Le off du Hellfest le 19/06/2019 à Clisson

Le 25 août 2019 posté par Bloodybarbie

Live report : Quantum & Metalfreak

Photos : Metalfreak

 

Il est minuit lorsque, sur un coup de tête, Chris (Metalfreak) et moi-même décidons de prendre la route pour Clisson. Soit un trajet d’environ dix heures entre Grenoble et cette petite bourgade de Loire-Atlantique. Mais nous n’y allions pas pour boire du vin ou manger de la lamproie marine, ou du crémet d’Anjou ! Non ! Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Clisson est devenue au fil des années un monde à part. Redouté par certains, adulé par d’autres, critiqué souvent y compris dans son propre camp, ce monde est en fait un paradoxe à lui seul : un subtil mélange entre paradis éphémère (trois jours, trois vies de papillon) et enfer sur terre, avec son lot de purgatoire pour les organismes (chaleur, acouphènes, soif et faim). Mais n’en déplaise à une minorité d’entre nous, il n’en demeure pas moins que le Hellfest est devenu depuis sa première édition en 2006 une référence
Deuxième plus grand festival metal d’Europe, si ce n’est du monde, il faut se rappeler l’évolution de ce dernier au travers de la première affiche qui comprenait Korn et Motörhead entre autres têtes d’affiche, et qui aboutit cette année à des groupes comme Tool, ZZ Top ou Manowar (**tousse**). Géré d’une main de maître par Benjamin Barbaud (qui a l’avantage d’être un enfant du pays), voisinant un chiffre d’affaires de 27 millions d’euros par an, il était évident que ce festival deviendrait non seulement une confirmation, mais en plus d’une évolution qualitative rarissime.

C’est donc dans cette incroyable machine culturelle que je m’apprête à mettre les pieds pour la première fois. Inutile de vous dire que je suis forcément angoissé par cette perspective. D’une part parce que je me dois d’être digne d’un tel évènement et d’en faire une couverture à sa hauteur ; et d’autre part parce que je me demande quelle sera ma place dans cette fourmilière. Un peu comme Z dans Fourmiz qui cherche sa position et son rôle. Toujours est-il que cette année je me suis donné comme objectif principal de faire le plus de fosses possibles ! J’ai envie de me mêler directement aux ambiances les plus folles, pour vous donner mes impressions et vivre le plus intensément possible ce Hellfest.
Après une route interminable, quelques fois orageuse, nous arrivons à note gîte vers 11 h. Après une (longue) sieste, nous prenons la route pour le Hellfest Cult pour nous échauffer les esgourdes et prendre la température de l’évènement. L’occasion aussi pour nous de récupérer notre bien aimée chroniqueuse Skyline, alias Caroline.

Ma primo-réaction est que le centre commercial Leclerc, qui organise cette première journée, a fait les choses en grand. Arborant des décorations à la gloire du rock et du metal dans son propre magasin, les commerces jouxtant Leclerc se sont eux-mêmes mis à la page et dédient ce long week-end au Hellfest. Sur le parking, nous retrouvons les deux scènes qui sont en fait deux remorques de camion ouvertes perpendiculaires. Quelques stands de labels et d’artisans sont tous près, et les premiers vendeurs de bière sont présents. Il y a quelques personnes pour inaugurer cette première journée et ainsi faire honneur aux groupes qui se produisent pour ce Hellfest-bis. Il est vrai que ça a de la gueule de dire qu’on a joué à Clisson au mois de juin !
En tout cas, je suis très surpris de voir qu’un centre commercial se met autant aux couleurs du Hellfest. Cette ouverture d’esprit somme toute assez inattendue me ravit ! On sent immédiatement que la musique metal a réellement trouvé son oppidum et ne compte pas en lever les barrières.
Il me serait difficile de faire un véritable live report des groupes qui ont joué, alors je vais vous faire une sorte de top 3 de ceux qui m’auront marqué, et pour certains durablement. Ce classement n’est pas exhaustif, mais a juste pour but de mettre en avant les trois groupes qui m’auront le plus agréablement surpris.

Le premier que je vais citer est le groupe Tungs10 qui nous vient tout droit de Morlaix dans le Finistère ! Mais eux ne sont manifestement pas des adeptes du look navigateur ! Le quintette arbore un look totalement steampunk du plus bel effet et les instruments sont même dans cette veine-là. En live, c’est du plus bel effet et je salue avec plaisir cet effort de costume et de maquillage qui donne un ton supplémentaire à leur musique. Se définissant comme du metal mélodique, c’est en tout cas de très bonne facture en concert et le groupe n’hésite pas à donner de sa personne pour tenter d’entraîner le public dans ses pérégrinations. Ce dernier restera trop calme à mon goût, et pourtant la chanteuse Madeleine ne laisserait aucune âme sensible indifférente ! Cette dernière n’hésite pas à donner davantage encore de sa personne en nous gratifiant d’une chorégraphie enjôleuse sous son costume. En tout cas, le set a beau être court, je n’en suis pas moins conquis par leur prestation ! Les musiciens sont en pleine confiance, prêts à jouer leur va-tout à fond et cela se voit ! Malgré quelques pépins techniques indépendants du groupe, j’ai adoré !

