Wintersun – The Forest Seasons

Le 22 septembre 2017 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


• Jari Mäenpää : Chant (+ guitare et programmation sur cet album)
• Teemu Mäntysaari : Guitare
• Asim Searah : Guitare
• Jukka Koskinen: Basse
• Kai Hahto : Batterie

Style:

Melodic Death Metal

Date de sortie:

21 Juillet 2017

Label:

Nuclear Blast Records

Une exception cette fois-ci : double dose de Wintersun !

Note de la Soilchroniqueuse (Bloodybarbie) : 8/10

Il était une fois, un jeune adolescent dont l’obsession était le Metal, la guitare, l’hiver et la perfection, Il s’appelle Jari Mäenpää. Ses obsessions ont été assouvies (surtout qu’en Finlande, ils ne connaissent que l’hiver), vu qu’il était un pilier de l’excellent groupe Ensiferum qu’il rejoint en 1996 et quitte en 2004 (n’empêche que le groupe a continué à œuvrer dans l’excellence même sans lui) pour fonder le meilleur groupe dans sa catégorie (death folk) : Wintersun. Son plus gros défaut, autre que la perfection, c’est la quantité !

Il a fallu attendre huit ans entre l’album Wintersun (2004) et Time I (2012), le temps d’enrayer le premier album et s’en procurer un autre, ou de se faire oublier par certains. Bien qu’on reconnaisse la perfection de ses albums, Wintersun demeure bien moins connu que d’autres groupes comme Ensiferum d’ailleurs. Pour ma part, rien que le nom de Wintersun me fait frémir, tout comme chaque seconde de leurs albums, mais je les déteste pour cette frustration qu’ils nous infligent, quel sadique ce Jari !

La raison d’un tel écart entre deux albums : le manque de moyens car il y a tellement de bandes d’orchestrations qu’il faut des moyens colossaux pour se payer une prod’. Comme si tous les autres groupes était des musiciens ultra riches ! Sans déconner, tu te fous de la gueule du monde, mec !!!

Un beau jour en 2016 et à notre grande surprise, Jari annonce via les réseaux sociaux que Wintersun va enfin sortir un nouvel album qui ne sera pas Time II mais The Forest Seasons… MAIS pour cela, il lance toute une campagne de crowdfunding pour financer, non pas l’album, mais tout un studio d’enregistrement, car il n’en a pas (mais son guitariste, si) et qu’il en a aussi besoin pour un éventuel Time II. C’était LA blague de l’année… NO COMMENT et ce n’était même pas un poisson d’avril. En fait, ce n’était pas une blague, il était très sérieux le Jari, il prend ses fans pour des cons. Depuis, il est bien tombé de mon estime ! Le pire c’est que son crowdfunding a réussi (ça révèle aussi qu’il y a au moins autant de cons sur terre) ! Des fans ont donné de l’argent à ce pauvre artiste. Bref, je ne m’en remets toujours pas de ce coup : on a beau baver sur un nouvel album de Wintersun, on a aussi notre fierté ; c’est comme si un mendiant vous demandait de lui payer une machine à des milliers d’euros pour qu’il puisse exercer sa profession… Sans dec’ !

Après tout ce cirque, et la procédure de recrutement du nouveau guitariste bien rude, je m’attendais au summum de la perfection… Ensuite, j’écoute l’album… Je suis déception… Il est loin d’être à la hauteur de nos attentes et des deux chefs-d’œuvre précédents, et que toute cette pleurnicherie n’était que les caprices d’un gamin adulte. A force de sortir très peu d’albums, de faire un concert par décennie, on perd la main, on perd de la créativité et surtout, quand on vieillit, on devient moins bon.

Ensuite, j’écoute l’album… Il y a un changement notable : cet album est plus orienté Black Folk que folk épique Death. Ensuite, les guitares sont au second plan, et ce n’est pas du tout normal quand on parle de Wintersun ! Si au moins les orchestrations étaient fabuleuses ; malheureusement non !

Ô toi Monsieur Perfection, pourquoi ta production est si banale pour quelqu’un qui a besoin de tout un studio très cher pour sortir un tel album ?! Ah oui, il faut peut-être que je m’achète une sono au prix de ton studio, que je change d’oreilles ET que je me procure le vinyl ! Elles sont où tes mille-et-une bandes qui nécessitent des milliers d’euros pour les mixer et les enregistrer ?! C’est dommage que les orchestrations ne soient pas si grandioses : dans « Eternal Darkness (Autumn) », on les entend, on sait qu’elles sont là en arrière plan mais les blasts gâchent vraiment toute la beauté cachée de ce morceaux qui a pourtant beaucoup de potentiel. Il y a des sopranos, des chanteuses lyriques qu’on entend quand tu la fermes… Comment bien gâcher un morceau sur 4 donc 25% pour l’album sachant que « Awaken from the dark Slumber (Spring) » est tout ce qui a de plus banal quand on a goûté à bien mieux de la part de Wintersun ?! D’ailleurs, il est beaucoup trop sombre pour un morceau qui représente le printemps ! Bon ça va, il sait se taire pendant un pont, laissant place au solo de guitare (ça manquait), mais ça ne rattrape pas le titre. Quand on se prétend perfectionniste, on s’attend à ce que l’auditeur soit intransigeant !

