Photographe : Antirouille
Rédacteur : Quantum

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SOLD OUT ! SOLD PUTAIN D’OUT !

Telle était ma réaction finale sur mon post Facebook d’après concert. Depuis combien de temps nous n’avions pas entendu cela? Depuis combien de temps une association aussi familiale que celle qui a organisé le concert de ce fameux soir du 07 janvier 2023 n’avait pas affiché un sold out? Cela commençait à être long, très long. Dans ma mémoire, je n’avais pas fait un concert plein depuis au moins plusieurs années. Depuis bien évidemment, je crois, l’avènement d’un virus à l’échelle mondiale qui a tout dévasté sur son passage, et particulièrement fait couler petit à petit, comme le Titanic s’enfonçant lentement dans les flots, la culture en France et ailleurs. Naïvement, beaucoup d’acteurs de la scène metal extrême française, et si l’on est solidaire, de la culture en général pensaient que le public reviendrait fièrement défendre l’étendard de cette fragile armée qu’est la culture. Mais force est de constater que malheureusement, le public peine à être au rendez-vous aux nouvelle festivités. 2022 aura été une année spéciale à bien des égards pour moi, qui tente vainement de faire vivre comme je le peux cette scène fragile sur son socle d’argile, mais dont les nombreux soutiens, modestes comme robustes, ne parviennent que trop difficilement à maintenir debout. Il est vrai que l’on ne sait plus trop finalement vers quels saints se vouer. Les associations? Je ne jette aucunement l’opprobre, mais la prise de risque concernant les plateaux proposés étant déjà compliquée avant, qu’est ce que cela donnait après… Les tourneurs? Certains affichent un prix exorbitant, probablement pour renflouer les caisses, mais aussi parce que les groupes ne peuvent pas consentir à des efforts surhumains parfois, exactement comme les associations. En vérité, il ne faut jeter l’opprobre à personne dans cette histoire. Le public non plus n’y est pour rien. On peut comprendre que deux années de confinement ont révélé une torpeur chez chacun d’entre nous, et tels des ours en hibernation, nous peinons à ouvrir les yeux aux (re)nouveaux rayons du soleil… Alors quoi? Que faut-il faire pour faire revenir le public? Sur ce plateau de ce soir, on pourrait, si l’on était comme moi un peu mystique sur les bords, croire aux miracles. Mais il n’en est rien. En fait, l’histoire de ce report, c’est surtout l’histoire selon moi d’un plateau underground qui a fait mouche auprès du public depuis longtemps. Et ce n’est pas mon Antirouille adoré, qui co-organisait la date et faisait au passage les photos dont il a le secret, imposant sa grandiose présence de Rubson-Frameto dans un pit qui allait pourtant le laisser tranquille, black metal oblige, mains dans les poches et dos bien droit, regard appuyé, jambes légèrement écartées, etc. Un public motivé quoi!

 

