Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8.5/10

Réflexion de Philoraptor : si l’utopie est l’idéal d’un monde qui rechercherait le bonheur de tous ses membres et la dystopie celui du malheur, la même chose fonctionne-t-elle en musique pour la dystonie ? Une volonté de créer un monde sans musicalité ? Une chose est sure : les évènements annonciateurs prônés par World Wide War de Dystonia n’ouvrent pas sur des jours meilleurs, sur fond de sirène d’alarme et de pulseur de cardiogramme.

Plus sérieusement – je vous évite de perdre du temps, à ceux qui n’auraient pas la curiosité, ou la flemme d’aller sur Wikipedia – la dystonie est une neuropathie végétative qui influe sur les muscles en créant un trouble du tonus, occurrence qui touche principalement les musiciens et leurs mains. Au sortir de Roland Garros, on pourrait dire que c’est le tennis elbow des zicos…

Ce WWW, qui n’est pas du tout un préfixe d’URL, n’a pas sa place en 1984 mais en 2016 (même si stylistiquement, on serait davantage dans la seconde moitié des années 2000, avec son Thrash/Death), ne vient pas du Brazil mais de la matrice de Sibérie (Mother Russia !), ne provoquera pas en vous un equilibrium spirituel et/ou physique, ne vous fera donc pas rêver de moutons électriques mais vous fera monter la température aux alentours de 451°F. Les amateurs de No Return – je sais que je vais redonder mais… Machinery, quel putain d’album ! –, de Death (de manière teeeeellement flagrante sur « Justice ? »), de Slayer et Testament vont adorer. En bref, un bon, voire très bon album de Thrash/Death.

Mais… !

Si Dieu m’avait donné la foi (en écoutant un extrait de WWW sur le web…), il y a ce je-ne- sais- quoi qui a fait ralentir cette force qui guide mes… doigts pour en faire l’éloge total, et donc nuancer mon propos. Ce je-ne-sais-quoi tient en deux points (en exceptant le point G puisque cet album n’est au final que très plaisant et pas jouissif) : l’impression d’inabouti redondante à chaque morceau, comme si le groupe ne savait pas développer ses morceaux (entre autres sur « We are all condemned » et son final) qui fait au final ressembler à un emboitement de matriochkas. Ceci est au final la cause de mon deuxième point noir : les morceaux sont très courts (le plus long dure 5 minutes) et les 8 pistes couvrent 28 minutes au total, soit la durée d’un EP ! Par ailleurs, l’album est au final assez diversifié et si l’ensemble passe, on se demande comment les musiciens passent d’un riff à un autre dans chaque morceau, sans réel alpha et oméga, menant au finale en adagio de sonate pour piano « Downfall » typée de celles de Schumann (ou plutôt Tchaïkovski, pour rester dans les influences de la Sainte Mère Russie) – que pour le coup j’ai trouvée superbe.

Un debute album très réussi mais qui montre la nécessité pour le groupe de repenser sa composition à l’avenir… si avenir il y a pour l’Humanité… (Pas le journal, hein, camarades…) « Eternal nuclear Winter » is coming…

A écouter en regardant le monde se consumer tranquillement… Magnifique spectacle nocturne en son et lumière, ces têtes MIRV qui se séparent et explosent… non ?

Tracklist:
1. Starvation (3:58)
2. No Chance to return (3:57)
3. Consumer (4:05)
4. Justice? (2:31)
5. We are all condemned (3:11)
6. Holocaust (5:05)
7. Eternal nuclear Winter (3:31)
8. Downfall (2:32)

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