Anti-Flag

Le 17 juillet 2015 posté par Bloodybarbie

Intervieweuse : Bloodybarbie

Interviewé : Chris#2

A l’occasion de la sortie du nouvel album « Americain Spring » du célèbre groupe Punk Rock américain Anti-Flag, nous avons l’honneur de nous entretenir avec le bassiste du groupe, Chris#2 lors d’une journée promo à Paris.

Chronique de l’album : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/anti-flag-american-spring

Comment vas-tu ?
Très bien, je m’améliore en interview (rire).

 

Combien de fois avez-vous joué à Paris ?
Je ne les compte même plus, je dirais au moins 5 ou 6 fois.

 

Pour ce nouvel album, vous avez changé de label, comment êtes-vous arrivé à signer avec Spinefarm et pourquoi ce changement?
Spinefarm est un label qui touche plutôt à tout ce qui est vraiment métal. On voulait un label global pour nous faire de la promo partout dans le monde, comme cette journée promo. Surtout que ce nouvel album est international à travers ses messages et on voulait qu’il atteigne vraiment chaque coin du monde. En fait, l’album était déjà entièrement finalisé, et lorsqu’on l’a présenté à Spinefarm et ils nous ont signé. Ils n’ont même pas payé pour l’enregistrement, on a dû payer de nos poches.

 

Ce n’était pas le cas avec votre label précédent ?
Si, mais vraiment ! Il n’y avait pas vraiment d’équipe ou de promoteur en Europe qui s’assurer que la com et la distribution soient faites correctement.

 

Quand avez-vous commencé à le composer ?
Il y a deux ans et demi, juste après le précédent. C’était assez long.
On est rentré en studio en octobre et on a terminé l’album en décembre. Et tout a été vraiment bouclé en Janvier 2015. On l’a enregistré dans un studio à Los Angelos. C’était bien cool, il y a comme une autre énergie et de motivation lorsqu’on est en studio.

 

Quelle était la partie la plus difficile dans l’enregistrement de cet album ?
Pour moi c’était les morceaux. Beaucoup de choses m’ont touché au cours de ma vie, et lorsque j’écrivais les chansons, c’était surtout sur des thèmes politiques mais selon ma vision des choses. J’ai mis beaucoup de temps à canaliser mes propres sentiments et réussir à en faire des morceaux. A chaque fois que je me motivais à écrire, je ne me sentais pas encore prêt à le faire, et c’était difficile de se forcer.

 

Tu es le seul qui écrit ?
Non, j’écris avec Justin.

 

Je pense que ce n’est pas facile d’autant plus que les thèmes sont très variés vu tout ce qui se passe dans le monde !
Exactement, chaque jours lorsque j’allume la télé et je regarde les infos, il y a des nouvelles choses, de nouveaux malheurs et problèmes et ces événements influencent pas mal nos albums.
Pour le drame de Charlie Hebdo, c’était trop tard, l’album était déjà terminé !

 

Est-ce que vous accordez plus d’importance aux paroles qu’à la musique ?
Pour cet album-là je dirais que c’était 50-50. C’est vrai que dans le passé c’était surtout les paroles qui importaient le plus. On voulait s’assurer que dans cet album, la musique est aussi importante que ce qu’on raconte.

 

Et lorsque tu as rejoint le groupe, était-ce pour exprimer tes idées et ton mécontentement politique ou bien pour le plaisir de jouer du Punk Rock ?
Je dirais les deux. Avant de rejoindre le groupe, j’étais un grand fan d’Anti-Flag, j’allais à tous leurs concerts. J’avais 16 ans lorsque j’allais les voir sur scène et 17 quand j’ai rejoint le groupe. Et voilà que cela fait 17 ans que je suis dans le groupe !

 

Comment ils t’ont choisi d’ailleurs ?
Au début, ils ne voulaient pas de moi, mais je les ai un peu forcés. Je n’étais pas très bon, j’avoue, ni prêt à faire partie d’un groupe. Je leur disais « ça va marcher, je vais beaucoup m’entrainer … ». J’ai appris à chanter, à jouer de la basse et j’ai beaucoup évolué. C’était frustrant de les voir se regarder entre eux en disant « ce petit ne fera jamais rien ». Ils sont partis en tournées, un été, sans moi et j’ai saisi cette occasion pour m’entrainer tous les jours. A leur retour, ils ont pu constater mes progrès et ils m’ont pris dans leur groupe.  Mon premier concert était à New-York.

