Walnut Grove DC – Deeper

Le 7 février 2025 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Sylvain Bonnin : guitare, chant
  • Thibaud Carter : basse, choeurs, claviers
  • Fabrice Garcia : guitare, choeurs, claviers
  • Franck Besse : batterie, percussions, choeurs

Style:

Stoner Metal / Rock

Date de sortie:

07 février 2025

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

Le prix du chapeau n’est pas en rapport avec la cervelle qu’il coiffe.” Proverbe américain

Il y a des styles qui ont du mal à se faire une place au soleil en France. Non pas que je préfère le soleil, je suis plutôt un mec de l’hiver. Sorte de mec de la montagne qui apprécie qu’il fasse doux, mais qui préfère déblayer la neige que de roucouler au soleil en sirotant un mojito. Pour détourner un brin la métaphore, je préfère aller vers l’ombre que le soleil. Pourquoi je m’acharne à faire des chroniques de groupes discrets ? Underground devenant un gros mot, je parle de discrétion. Je trouve un intérêt plus certain à chroniquer des groupes qui sont dans l’ombre et qui pourraient – utopiquement – me donner leur avis pour qu’on puisse échanger. Franchement, les groupes mainstream, quand on les chronique, qu-est-ce-qu’elles en ont à faire ? Je respecte évidemment mes collègues qui aiment se frotter à des formations connues ou qui ont une belle enseigne dans le milieu, mais en ce qui me concerne, je n’y vois aucun réel intérêt. Les groupes connus qui garnissent ma discothèque sont là pour mon seul plaisir. Si l’on s’amuse à décortiquer les groupes mainstream, on n’arrive pas spécialement à trouver de l’objectivité, le principal réflexe étant un bête « ça passe ou ça casse ! » Je le sais, j’ai essayé ! Je m’étais amusé à m’essayer au dernier Iron Maiden par exemple. Franchement je l’ai fait parce que la questions s’était posée dans l’équipe de savoir qui oserait se frotter à ce dernier album qui, manifestement, n’avait pas transcendé les foules chez nous. Résultat ? Je ne me souviens même pas de mon écoute. Je pense qu’il y a sincèrement quelque chose à capter dans les formations underground qu’on ne capte pas nécessairement chez les formations mainstream, mais bon… Peut-être que quelqu’un m’affirmerait l’inverse, et tant mieux ! Nous sommes en démocratie, du moins chez Soil Chronicles. Moi, je prends mon pied uniquement quand il fait froid, quand il y a de l’ombre. Pas quand le soleil tape au point d’aveugler les gens. Je parle en matière de chronique ! Voilà pourquoi quand on me présente un groupe qui va sur un style qui n’a pas tellement pignon sur rue en France, je suis content. Cela me permet, à mon humble échelle, de faire un peu pencher la balance en quelque sorte et d’amener un petit rayon de lumière. Chacun est gagnant dans l’histoire ! Je vous propose ainsi d’aller découvrir une formation qui propose une musique qui irait plutôt de l’autre côté de l’Océan Atlantique, qu’on n’a pas énormément en France comparé à d’autres styles, et qui, rien que pour cela, mérite toute notre attention. J’ai nommé Walnut Grove DC et son album qui sort en release du jour nommé « Deeper« .

J’avais fait une longue diatribe sur une précédente chronique d’un autre groupe du même style parce qu’on n’a pas les mêmes canaux d’informations pour étayer la partie biographique de la chronique. Nous saurons néanmoins grâce à Solstice Promotion que Walnut Grove DC est un groupe français (cocoricooooooo) qui nous vient de la Rochelle ! Vous pensez instantanément comme moi à Fort Boyard et son générique ? Gardez cela pour vous car nous avons un nouvel hymne qui se profile. Mais d’abord, vous serez aisé de savoir que Walnut Grove est une ville américaine qui a la particularité d’accueillir un musée en hommage de l’auteure de « La Petite Maison dans la Prairie« , Laura Ingalls Wilder, ainsi qu’une rue qui porte le nom de celui qui a produit la série et joué le rôle de Charles Ingalls, l’acteur Michael Landon. Voilà pour la minute culture, est-ce que le groupe s’inspire un peu de cet univers ? La suite nous le dira. Concernant « Deeper« , ce dernier serait en effet le quatrième album, le groupe ayant depuis son existence en 2012, sorti un premier EP avant. Il semblerait par ailleurs qu’entre le dernier album et celui qui sort ce jour, il se serait passé six années. J’attends donc indirectement une forme de qualité inhérente à la maturation ou la maturité qui vont de pair avec les années, comme le bon vin en quelque sort. Mais est-il vraiment question du raffinement du vin ici ?… Nous serions plus proches de la bière. D’aventure, si elle est frelatée, elle serait bonne quand-même dans ce continent lointain qu’est l’Amérique. On y va ?

