pour le groupe suivant, là ou je m’attendais à voir débarquer des polonais … voici que se sont en réalité des suédois qui investissent les planches. La raison ? Votre serviteur ne sait tout simplement pas lire une affiche et à tout bonnement confondu Hate et Grave, ici présent : comme c’est ballot ! En tout cas Grave, ô surprise, font du death-metal, pas spécialement original mais au demeurant bien construit, déclenchant les premières réactions dans le public. Avec une vingtaine d’année de carrière au compteur, nous ne saurons trop critiquer ces précurseurs et vétérans du genre, malgré un show manquant un peu de hargne, presque pépère. Grave n’a plus rien à prouver et plutôt décontracté, enchainera donc les morceaux sans temps morts, achevant un set carré sur leur classique ‘Into The Grave‘.

Sans plus tarder, il est grand temps de s’attaquer à la première des deux têtes d’affiches, à savoir Krisium, les bouchers brésiliens. Et en tant que charcutiers-(mal)traiteurs, le trio sait envoyer le steack, quand il faut, là ou il faut. Et ou il faut, c’est dans notre gueule, pour sûr ! Après une prestation mémorable au Hellfest, Krisium étaient attendus de pied ferme par une bonne partie du public, et même si la prestation fut de qualité avec ce qu’il faut de technique et de brutalité, j’ai trouvé à titre personnel qu’il manquait un petit quelque chose, une pointe d’osmose entre les membres du groupe peut-être, chacun isolé dans son coin de scène. Visiblement content d’être là, le trio délivre néanmoins un set ultra efficace, partageant sa setlist entre ses différents albums et faisant montre d’une dextérité exemplaire sur leur instrument respectif, retombant toujours sur leurs pattes malgré, ça et là, quelques petits décalages à la batterie.

C’est maintenant au tour de Nile, ultime groupe de cette grosse soirée, d’investir les planches. Les américains qu’on ne devrait plus présenter, reviennent en très grande forme en cette fin d’année 2009 avec un « Those Whom The Gods Detest » cataclysmique, ou le death-metal brutal du combo se marie toujours aussi bien aux ambiances et instrumentations inspirées de l’Egypte antique. L’attente sera cette fois-ci plus longue que d’habitude, le temps de rebalancer tous les instruments, ce qui n’empêchera malheureusement pas le groupe de débuter son set avec le mixe le plus ignoble de la soirée. Rendez-vous compte, on se retrouve obligé de retirer ses protections auditives pour arriver à distinguer quelque chose. Pire, il faudra attendre les 3/4 du premier morceau, et ses chœurs arabisants pour s’apercevoir que le quatuor interprète ‘Kafir !‘ le titre d’ouverture de son dernier opus. Fort heureusement, ceci ne fut qu’une parenthèse, le mixe s’améliorant grandement dès ‘Sacrifice unto sebek‘, le morceau suivant, ouf !

Lourde, dense, brutale, la musique de Karl Sanders et ses sbires se veut sans concession et sur scène le rendu reste fidèle à l’exercice studio, Nile réussissant à transformer le CCO en un suffocant tombeau aux atmosphères nauséabondes. Un autre facette intéressante en live, concerne le partage du chant entre les trois frontmen, se retrouvant chacun leur tour à pousser leur gueulante : Dallas Toler Wade (guitare) au chant principal, Karl Sanders (guitare) au growl d’outre tombe et enfin Chris Lollis (basse et cheveux) principalement aux voix secondaires. Côté show, c’est fort logiquement que Nile articule intelligemment sa setlist sur l’ensemble de sa discographie, privilégiant ses sorties récentes (8 titres) mais ne délaissant pas pour autant ses trois premiers efforts (4 titres). En alternant ainsi les morceaux, on s’aperçoit à l’image d’un best-of, d’un évolution du style des américains, partant d’un death agressif aux gammes arabes pour se tourner vers quelque chose à la fois plus brutal et plus nuancé. En tout cas, le public répond présent, visiblement tout aussi heureux que le groupe de partager ce moment privilégié. Les titres s’enchainent sans véritable temps mort, Nile n’étant pas là pour faire dans la dentelle. Le show se terminera un peu brutalement, sans rappel, sur les deux énormes classiques que sont ‘Cast down the heretic‘ et ‘Black seeds of vengeance‘.

Une fin de prestation et de soirée quelque peu surprenante, alors qu’il est à peine 10h30 passée, mais étant donné l’énergie et l’effort de concentration nécessaire pour interprété sa musique qui demeure très technique, ainsi que les conditions de ce mini-festival itinérant, nous tenterons d’expliquer ainsi la prestation relativement courte de Nile … tout en avouant, il faut être franc, qu’après cinq sets du genre, le cerveau et les oreilles réclament eux aussi, leur petite pause bien méritée ! Néanmoins, on ne saura oublier non plus de féliciter les organisateurs, pour une organisation une fois de plus nickel, au quart de poil, pour une affiche qui ne pouvait décidément pas ne pas faire halte dans notre cité lyonnaise.

Bodom

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