Bon j’arrête un moment de cracher sur Jari et ses caprices. Un peu d’objectivité. Même après plusieurs écoutes, j’apprécie certes, et c’est sans doute un des meilleurs albums de l’année, j’ai tout de même vraiment du mal à m’y attacher comme il était si facile et naturel pour les précédents opus. Voilà l’effet que ça fait quand on nous promet la lune et on nous file du gruyère. On remarquera que sur cet album, Jari découvre d’autres saisons que l’hiver et il en parle dans cet album, en composant un morceau pour chaque saison et deux pour l’hiver : une acoustique et une métallique (il fallait bien qu’il avantage la saison qu’il l’obsède). Jari imite les 4 saisons de Vivaldi, l’idée est bonne ! Et il donne à l’été les meilleures mélodies de l’album sur « The Forest that weeps (Summer) ». Il compose un deuxième excellent morceau « Loneliness (Winter) » dans lequel il exprime toute sa passion pour l’hiver (également sa solitude peut-être ?) qu’on ressent bien à travers les émotions que dégage ce titre très calme et mélancolique et chante enfin en clair déchiré dans le style de « Sons of Winter and Sorrow ».

Bien évidemment, chez Wintersun chaque morceau dure autant qu’un morceau de prog (10-15min).
Finalement, ces fameuses orchestrations, j’ai déjà vu des petits groupes pauvres sortir des albums avec une production toute aussi bonne ; je ne citerai pas d’exemple, il y en a tellement !

Je suis furieuse, même si en soit The Forest Seasons n’est pas mauvais, mais tout ce cirque fait préalablement (et qui n’en valait pas la peine au vu du résultat) lui confère un arrière-goût non pas amer (car les fans de bières fortes apprécieront) mais de merde. Si pour Wintersun et Time I j’ai donné 20/10, celui là n’en vaudra que 8/10.

Sinon Jari vous offre l’album gratuitement sur Youtube !

 
 
Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7/10

L’hiver est ma saison favorite… – « Mais pourquoi nous tient-il en haleine avec cette phrase énigmatique et ces points de suspension mystérieux ? » Du calme, je vais vous le dire : c’est pour créer un blanc dès le départ ! Pourquoi ? Enfin… Pourquoi l’hiver serait ma saison favorite ? Parce qu’il approche (référence 1), parce qu’il prend un malin plaisir à nous tourmenter et s’obstiner à nous geler (référence 2), parce qu’il est là, sur les toits du village (référence 3), et parce que c’est comme ça : on ne peut rien hiver… (Si, si, j’assume, avec un accent outre-rhénan). Mais surtout l’hiver, c’est la neige, donc des motifs de routes bloquées et pas possible d’aller bosser donc retour au plumard – procrastinateurs du monde entier, unions-nous ! – le ski et la luge, et, plus important que tout, la raison absolue de n’avoir aucune excuse pour ne pas faire de raclette. Au-delà de tout ça, ça me permet de faire un lien avec le nouvel album de Wintersun. – « Quoi ? Cet enfoiré nous a tenu tout un paragraphe pour juste faire une introduction capilotractée sur la base d’un jeu de mot pourri ?! » C’est vrai… mais pas que !

Ce troisième album de Wintersun correspond à l’instant où Jari Mäenpää se prit pour Vivaldi en écrivant SES « Quatre Saisons » et l’intitulant The Forest Seasons. Passons sur les divers aspects mégalo du personnage – je vous renvoie à la rubrique people, ses velléités de studio qui lui ont valu un joli majeur levé de la team NB pour au final aller crowdfunder dans son coin, tout ça, on va aller direct sur l’aspect musical –, est-ce un pari réussi ? Oui et non… Et c’est maintenant que vous recevrez la réponse tant attendue à la question « Mais pourquoi nous a-t-il emmenés sur cette pente glissante avec sa phrase initiale ?! » En effet, j’aime l’hiver, mais également ses représentations artistiques diverses, que ce soit chez Vivaldi, chez Debussy… ou dans cet album, dans lequel seules les douze minutes et des flocons de cette piste m’ont réellement emballé comme un cadeau de Noyel.