Bon, les ami(e)s, j’ai une petite déception. Je suis un peu contrarié par le fait que le groupe ne précise pas de quoi s’inspirent-ils pour leur pochette. Pochette qu’au demeurant, j’aime beaucoup. Je retrouve des ingrédients que je voyais dans mes anciennes chroniques, du temps où je faisais plus de stoner, avec des références cinématographiques très marquées, et surtout du cinéma américain en tous genres. On a en effet ce qui me semble être un clin d’œil à la série Peaky Blinders, ou en tout cas des années 30 pour les costumes, les « Traction Avant », la ville en arrière-plan et les fameux vieux immeubles que l’on voit sur des photos d’époque. Cela rappelle aussi le jeu Mafia que j’aime beaucoup, qui plantait un décor très old school. Enfin, en tout cas j’ai un peu de mal à saisir le lien entre le nom de l’album « Deeper » et la pochette. Avec le concept général d’ailleurs, on a surtout l’impression que cet artwork sert de simple décor pour cet album qui finalement balaye large sur les thématiques abordées. Et même si je suis plus amateur d’albums conceptuels, je reconnais que le principe de se contenter d’une référence visuelle lambda comme le fait Walnut Grove DC ne m’a jamais dérangé dans le cas du style musical proposé ici puisque cela me semble être la norme. Cela reste un style plutôt franchouillard, pas forcément sophistiqué, donc dans l’idée d’un artwork qui rend hommage plus qu’il ne parle d’introspection artistique, cela ne me gêne pas. Donc, on va rester sur la beauté de l’artwork qui me plait, et au moins Walnut Grove DC plante un décor précis, documenté presque, si non très bien inspiré, donc rien à redire ici.

Sans surprise aucune, puisqu’en plus je me suis rendu compte que j’ai vendu la mèche plus haut, Walnut Grove DC propose ici un bon stoner des familles ! Dit comme cela, cela ne veut rien dire, je sais. Qu’est-ce-qu’un stoner des familles me direz-vous ? C’est le stoner qui sent bon le bitume, la transpiration et la cannette de bière dans le désert américain. C’est un style que j’ai d’ailleurs toujours qualifié « d’américain » parce qu’historiquement, ce style, qu’il soit stoner metal, stoner rock ou même desert rock, est né aux États-Unis. Donc plus américain, tu meurs ! Et quand un groupe comme Walnut Grove DC s’aventure sur les longues routes ricaines, je suis toujours curieux. Ici, la musique se présente à nous dans ce qui se fait de plus traditionnel. Des rythmiques lourdes, ce son qui fait la part belle à la basse comme instrument principal, les riffs rock associé au côté viril et rebondi du stoner, cette voix enraillée qui est, mais alors ! Typique au possible du stoner. Vous l’aurez compris, la musique est tout de suite totalement raccord avec ce que j’attends d’un album du genre comme « Deeper » qui, pour le coup, porte bien son nom tant la musique est profonde. Maintenant, là où le groupe parvient un peu à m’égarer, c’est dans l’étiquette précise. Parce que je trouve qu’il y a une telle variation de composition dans les riffs que je me perds quelque fois à savoir s’il s’agit de stoner rock, ou de metal stoner. La différence n’est pas hyper flagrante déjà de base, tant l’idée de faire du rock de manière agressive et lourde permet de faire une sorte de liant entre les deux. Cependant, la formation rochelaise joue habilement sur le peu de différence qu’il y a pour me perdre. Alors, on retiendra pour l’honneur que Walnut Grove DC s’amuse à jongler entre le metal stoner hyper lourd et agressif, et le stoner rock plus mélodique mais avec un esprit rock justement énergique plus que puissant. Il y a d’ailleurs quelques relents un peu speed metal ! Eh oui, je ne sais pas pourquoi mais par moment j’entends un peu du Motörhead, et si vous me connaissez un peu, vous savez que citer Motörhead ne m’est absolument pas familier. Speed metal ou tout simplement un peu heavy metal sur les bords, bref ! Le groupe, sur cet album « Deeper« , s’amuse selon moi à jouer à construire des escarmouches musicales, pour varier ou pour égarer. En tout cas, sur une première écoute, je me suis replongé dans cette belle époque où le stoner avait occupé une place importante dans ma discothèque. Et Walnut Grove DC m’a permis cet éveil, je les en remercie parce que, bon sang ! Cela fait du bien.