 

Revenons à ce nouvel album, que signifie « American Spring » ?
« American Spring » est une référence au printemps arabe dans le moyen orient et où les protestants politiques ont utilisé les réseaux sociaux et twitter pour ça. Donc le printemps américain est inspiré par cette utilisation des nouvelles technologies qui unissent les gens entre eux. On est aussi inspiré par la saison du printemps, pendant laquelle il se produit de nouvelles naissances, des plantent qui fleurissent et c’est un peu l’idée de nos morceaux. On a décidé de l’adapter au printemps américain, sortir cet album en printemps et aux USA. Un renouveau tant à la fois politique que personnel.

 

Peux-tu nous décrire de quoi parle chaque morceau ?
« Fabled World » est le premier morceau du CD et il parle de l’administration et la politique d’Obama et notre désaccord envers son système.

C’est le cas pour presque tous les autres pays, une fois qu’un président est élu il fait ce qu’il veut et ne tient pas ses promesses ?
Oui absolument, quand G.W Bush a été élu, il y avait une fête à Paris mais lorsqu’Obama a été élu, c’est comme si que le monde entiers célébrait son élection, comme si que l’Amérique allait devenir meilleure. Il avait beaucoup de choses à faire, il en fait quelques-uns mais beaucoup de non-accomplis.

On continue :

« The Great Devide » parle du déséquilibre économique dans le monde entre les gens riches et aisés et les pauvres.  Les 1% de gens riches dans notre pays sont les leaders et le 99% c’est les pauvres et tout le reste de la population…

« Brenen Burgen » est un peu une chanson d’amour pour le socialisme, comme les américains qui regardent votre éducation universelle et votre santé universelle et qui espèrent un jour qu’on puisse briser cette barrière invisible entre les idées socialistes et l’Amérique. Pour certaines raisons, si vous dites Education Universelle, Santé Universelle ou si vous dites que si vous êtes malades allez simplement chez le médecin, les gens vont croire que vous êtes un grand dirigeant russe ou autre.

« Sky is Falling » est un morceau sur le fait qu’en Syrie, les enfants prient pour avoir des jours nuageux, parce que des drones ne circulent pas en ces jours, ils ne circulent que lorsque le ciel est clair. Un enfant qui regarde dehors par la fenêtre de son école, lors d’un beau jour et qui s’impatiente de sortir dehors pour jouer. Un enfant en Syrie a la trouille de sortir parce qu’il sait qu’il peut se prendre un missile sur la tête et que ça sera son dernier moment en vie.

« Walk Away » est un morceau sur notre quotidien, que ça soit les informations, la télé, vos discussions à table le soir, et qui ouvrent des portes vers tout ce qui est négatifs. Ces choses peuvent facilement influer sur vous et vous pouvez très facilement vous pencher vers le côté obscure ou vous en éloigner.

« Song For You Enemy » est un morceau ou il faut lire entre des lignes, il parle de la personne que vous voulez devenir et celle que vous êtes actuellement, votre politique, la manière dont vous gérez vos dollars, votre façon de traiter les gens…C’est ça qui vous définit et non pas ce que vous portez et la richesse matérielle dont vous disposez.

« Set Yourself on Fire » a été écrite par Justin et il parle des idées du cynisme, on s’auto-détruit en se disant que les choses doivent être mieux, on en veut toujours plus, on déteste notre job et on veut changer… C’est un morceau important de l’album !

« Break Something » parle d’où on en est dans notre vie et notre travail. Ces gens qui se mettent la pression et gâchent leur vie à cause de ça. Notre vie est ce qu’on veut qu’elle soit après tout !

« Believer » est un morceau très personnel et propre à moi, il traite de tous les changements dans ma vie, mais aussi de ma façon de voir, d’écouter la politique et ma vision de voir les choses.

« To Hell With Boredom » est inspiré de ce qui s’est passé dans les années 1968 par les étudiants à paris protestant. C’est pour moi, le mouvement de protestation le plus cool et intéressant qui s’est produit. Tous ces étudiants et artistes qui ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour challenger les capitalistes, contre ces idées du fait que le bonheur s’achète.

« Low Expectations » est un autre morceau sur le cynisme, un morceau sur ce qu’on racontait auparavant, tous ces politiciens qui ne tiennent pas leurs promesses. On ne doit vivre que dans des promesses et on doit rester optimiste comme on l’a été pour Barak Obama mais aussi ne pas laisser une totale liberté à ces gens, il faut les défier pour qu’ils nous prouvent qu’ils sont capable de faire leur travail comme promis.

« The Path Is Over » est un morceau sur le changement climatique, c’est vraiment fascinant pour moi en Amérique, je ne sais pas si c’est le cas ici à Paris ou en France. Les américains continuent à parler du changement climatique comme n’étant pas vrai, il n’y a pas de preuve de ça alors que c’est clair que l’environnement est en train de changer selon les scientifiques et pour la majorité des gens. Je ne comprends pas comment les américains prétendent que ce n’est pas réel !

