Abinaya – Corps

Le 22 juillet 2010 posté par METALPSYCHOKILLER

Line-up sur cet Album


Igor Achard : Guitare, Chant
Nicolas Vieilhomme : Batterie
Andréas Santo : Basse
Nicolas Héraud : Percussions

Style:

Rock/Metal/Indé

Date de sortie:

Avril 2009

Label:

Rebel Music

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) :

08 / 10

Le manichéisme a cela d’offusquant qu’il oppose le bien au mal, le blanc au noir, l’esprit à la matière, ou encore la lumière aux ténèbres, sans ne jamais laisser d’échappatoires. Une chose est inévitablement bonne ou mauvaise et cet univers à la dualité réductrice ne permet ni nuances, ni tolérances. Dans l’Iran du troisième siècle Manès prêchait une doctrine ou seul l’ascète pouvait parvenir à son salut par une spiritualisation aigue. Cette foi unique parait être aujourd’hui le véritable précepte dogmatique rédactionnel de vos chroniqueurs qui s’acharnent à vous convaincre qu’un nouvel opus est un album culte ou à contrario une daube innommable sur laquelle déverser sa bile et ses rancœurs.

Faisant historiquement fi et abstraction par exemple d’un épicurisme le renvoyant à un stoïcisme condescendant, vous vous devrez inexorablement de vous aligner en rangs serrés derrière la parole d’or et de raison du reviewer patenté de votre webzine préféré. La tête dépassant, des troupes dévouées à celui détenant seul la vérité -et dont le sophisme raffiné et maitrisé est « éternellement » intarissable-, sera irrémédiablement sectionnée. Pas besoin d’être cartésien, écoutez plutôt le messie dont l’éventail de couleurs proposé ne comporte certes que deux teintes, mais maculées de manière à se déployer tel un roman fleuve. Sans vouloir en faire une tribune, cette introduction se veut juste un plaidoyer contre divers abus des « chroniqueurs  patentés» : La pensée unique, la science infuse, -et les manques de concision pour les affirmer et vous en convaincre-, le rejet de la diversité et la tolérance tout comme des impartialités douteuses… Un court aperçu d’une liste non exhaustive en totale contradiction avec les qualités d’un chroniqueur qui se doit d’engendrer une présentation honnête, quand bien même son sentiment personnel peut être exposé… Mais non comme une profession de Foi !

Rien ne peut remplacer votre ressenti personnel, et ne laissez en aucun cas les qualités littéraires de bonimenteurs s’assoir sur votre sensibilité et l’asservir de prétextes fallacieux dont ils sont névrosés. Montaigne a écrit il y a quelques temps déjà (Killing Joke), « Tête bien faite vaut mieux que tête bien pleine ». Réfléchissez y donc et par la même relativisez à leurs justes valeurs les pontes rédactionnelles barrant les unes des webzines. Seuls les albums devenus cultes des années après leurs sorties, -et non par « décrets »-, sont « éternels »…A bon entendeur…

Après ce long laïus d’introduction, Abinaya, qui en langue indienne (Sanscrit) signifie « transmettre », sera tout à fait représentatif de ce que le panel du Metal contemporain peut offrir dans sa pluralité et sa richesse. Actif depuis plus de dix ans, le quatuor n’est donc pas un groupe de gamins novices, c’est un fait que ce « Corps » ne démentira jamais tant maturité et professionnalisme seront les fils conducteurs des onze titres délivrés. Cet opus est réalisé par K.Pandele de Wavium (Studios Paris), distribué par Brennus Music (Satan Jokers) et la promotion assurée par Replica Records (Angra,P.Rondat, Freak Kitchen…), voilà pour le coté « info sheet » d’une part. Et de l’autre pour ce qui est de la présentation, nos hexagonaux dépeignent leur musicalité comme un « Souffle Rock » au métissage entre un Metal aux riffs plombés à la Zakk Wylde ou Down, un Rock Indé déchiré par la poésie du texte, et des explorations tribales à la Soulfly. Ce que vous retrouverez d’ailleurs ainsi de partout en Copié/collé sur les diverses reviews traitant de cet album sur la toile…

Si l’artwork Cover proposé suintera le « Ritual » du Shaman de Dédé Matos, ce «  Corps » s’affichera majoritairement Rock plus que Metal, mais avec des développements parcimonieux se délectant dans notre genre musical préféré. L’alchimie concoctée évoluera  toujours entre une assise rythmique énorme renforcée par des percussions complétant la batterie ; et une emphase du son dantesque rehaussant encore cette impression de souffle empreint de mescaline emplie de testostérones. Résolument puissante, viscéralement énergique, aux convulsions sensitives claquées avec tact et talent, la production sonore sera un des atouts majeurs quant à l’appréciation d’une tracklist qui s’avérera à mon sens réussie quoique s’essoufflant sur la longueur.