Petite présentation de ce plateau qui, je dois l’admettre, n’a pas été choisi dans l’inconnue la plus totale. Ergotism est un groupe que je suis depuis toujours, et avec lequel j’ai moi-même déjà partagé un plateau, pour la première édition du Dark Medieval Fest. C’était à cette occasion d’ailleurs que j’ai déjà gouté aux affres de ce groupe savoyard en concert, dont l’intensité et la noirceur m’avaient marqué jadis. Il est à noter que le leader de ce groupe, B.uulx, est un habitué des lieux puisque je le croise quasiment chaque fois que j’y vais. J’apprécie tout particulièrement le concept du groupe autour notamment de la Peste Noire et des légendes moyenâgeuse qui en découlent. Loin de surfer sur la même vague que beaucoup de groupes autour de la Peste Noire, Ergotism a toujours apporté sa petite touche personnelle. Belore est quant à lui incontestablement un de mes coups de cœurs en termes de metal français, et ce depuis probablement mes débuts dans ce style black metal, soit depuis mes… Treize ans. Et comme j’approche les trente-trois ans (encore six jours, date d’écriture du report), c’est vous dire si le groupe dont le leader est localisé à Marseille mais qui a su s’entourer des musiciens qui comptent parmi les meilleurs dans l’underground black metal français actuels, est le lauréat de mes groupes préférés en France actuellement. Ma première expérience live de Belore date de la deuxième édition du… Dark Medieval Fest. Eh oui! On en revient encore au même. Et je dois d’ailleurs remercier Nathaniel, l’organisateur de ce festival, pour avoir eu le flair de produire le premier concert de Belore depuis son existence et m’offrir ce que l’un de ses guitaristes a appelé pour rire « du léchage de cul en règle », mais qui s’est avéré être un vrai moment d’émotion pour moi. Enfin, Himinbjorg, qui vient de Chambéry et qui est à la fois une découverte pour moi et à la fois une continuité. Je m’explique : en tant que pionnier du black metal paganique en France – c’est toutefois comme cela qu’on les définit et qu’il n’hésite pas à se définir – j’ai bien entendu écouté Himinbjorg, groupe qui existe quand-même depuis 1996, au temps de l’époque des Bran Barr et Aes Dana qui représentaient pour moi déjà une forme de modèle, Himinbjorg est pourtant le groupe de cette grande époque que j’ai le moins écouté et le moins creusé. Cela ne m’a pas empêché de me satisfaire pleinement de quelques compositions que j’espère revoir en concert ce soir, mais curieusement, mais cela c’est du Quantum tout craché dans le texte, je n’ai jamais poussé le bouchon assez loin. C’est donc à la fois comme je disais une forme de confirmation, mais aussi une découverte avec ce premier concert de Himinbjorg pour moi. J’imagine que cela doit valoir la chandelle quand on voit que la scène est pleine quasiment jusqu’au bout.

Ergotism se présente donc le premier sur scène, avec son décor atypique, dont je n’avais pas le souvenir concernant le Dark Medieval Fest, mais qui marque bien l’identité du groupe autour de la Peste Noire. Avec son masque de médecin de la peste et ses lanternes d’antan, le groupe plante tout de suite un décor qui lui ressemble : sombre et dramatique. Après une introduction des plus efficaces, portées par des narrations et un assemblage de samples qui se retrouvent assez souvent dans ce genre, le groupe arrive sur la scène, sobrement, calme, telle une procession funèbre marchant sur les sillons d’une époque qui a été probablement une des plus tragiques de notre Histoire… Petite surprise! Ergotism présente un set tout neuf! Ce qui explique que je n’ai reconnu aucun album quand le groupe a démarré son concert, que ce soit « Notre terre, nos aïeux, notre fils et nos morts… » ou « Sang paria« . B.uulx finira par nous expliquer pourquoi : le set de ce soir est constitué entièrement des morceaux du futur album! En voilà donc une belle surprise! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce futur album s’annonce dantesque. Les compositions sont à l’image d’Ergotism, empruntée d’une touche mélodique sur un black metal pourtant très linéaire, mid tempo à gogo, ou avec quelques relents un peu doom sur les bords, lui conférant des atmosphères d’une gravité intense et qui prend aux tripes, un peu comme la Peste Noire grignoterait nos corps décharnés. Ergotism en concert, c’est d’abord cette intensité extrême, mais c’est aussi une attitude. Le groupe demeurant particulièrement calme et solennel, et surtout son leader derrière son micro et sa basse, s’autorisant pour un de ses guitaristes quelques mouvements de cheveux mais assez sommaires, et c’est tant mieux! Perpétuant l’esprit d’un black metal, mélodique ou pas, qui apporte une forme de sérieux et de gravité qui se lisent même sur les postures de ces protagonistes, j’ai donc trouvé ce que j’attendais de la part de nos amis savoyards : la noirceur et la gravité. Fonctionnant comme une sorte de conte, de légende, la musique d’Ergotism nous fait vibrer aux sons des mélodies mais aussi du chant oscillant entre le high scream qui va bien, quelques lignes de chant un peu plus sludge sur les bords, et quelques déclamations en voix claire qui rajoutent un côté encore plus historique pour moi. La musique d’Ergotism est définitivement un des black metal les plus « vivants » que je connaisse sur la scène française, et la prestation de ce soit ne m’aura pas fait mentir. Bien joué les mecs! Et au passage, je suis fier d’avoir sauvé l’espace d’un concert la voix de B.uulx avec mes légendaires Fisherman’s Friends!