Metalfreak : Pour ma part, je voulais ne pas louper Dreamcatcher, tant leur dernier album Blood on the Snow(https://www.soilchronicles.fr/chronique … donthesnow) m’avait particulièrement bien scotché.
Et la prestation live a été conforme à ce que j’en attendais : carrée, catchy, oscillant entre heavy, speed voire power metal et digne des cadors du genre.
Et je me suis mis à imaginer ce que pouvait donner un concert de la formation sur une scène digne de ce nom : déjà le Off a été pour eux une formidable visibilité mais leur a permis de toucher un plus large public.
En espérant que ça leur donne enfin le succès qu’ils méritent car Dreamcatcher est de ces formations qui rendent fier la scène heavy hexagonale !
Bref, à suivre… sérieusement !

Le second est FT-17 que je connaissais de nom. J’ai tout de suite fait le rapprochement (c’est bête oui, je sais…) avec le frontman qui est une vraie bête de muscles et qui a le regard bleu aussi glaçant qu’envoûtant. Mais FT-17, c’est d’abord et avant tout un char blindé, français de surcroît puisqu’il est estampillé Renault, qui a été considéré comme l’un des plus meurtriers de la Première Guerre mondiale. Je me demandais ainsi quel serait l’univers du groupe originaire de Nantes, donc pas loin ! Et il suffit de regarder l’installation du groupe pour immédiatement comprendre qu’il s’agissait d’une évidence : de la guerre de 14–18. En effet, sur scène, le gonze qui s’avérera être le narrateur (Hugo de son prénom) est costumé avec l’uniforme des soldats français de la Première Guerre mondiale, casque compris. Ma curiosité est tout de suite excitée et dès les premières notes, la gravité avec laquelle la narration est faite me glace le sang. Je suis envoûté par la voix de Hugo qui nous plonge au cœur des tranchées et des atrocités les plus horribles. C’est à cela que l’on reconnaît les personnes charismatiques : un micro, une voix et c’est tout ! Pas besoin d’artifices superflus ! Et lorsque la musique commence, c’est l’extase ! J’ai rarement été autant hypnotisé par un metal aussi dramatique ! Mélange de black et de death, des mélodies à souhait et surtout, SURTOUT, le scream de Misein qui n’est qu’un hurlement de douleur à l’état pur ! Ce dernier n’hésite pas d’ailleurs à jouer de sa gestuelle et de ses nombreuses postures pour ajouter davantage d’agonie. C’est du très très lourd, tous les musiciens sont corps et âme dans leur musique et pendant le set, même le narrateur, qui était resté de marbre pratiquement tout le long, ne peut résister à l’envie de bouger aussi, de confronter cette peine jouée avec son comparse. Franchement, je suis sorti de ce concert estomaqué par la prestation et la prestance du groupe. Déjà que parler de la guerre de 14–18 n’est pas courant dans le metal, mais de le faire avec autant d’authenticité et avec si peu de moyens (je rappelle qu’ils ont joué dans une remorque de camion, sans décor !) m’a scotché sur place ! Première grosse claque de mon séjour. Je me suis juré d’acheter les CDs et je le ferai ! D’autant qu’en effectuant des recherches, je suis tombé sur le Bandcamp du groupe qui parle de Marcellin Trouvé, un des rares témoins directs de ce qui se passait à Verdun. Raison de plus pour le passionné d’Histoire que je suis de me procurer le tout !

Le troisième et dernier groupe à m’avoir marqué est Circus in Town, de Paname. Mais absolument pas pour les mêmes raisons ! Au début je trouvais la musique et la prestation scénique trop “what the fuck???” avec ces musiciens qui n’ont l’air d’être là que pour la marrade, et les deux chanteurs qui se renvoient la balle sans non plus mettre de sérieux. Mon boss pourra le confirmer : on n’était pas hyper emballés au départ. Et puis, petit à petit, le groupe a su infuser une ambiance, comme une grosse communion ! La musique, qui ressemble à s’y méprendre à du hardcore à la Black Bomb A mais avec un growl plus deathgrind (je salue d’ailleurs le growleur qui chante comme un Dieu, et qui a la voix de l’emploi si je puis dire !), est finalement très carrée et le résultat c’est que tout le monde s’éclate ! Il y a quelques accents hispaniques assez drôles qui me font penser aussi au groupe de goregrind espagnol Haemorrhage, les costumes et accessoires en moins. Les musiciens sont tous déjantés au point de répondre aux grivoiseries nombreuses du public éméché (il est déjà plus de 19h et c’est le dernier groupe) et c’est le pied ! Franchement, pour terminer la journée, il n’y avait rien de plus adéquat que Circus in Town et sa musique de cinglé ! Mais remis sur un contexte moins précis, c’est vraiment le genre de groupe qu’on écoute pour simplement se marrer entre potes, et je crois que dans ce rôle le groupe excelle. Une bonne entrée en matière qui passe par la fin de journée, tout un oxymore en soi mais qui m’a fait énormément plaisir ! Pour un retour sur des concerts, j’ai été gâté. Un peu comme un gosse irait au cirque.

Voici donc la fin de cette première du Hellfest « OFF(« -iciel » ou « -icieux » ?) et j’ai déjà des étoiles plein les yeux en rentrant au gîte. Il y a bien évidemment le fait de voir ma consœur bien aimée BloodyBarbie qui m’enjaille beaucoup ! Mais il y a surtout cette organisation qui tient toute ses promesses et qui a de surcroît l’avantage de me rappeler aux bons souvenirs de ces concerts qui se faisaient sur les trottoirs, où le public venait pour kiffer et se faire de nouveaux amis, et c’est ainsi que l’on se rappelle assez vite que finalement, la musique, c’est tout simplement cela. Des bons moments en off, sans chichi ni extravagances. Je trépigne déjà d’attaquer les choses sérieuses le lendemain : le Knotfest !

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