Rorcal, Mudbath – Avignon [15.10.14]

Le 3 novembre 2014 posté par Lusaimoi

 

La fête de la musique mis à part, mon dernier concert de l’année (scolaire) 2013-2014 s’était déroulé au Théâtre des Italiens. Il était donc naturel que mon premier concert, pour cette rentrée, soit dans cette même salle. D’autant plus que Mudbath revient faire bourdonner nos oreilles et que, cette fois, le groupe est accompagné des violents Rorcal, tout droit venus de Suisse pour entamer leur tournée.

Il est un peu plus de 21h lorsque, juste après une intro bien dans le ton, les premiers riffs s’échappent des baffles. Riffs, ou plutôt larsens. Car qui a déjà entendu nos Avignonnais connaît leur amour pour les sons lourds et gras. Ce genre de morceaux qui s’étale et prend son temps pour se déployer, qui envahit la salle comme s’il était solide, palpable, tant la tension qu’il installe est dense. Aujourd’hui, aucun titre n’est issu de leur EP, The Red Desert Orgy, le groupe est totalement tourné vers l’avenir et leur album, à paraître d’ici quelques mois. Un futur où le Sludge épais se fond de plus en plus à un Drone oppressant et à des accélérations prenantes, jouant sur les deux extrêmes, sans compromis.
Cette prestation, toujours aussi inspirée par des musiciens vivant leur musique, est mise en valeur par des lumières oscillant entre des rouges lugubres et des stroboscopes violents (épileptiques, passez votre chemin). Quelques orangés et éclaircies viennent apporter un entre-deux, sans pour autant alléger l’ambiance pesante qui s’est installée. Simple, mais redoutable, surtout que ces lights sont liées à la musique – rouge avec le Drone, stroboscopes pour les accélérations –, sans pour autant passer en « mode automatique ».
Peut-être un peu trop vite, le dernier titre arrive et les lumières se rallument, laissant un instant le silence renvoyer les vibrations distordues.

Le temps que la tête d’affiche s’installe, on sort faire un tour, boire une petite bière et parler un peu. Et, en discutant, j’entends :
« Rorcal, c’est le groupe le plus violent que j’ai jamais vu. Le truc, c’est un mur. Du Black
– Du Black ? »

Oui, non, parce ce que j’en savais des Suisses, c’est qu’ils jouaient un Drone/Doom/Post-Hardcore Slugdy bien massif et écrasant. Mais pas du Black… En fait, l’histoire, c’est que les gars, d’un album à l’autre, aiment expérimenter de nouveaux chemins, aller de l’avant pour ne jamais s’enfermer. Et le dernier virage emprunté, c’est celui d’un Black Metal sans aucun compromis. Et effectivement, après une intro déjà pesante, le show démarre et la palme de la violence semble bien vouloir leur revenir. Extrême. C’est le mot. Extrême, chaotique et jusqu’au-boutiste. Pas un seul moment moment de répit nous est offert, hormis une courte pause a cappella où le chanteur maltraite ses cordes vocales et montre la folie de sa prestation. Les autres membres, eux, se laissent totalement posséder par leurs instruments, s’acharnant sur eux (l’un des guitaristes jouant même l’intégralité du set dos au public dans un équilibre qui semble précaire), dans une furie qui s’empare de toute la salle. Extrême, je vous dis.
Tout comme les lights. Vous voyez, celles que je décrivais pour Mudbath ? Bien, alors ce sont les mêmes, sauf qu’il faut ôter tout entre-deux. Ici, il n’y a plus que les rouges sombres et malsains, et les stroboscopes épileptiques. Rien d’autre. Pas de place pour la demi-mesure. Un bonheur pour l’ambiance, un cauchemar pour les photographes. Tant pis. On improvise, on tente quelque chose (ce que vous pouvez voir), et on passe le reste du temps à savourer le burinage de nos tympans jusqu’à la fin du set.

Mudbath nous aura mis l’eau à la bouche pour leur prochain album, de plus en plus pesant, suffocant et boueux. Rorcal, après un Elizabeth tout en fureur – toujours ici, au Théâtre des Italiens –, nous aura confirmé que la Suisse est le pays de la musique chaotique et violente, comme s’ils voulaient à tout prix effacer les clichés qui traînent depuis bien trop longtemps au sujet de leur pays.
Ils le font à grands coups de violence. Et ils le font bien.

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