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Belore arrive ensuite, se posant sur la scène en tournant le dos au public dans une forme de rassemblement avant la bataille. Puis, son leader Aleevok nous emmène avec sa narration vers l’univers Belore, soit un univers fait de féérie, de contes, de forêts et d’une touche très guerrière notamment sur le premier album « Journey Through Mountains and Valleys« . J’ai retrouvé, et j’en suis quasiment certain, la même setlist qu’au Dark Medieval Fest! A mon plus grand bonheur, puisque n’ayant sorti « que » deux albums que je considère comme des chefs d’œuvres absolus, la setlist ne pouvait de toute manière que m’être familière. Mais je constate en tout cas que « Tale of a Knight » de l’album « Artefacts« , premier morceau du concert et celui qui amène la fameuse introduction, fonctionne toujours aussi bien. J’ai eu mes frissons, ma petite larme de guerrier fragile, et mes soubresauts intérieurs quand les parties black metal en mid tempo arrivent. Le reste, c’est un concentré de black metal atmosphérique et surtout, surtout, épique. C’est le maître mot du style de musique composé par Belore. Au-delà des parties black metal qui restent caractéristiques et habituelles de ce qui se fait de manière récurrente, les samples aux claviers sont l’immense force du groupe en studio et concert. Ces derniers, bien accompagnés il est vrai par les parties metal rythmiques et très rapides, procurent une puissance émotionnelle qui est totalement dévastatrice. Rarement un black metal ne m’aura autant fendu l’armure, et je note d’ailleurs que le public, totalement stoïque ou presque devant Ergotism, a lui aussi fendu l’armure et s’est prêté au jeu de l’intensité grandiloquente de Belore en remuant pas mal! Et, loin de rester campés sur leurs postures très solennelles là encore, grandiloquence oblige, le groupe se permet le luxe de nous motiver, de scander quelques acclamations et applaudissements à notre encontre, galvanisés eux-mêmes par cette musique incroyable et vivante! On passera sur les facéties de l’un de ses guitaristes Wÿntër Ärvn mais que l’on aime pour cela (dangereux d’arroser sa guitare avec sa bière! Bisous l’ami), histoire de ne pas rendre jaloux les autres qui sont restés dans leurs personnages, mais la prestation de Belore, que je rappelle, je connaissais déjà auparavant et qui n’a guère changé, me prend toujours autant. Et le chant d’Aleevok… Mes Dieux! Comme il est bon. Les chœurs aussi sont de plus en plus solides, même s’ils ne sont que deux protagonistes à assumer cette lourde tâche. La question des chœurs a toujours été selon moi l’une des nombreuses grandes réussites de Belore, qui parvient justement, au-delà des samples, à intégrer ces lignes de chœurs qui ne sont non seulement pas du tout en trop, mais qui apportent une réelle empreinte de royauté et j’allais dire une forme de culture guerrière qui, me prêtant moi-même au jeu avec mon groupe, me parle comme si c’était moi qui l’exécutait. C’est en cela que la première prestation, que certains trouvaient un peu brouillonne mais que moi je trouvais déjà très bonne, a encore été sublimée par les mois qui passent, la complicité qui s’installe et qui fait monter d’un cran encore ce groupe ultra prometteur, qui nous conte des légendes comme personne et qui, il faut bien l’admettre, a pris un risque incroyable de traiter de sujets plus épiques dans un genre black metal qui peine parfois à sortir de ses codes mais qui n’empêche pas Aleevok de plancher sur un troisième album. Belore a donc encore franchi un cap, eux qui déjà étaient une de mes futures références en la matière… Mais jusqu’où vont-ils aller? Concernant Wÿntër Ärvn, on le sait déjà : près de la Suze, ou au bar puis dans la fosse pour Himinbjorg!

