Elizabeth, Mudbath – Avignon [12.06.14]

Le 21 juin 2014 posté par Lusaimoi

Mon dernier concert remontant à fin mars, une époque où le port du sweat était encore conseillé et, surtout, supportable, il était temps que je fasse à nouveau chauffer mes tympans. Et ça tombe bien, puisque ce soir du 12 juin, c’est Mudbath et son Sludge boueux qui signe son retour dans sa ville natale, pour accompagner les Suisses furieux d’Elizabeth. Le tout chapeauté par Redrum Records, orga on ne peut plus active dans la région.
Après plusieurs jours étouffants de chaleur, l’orage se met à gronder comme pour accueillir les deux groupes et accompagner cette soirée qui s’annonce agitée.
À 21h, malgré la pluie qui menace, la foule s’est déplacée et attend devant le Théâtre des Italiens. De quoi bien remplir la salle, d’ailleurs, je crois ne jamais avoir vu autant de monde dans ce coin là un soir de concert, il en est même presque difficile de retrouver des connaissances.

 

Et c’est un peu plus d’une demi-heure plus tard que montent les premières notes de Mudbath. Des sonorités très proches du larsen. Depuis un an et demi, le quatuor n’a pas rendu sa musique plus accessible, loin de là. L’intro du premier morceau, un petit nouveau, est longue, lente, suffocante et délivre une tension palpable qui s’insinue dans l’assemblée. Durant plusieurs minutes, on regarde le groupe, retenant presque notre souffle. Le titre explose ensuite, toujours lent et écrasant. Mais va prendre de l’ampleur et gagner en énergie à mesure qu’il avance, pour aller jusqu’à une sorte de frénésie retranscrite par le jeu de Flo, guitare, et Marco, basse, tandis que Micka se montre un peu plus en retrait – poste de second micro oblige –, mais sans s’effacer pour autant.
D’ailleurs, ils nous avaient annoncé lors de leur dernier concert dans la région, en janvier 2013, que Félix, leur chanteur, partait vers d’autres horizons. Du coup, je me demandais ce qu’allaient donner les shows du groupe, amputé d’un leader particulièrement investi et impressionnant. Et bien tout en changeant complètement le jeu, il faut avouer que le changement est réussi. Luke, à la batterie, a récupéré la partie principale des lignes vocales, pour un chant criard et écorché à l’extrême. Les autres se laissent entièrement porter par leur musique et ses rythmiques plombantes, jouant pour eux, ignorant presque le public. Et ça fonctionne parfaitement. Un peu comme Cult of Luna, ils semblent s’enfermer dans leur univers pour laisser parler la musique et les atmosphères qu’elles dévoilent.
Atmosphères rendues plus pesantes, même dans les anciens morceaux – ceux issus de The Red Desert Orgy –, dont les intros et les outros sont devenues encore plus poisseuses.
Après trois quart d’heure, le set se termine, la salle se vide vite, mais c’est uniquement dû à la chaleur de ce soir, aussi suffocante que la musique. Car malgré quelques problèmes techniques, le retour de Mudbath dans ses terres natales est réussi

Après une petite pause nous permettant de discutailler un peu et de relativement nous rafraîchir à l’air de la ruelle, c’est au tour des Suisses de venir faire rougir nos oreilles. Et si on a toujours affaire à une musique violente, pesante et étouffante, Elizabeth prend le contre-pied total de Mudbath. Pas de morceaux fleuves, pas d’intro lente et oppressante, là, on est dans le direct, le brutal et le furieux. Très Punk dans l’esprit, les titres dépassent ainsi rarement les 3 minutes et vont tout droit, même si les détours bienvenus ne sont pas exclus. Ainsi, si leur Hardcore est une musique de barbares, il n’en est pas vraiment primitif pour autant. Des plans bien jouissifs viennent dans un rythme frénétique nous flatter les tympans, puis repartent aussitôt sans nous laisser le temps de respirer pour laisser la place à d’autres. La salle, elle, se déchaîne.
Il ne faut pas attendre plus de quelques secondes pour voir les premiers pogos démarrer. Pogos qui ne s’arrêteront que lors des transitions entre deux morceaux. Le groupe en devient réellement difficile à prendre en photo. Déjà parce que les mouvements de foule prennent tout l’avant de la fosse, ensuite parce que les musiciens sont tout aussi bougeons. Le chanteur, Javier, ne tient pas en place, aime s’amuser avec son miscro, faire des allers-retours près du public et va jusqu’à provoquer himself certains pogos.
L’allure de frêle adolescent du guitariste, Charly – qui dénote face à la brutalité de la musique –, cache une énergie qui impressionne. Surtout qu’il semble bien s’amuser avec son instrument, multipliant les poses sans devenir un poseur pour autant. Quand à Baptiste, le bassiste, son jeu se veut plus posé, massif, mais pas du tout apathique pour autant.
Les titres passent, tous aussi enragés les uns que les autres – même quand le chant clair fait son apparition –, et la fin du set arrive très rapidement. Un peu trop rapidement, car même le groupe ne s’en est pas aperçu, comme l’indique la remarque : « Ah oui, au fait, c’était notre dernier morceau. »
On a alors droit à un rappel et au bout d’une demi-heure environ, le show prend fin. Un show court, mais intense, surtout qu’étant donné la chaleur de cette soirée, tenir ce rythme n’a pas dû pas être aisé.

Deux groupes très différents, l’un lent et pesant, qui instaure une ambiance étouffante, l’autre frénétique, nerveux et qui aura bien remué la salle, mais tous deux réunis dans ce concert par un style saturé à l’extrême. Malgré quelques problèmes – dont un micro qui montrait des signes de fin de vie – la technique aura aussi bien assuré ce soir, avec un son loin d’être mauvais et des lights bien excitées, en parfait accord avec les deux styles joués. La salle se vide rapidement, une fois encore, mais pas pour rentrer chacun chez soi, puisque l’ambiance étant encore une fois très bonne, on se met à discuter avec ceux qui ont eu la bonne idée d’être présent.
Bref, la définition d’une bonne soirée.

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