Musicalement, si des soins tout particuliers ont été apportés à des intros diversifiées, originales, et plutôt musclées ; les compositions se voudront accrocheuses et structurellement classiques. A l’image d’un trident inaugural composé du frénétique tribal« Corps », du syncopé rageur « Enfant d’Orient » et de l’excellent « L’Homme Libre », le clou est immédiatement et irrémédiablement enfoncé. Mais aussitôt planera parallèlement au dessus de vos petits neurones subitement illuminés, une ombre mortuaire et majestueuse : Celle du Noir Désir de l’homme pressé Bertrand Cantat. Cette omniprésence quoique nacrée de nappages tribaux, de percussions surmultipliées et de d’éléments plus Metal telles des guitares plus incisives et mises en avant ne se départira jamais d’Abinaya. A part peut-être sur « Les Chars De Police » ou faire référence à des réminiscences d’un Trust originel à la Bernie Bonvoisin sera judicieux ; un cordon ombilical semble lier le quatuor avec ses devanciers bordelais. Et cela d’autant plus que le chant de haute tenue d’Igor Achard ne pourra que nous conforter et nous installer définitivement dans cette impression.

Si la parenté semble s’avérer incontestable, l’énoncer serait réducteur et dommageable sans expliciter complémentairement que les quatre franciliens ont un éventail d’atouts considérables en mains. Quand bien même des «Partir puis Revenir »-nappé d’acoustique et de violon- auraient des odeurs de sombres héros de la mer, Abinaya a des messages à nous transmettre et nous les calque sur des cocktails subtils et saisissants.  S’engageant par exemple en dénonçant les massacres d’enfants au moyen orient, le frontman Igor peut l’instant d’après nous surprendre en mettant en lignes vocales des textes de Charles Baudelaire sur « La Mort Des Amants ». Telles les fleurs du mal, cette tracklist a une dimension exotique et vénéneuse enrobant de délices un produit fleurant résolument notre terroir profond.

A l’évidence malheureusement, ce « Corps » souffrira d’un certain coup de mou en son milieu, la faute à une sangle abdominale un peu lâche. La triplette « Algo Mais (Quelque Chose De Plus)», « Les Labels » -malgré des lignes de Basse mises en exergue-, et enfin « Testament » à un degré moindre, aura plus de mal à captiver et retenir notre attention auditive et notre agrément. Rien de rédhibitoire certes, mais un plaisir paraissant s’affadir dans un essoufflement d’inspiration temporaire qu’effaceront définitivement des ravageurs « Chars de Police » lancés à pleine vitesse. Une disparité d’effets qui, malgré la similitude des moyens mis en œuvre par Abinaya, pourra juste nous conforter dans l’impression qu’avec le potentiel affiché et déjà délivré en partie, le groupe peut encore donner beaucoup plus…

Et au final, pour peu que votre « Matrix » ne se contente pas de catégoriser l’univers en Noir (Désir) et Blanc, votre Esprit sera séduit par leur « Corps ». Riche, finement ciselé, agréable, cette offrande d’Abinaya vous saisira aux trippes et à la gorge à la condition que vos cages à miel ne soient pas équiper de filtres sélectifs quand aux dogmes stylistiques. Si vous prenez le temps de la découverte, vous vous surprendrez rapidement à opiner du bonnet tout en reprenant à tue tête des lyrics dans notre belle langue de Molière. Oubliez les carcans stéréotypés au profit de la tolérance et la découverte, et ne croyez point en la vérité des « biens pensants ». Des écrits restent suggestifs et fruits de la sensibilité de tout à chacun. Arrêtons de mettre du ciment sur les plaines et donnez la parole à votre « Corps ». Laissez le s’exprimer… Seul. Sans vouloir donner de leçons à qui que ce soit, vous ne devriez pas le regretter !!!

Myspace : http://www.myspace.com/abinayarockpage

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