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Enfin, voici le groupe que j’attendais de découvrir officiellement ce soir. Après des années d’écoute avec parcimonie, il me fallait bien voir ce groupe Himinbjorg qui a forgé sa réputation depuis toutes ces années, et qui se fait rare en matière de sortie depuis 2015. Mais c’est là que l’on voit qu’un groupe a fait sa réputation : ne rien sortir depuis 2015 de neuf, et faire salle comble quand-même! Il n’y a aucun doute ce soir : Himinbjorg est bien un pionnier du genre black metal paganique. Et le public semble bien acquis à la cause de la formation rondement emmenée depuis toutes ces années par Zahaah, qui est notamment secondé à la guitare par une connaissance en la personne de Sven, qui officie notamment dans Belenos et qui a sorti un superbe projet de musique acoustique nommé Avel. Et qui m’a copieusement snobé au passage mais bon, je l’aime quand-même! Qui dit black metal paganique des années 90 dit black metal sans fioriture autre que des mélodies guitares ce qui tranche beaucoup avec les groupes précédents. C’est la grande force de cette époque, de pondre des albums bourrés de puissance et de force avec « simplement » deux guitares, une basse, une batterie et un chant. Cela n’a l’air de rien quand on le dit ainsi, mais en concert, cela prend toute son importance. Parce que parvenir comme cela à nous envoyer des mélodies épiques, avec cette simple ligne instrumentale, cela relève incontestablement non seulement du talent, mais aussi du charisme. Parce que notre camarade Zahaah n’en manque pas, tout sérieux qu’il est dans sa posture belliqueuse, son regard appuyé et son chant tranchant, à peine forcé et son chant clair. On a eu droit d’ailleurs au passage à une nouvelle inattendue là encore – décidément, ce concert n’en manque pas – puisque Zahaah nous annonce la sortie d’un album cette année! Après huit années d’attente! Cela galvanise incontestablement le groupe et le public! Pour ma part, la prestation m’a semblé très solide, très aboutie mais en même temps, avec un groupe qui se targue d’une existence aussi longue, prolifique et influenceuse, qu’attendre d’autre? Je me suis régalé, vraiment. Une belle manière de clôturer ce plateau que d’avoir cette légende du black metal paganique devant soi pour la première fois. Et pour sûr, j’y reviendrai.

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Vous l’aurez donc compris, ce plateau au Brin de Zinc de Barberaz a été le spectacle d’un concert qui n’était de toute manière que la meilleure pioche de ce début d’année. Parvenir à rassembler sur un même plateau des groupes comme Ergotism, Belore et Himinbjorg, il était évident que je n’allais pas passer à côté. Offrant la garantie quasi certaine d’une soirée aboutie et réussie en tous points, avec des groupes soit qui montent, soit qui confirment, il ne pouvait donc qu’y avoir du public! Ou alors, je ne répondrais plus de rien. Une manière pour moi de démarrer cette année 2023 sur des bases extrêmement positives, et je remercie donc tous les acteurs de cette fantastique soirée! Merci donc premièrement à l’association, Nikro et Antirouille mes camarades de Soil Chronicles qui ont eu la double casquette ce soir, à madame Antirouille toujours aussi présente pour faire vivre la scène locale et encourager son mari dans ses faufilements intra-fosses. Je salue bien évidemment mes autres camarades de Soil Chronicles qui auraient j’en suis certain, adoré ce concert, et notre patron de toujours Metalfreak qui bossait malheureusement de nuit. Merci aux groupes bien évidemment, à leurs leaders toujours aussi sympathiques et à leurs musiciens qu’on aime toujours autant. Merci à Thomas du Brin de Zinc pour l’accueil toujours au top! Merci à Chris Besse, photographe de la première heure qui assure malgré tout. Merci aux quelques connaissances musiciens qui étaient là ce soir, Matthieu de Hellixirr et Fabio de Deos par exemple, Hygdahell de Wardogs que j’ai aperçu de loin. Et surtout! Merci au public d’avoir ENFIN répondu présent pour faire flamboyer de nouveau cette scène locale qui le mérite, assurément, pour tout l’abbatage de fait pour se maintenir à flot. On compte sur vous!
Pour ma part, ce sera rendez-vous le 25 février mais pour changer de casquette!

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