« Without End » parle beaucoup du post-traumatisme des soldats, le fait que lorsque vous sortez de guerre, elle continue et vous hante jusqu’à la fin de vos jours.

« All Of The Poison, All Of The Pain » c’est juste un morceau sur le terrorisme, le post-terrorisme dans le monde et comment la terreur et la peur peuvent s’installer dans notre quotidien comme l’attentat de Charlie Hebdo qu’on suivait sur Fox News. Les médias montraient ça en déformant les vraies faits, beaucoup de ce qu’on nous racontait dans l’exagération à la télé était faux et aux USA et le mettait bien en avant pour semer davantage la peur dans la société.

Que faire quand on n’a pas moyen de vérifier les informations ?
Il ne faut juste pas avoir peur et que ça n’impacte pas votre vie et vos décisions.

 

Dans quoi êtes-vous actuellement impliqués politiquement ?
On a toujours des sponsors comme Amnesty International, on a aussi fait des collectes pour un don pour la construction de puits en Afrique. On a aussi débuté une organisation non lucrative, une nommé Military Freezone et une autre International alliance ou les gens peuvent partager leur idées et leur protestations, de l’activisme se déroule dans cette communauté locale. On travaille énormément avec Greenpeace aussi, d’ailleurs on a une réunion avec eu la semaine prochaine.

 

Penses-tu créer ton propre parti politique ?
Non ! On est bon en musique mais pas pour ce genre de choses !

 

Si tu étais président, quelle est la première chose que tu ferais ?
Je rendrais illégal l’aide des différentes organisations et la société pour les politiciens. C’est un gros problème aux USA, si vous voulez avoir un quelconque bureau vous devez être millionnaire. Où sinon collecter de l’argent d’ailleurs, se faire un lobby…et avoir constamment des faveurs envers les gens.

 

Concernant la pochette, j’ai ma propre interprétation, peux-tu m’expliquer ?
Lorsqu’on regarde fox news tous les jours, et que vous voyez une femme voilée, vous allez vous demander si c’est une terroriste. Lorsque vous allez à des concerts de rock/métal et que vous voyez des policier vous vous dites « fuck the police ». Ce sont des gens archétypes qui basent leurs réactions selon des préjugés. On a donc pris cette grosse rose sous forme d’explosion pour insinuer, non pas de la violence, mais un renouveau, le printemps…On voulait que les gens regardent cette pochette et ait des émotions. Ce qui arrive c’est qu’aux USA, lorsqu’ils voient le côté où il  y a la femme voilée, ils se disent « ah c’est intéressant » mais lorsqu’ils regardent le côté militaire et ils disent « non vous ne pouvez pas faire ça ! »,  parce que c’est comme si que le militaire a été shooté, pourquoi cela ne dérange pas que ça soit sur la figure de la femme mais que ça dérangerait sur le militaire ? A méditer !

J’ai vu que vous avez permis aux fans de personnaliser cette couverture, qu’as-tu reçu d’intéressant ?
Oh il y a beaucoup de chats (rire) et des trucs cool !

 

Est-ce que Antiflag est votre boulot à plein temps ?
Oui pour nous tous, en plus de nos engagements dans divers organismes. C’est vraiment bien, mais aussi c’est parce qu’on vit à Pittsburgh et pas à New York ou la vie est beaucoup plus cher.

 

Quelle est la pire situation dans laquelle tu t’es mise depuis que tu es dans le groupe ?
Je dirais d’avoir été dans le groupe après le 11 septembre, les gens nous renvoyaient nos CD, nos t-shirts car ils pensaient que le fait que nous nous appelions Antiflag, on était anti-américains. Mais aussi le fait qu’on ait jamais soutenu le 11 septembre, on était contre, on n’a pas soutenu G.W.Bush junior car on pense toujours qu’il n’a pas gagné les élections honnêtement. Quelques temps après du recul, les gens sont revenus vers nous et nous ont avoué qu’on avait raison de rester sur notre position et nos convictions. C’était vraiment difficile d’être dans le groupe à cette période pendant une bonne année, personne pour  nous booker des concerts, et tous ces renvoie de CD…

Ce n’est pas trop « dangereux » d’être dans un groupe de Punk et de soutenir des idées politiques de la sorte ?
Non, Nous défendrons toujours nos convictions et nos idées mais on ne se permet pas de vivre dans la peur en conséquence de ce qu’on fait. On continuera comme ça !

 



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1 Commentaire sur “Anti-Flag”

  1. 1
    Anti-Flag – American Spring | Soil Chronicles

    […] Vous me poseriez peut-être la question, mais que nous racontent-ils donc dans ce dixième album « American Spring » ? Et bien, je ne vais pas y répondre, puisque Chris#2 l’a fait dans cette interview : http://www.soilchronicles.fr/interviews/anti-flag. […]

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