N’ayant pas vécu en Finlande, je ne pourrai pas me faire juge et parti de la manière dont évolue chaque saison dans ce coin du monde qui n’est pas sans m’intéresser ; cependant, je pense que ce cycle de la Nature ne doit pas être si différent que ça de chez nous (en plus froid sans doute). Et de fait, Wintersun a fait un travail intéressant de recherche structurelle pour calquer le plus à un esprit de la période Baroque avec cette musique narrative et descriptive telle que Vivaldi le retranscrivait en son temps. Par exemple le « Printemps » de Wintersun (« Awaken from the dark Slumber ») est une succession de choses qui naissent et bourgeonnent, d’éléments qui apparaissent et disparaissent, traduite par une musique alambiquée aux rythmiques complexes et aux harmonies et changements de tonalité incertains. L’« Eté » (« The Forest that weeps ») quant à lui se montre plus brillant, avec un chœur (avec des guests/copains de chez Moonsorrow, Ensiferum, Turisas, Tyr…) et des intrus trads, plus solide et solidifié par toute cette puissance death mélo encadrant le tout. L’« Automne » (« Eternal Darkness ») se montre plus brutal, plus Black Metal et corrosif – là, j’avoue que je n’ai pas trop compris, si ce n’est pour évoquer l’aspect tempétueux de la saison automnale, mais je n’arrive pas à me l’imaginer…

Arrive enfin l’hiver ! Pourquoi « enfin » ? Parce que le groupe a commis à mon sens UNE erreur, qui pourtant a été LA question des compositeurs depuis le Moyen Age – et à laquelle ils ont trouvé une réponse qui marche dans tous les domaines artistiques –, celle de la longueur ! Sans vous prendre pour des gens stupides, je pense que vous aurez saisi que cet album est constitué de seulement QUATRE pistes, correspondant chacune à une saison. Par conséquent quatre LONGUES pistes noires et tous les risques inhérents à des morceaux de ce type, complexes : l’ennui et l’usure… Les compositeurs, peintres, cinéastes, danseurs/chorégraphes ont la solution depuis des siècles : fractionner pour rendre l’ensemble plus intelligible et moins lassant. Et pourtant Wintersun tente le « gros bloc » d’un coup. Sans être non plus un aficionado du tube sur un album au détriment d’une entité liant tout l’ensemble – c’est vrai que c’est plus chaud de rendre un tout cohérent et distrayant, faut se creuser les méninges –, il s’avère que la ligne de texte de l’empereur d’Autriche dans Amadeus (Milos Forman, 1984) « Il y a trop de notes » est souvent vraie. La solution est simple : FRACTIONNER ! Certains parmi les progueux tenteront toujours de faire exception à la règle, mais c’est un fait, et si vous avez lu ce paragraphe, vous ne pouvez désormais qu’être d’accord avec moi : un gros bloc d’un coup, ça lasse très vite. [NB : si vous avez zappé ce paragraphe, non seulement vous ne lirez pas cette phrase ci-présente mais vous avez surtout raté une bonne démonstration de ce que je soutiens].

Bref, l’hiver, disais-je, est ma saison favorite… Dans cet album également – ayé, on y vient – et immanquablement, ça fonctionne pour ce « Loneliness » qui sied parfaitement à la longueur et l’aspect faussement répétitif de la structure, légèrement évolutive, du morceau, avec une palette diversifiée d’émotions et de gimmicks musicaux – vocaux ou instrumentaux – qui l’ornent et m’ont emmené dans une foret de pinèdes blanchis et alourdis par le poids nival, faisant descendre lentement des stalactites des branches des sapins, comme a su – et sait encore – le faire sur moi une symphonie de Sibelius ou « Tyrants » d’Immortal (sur Sons of the northern Darkness). Ce morceau est LA réussite de l’album.

Sorti du paramètre technique « la caisse claire a un son ultra agressif et désagréable », cet album me laisse mitigé car du très bon se mêle à un pari trop ambitieux, à l’instar de son compositeur qui n’a, pour moi, pas pris en compte tous les aspects d’un effet boule de neige.

A écouter avec des glaçons aux lobes et en se souvenant qu’il n’y a pas que l’automne qui peut avoir des langueurs monotones…

[NdlA : celui qui a trouvé les références 2 & 3 gagne un dictionnaire Larousse de la culture musicale au fil des siècles, préfacé par Pierre Henry et Pierre Boulez, pour faire d’un Pierre deux coups.]

Tracklist :

1. Awaken from the dark Slumber (Spring)
Part I: « The dark Slumber »
Part II: « The Awakening » (14:40)
2. The Forest that weeps (Summer) (12:18)
3. Eternal Darkness (Autumn)
Part I: « Haunting Darkness »
Part II: « The Call of the dark Dream »
Part III: « Beyond the infinite Universe »
Part IV: « Death » (14:08)
4. Loneliness (Winter) » (12:54)
5. Loneliness (Winter) » (Acoustic bonus track) (08:02)

Facebook : http://www.facebook.com/wintersun
Site officiel : http://www.wintersun.fi/
Bandcamp : https://wintersun.bandcamp.com/
Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCRIPNIEqzmHiB0fIpAz0Zgw

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