La production du stoner est plus ou moins une sinécure tant les ingrédients sont toujours les mêmes depuis longtemps. Alors, il m’est aisé de dire si le son d’un album de ce style est bon ou non. Manifestement, Walnut Grove DC a suffisamment de bouteille pour ne pas faire dans la demi-mesure niveau production. Le son est vraiment super, à un détail près. D’ordinaire, je loue les Dieux quand j’entends une basse en bon et due forme dans un mixage. Inutile de vous dire davantage pourquoi j’aime le stoner puisque c’est à mon sens le seul genre de metal / rock qui met autant la basse en avant. C’est même un marqueur d’identité hyper propre ! Mais ici, je la trouve un peu trop forte. Mince alors ! Moi qui dis cela d’un groupe de stoner… Désolé les mecs, mais pour le coup c’est un peu trop pour moi. A en étouffer les guitares qu’on entend tout de même assez pour s’apercevoir qu’elles ont ce côté rebondi, boueux, que j’aime beaucoup. La batterie en revanche me parait être à sa bonne place, tout comme le chant. Alors, c’est un léger détail mais seule la basse mériterait un petit peu de retrait. Pour le reste, c’est un son brut de décoffrage mais étonnamment moderne pour le style. C’est une belle surprise par ailleurs, parce que, sans occulter une quelconque aspérité nostalgique, Walnut Grove DC parvient à accomplir la prouesse de faire du stoner avec une patte plus moderne, c’en est très surprenant ! Bon. On n’est pas non plus sur un truc ultra moderne, ce n’est pas le but je pense. Mais cela a le mérite de proposer une alternative que je croyais, naïvement, pas nécessairement possible. Voilà en quoi « Deeper » mérite toute notre attention ! Parce que c’est un album extrêmement bien produit, intelligemment, hormis ce menu détail. Mais je suis convaincu que les plus fanatiques que moi feront fi de cela.

Parce que là où Walnut Grove DC est très fort, c’est qu’on sent la maturité dans ce projet. En fait, quand un album ne va pas sur quelque chose de conceptuel, on se raccroche à l’expérience dans la musique. Or, « Deeper » est selon moi un album d’expérience puisqu’il distille son énergie et sa puissance, sa virilité même dans tout ce que le stoner, qu’il soit metal ou rock d’ailleurs, nous évoque. On connait la facilité de retranscrire l’identité d’un style idoine, quand les bases sont jetées depuis longtemps et qu’elles fonctionnent, c’est en quoi le stoner est plutôt une musique aisée à aborder dans la composition. Mais quand on parvient à trouver la maturité qui fait la différence, c’est que l’on tient un album rare. Je n’irai pas jusqu’à affirmer que « Deeper » est un album qui va révolutionner mon année 2025 tant je me suis un peu éloigné de ce style aujourd’hui, mais il aura eu au moins le mérite non négligeable de me donner de nouveau envie d’en réécouter plus régulièrement. Walnut Grove DC va probablement être le prochain groupe qui va garnir ma discothèque, en tout cas « Deeper » sera manifestement le premier.

Pour ce qui est du chant, j’en avais déjà un peu parlé en haut, et le constat est simple : ce dernier est très bon ! La voix rocailleuse du chanteur me parle évidemment beaucoup. Je trouve toutefois ce dernier un peu linéaire, surtout dans la rythmique globale. J’aurais préféré une petite variation, mais toute petite, histoire de proposer un peu plus d’originalité. Un groupe comme Pendejo, que j’adore, est capable de bien varier les lignes de chant et même sur une musique bien codée comme le stoner, bien carrée, on est capable de faire du chant rythmique. Mais cela n’est pas spécialement choquant non plus au final, quand on est stricto facto sur un style stoner bien américain, bien old school.

En conclusion de cette nouvelle chronique, Walnut Grove DC sort ce jour un quatrième méfait nommé sobrement « Deeper« . Un titre d’album sans faux col, pour une musique qui ne fait pas spécialement non plus dans la sophistication au départ. Quoi de plus parlant, de plus musclé, qu’un stoner metal / rock stoner viril et épais pour parler d’absence de sophistication ? Surtout quand ce dernier puise ses racines dans le désert américain, avec des mecs torse nu qui transpirent. Ici, on ne va point aux États-Unis, on reste en France et dans la belle ville de la Rochelle qui n’a rien de désertique. Mais au moins, cette ville abrite un groupe qui parvient à proposer un album résolument stoner, jonglant entre le rock et le metal, en reprenant les codes que l’on connait que trop bien quand on aime le stoner, tout en parvenant à apporter une forme de maturité et un peu de mélodique. Ce résultat vaut que l’on s’attarde durablement sur « Deeper » qui est clairement un album qui vaut le coup ! C’est trop rare d’avoir un groupe de stoner en France qui joue aussi bien, ce serait dommage de ne pas offrir à leur ombrage un peu de sécheresse et de soleil. De lumière donc !

Tracklist :

  1. 50 Foot Women 03:23
  2. Never Break 04:55
  3. Room 330 02:28
  4. Tumble Weed 04:14
  5. Turn Around 03:51
  6. Mint Julep 02:51
  7. No More 06:26

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