The man eating tree – Vine

Le 8 février 2011 posté par Dada metal

Line-up sur cet Album


Tuomas Tuominen : chant
Heidi Maatta : claviers
Janne Markus : guitare
Vesa Ranta : batterie
Mikki Uusimaa : basse

Style:

Dark metal

Date de sortie:

Septembre 2010

Label:

Century Media / Cobra Records

Note du soilchroniqueur (Dada Metal) : 8,5/10

Le deuil est une expérience à la fois individuelle, collective et universelle. Les individus réagissent différemment selon leur personnalité, leur lien d’affection avec la personne disparue et selon les critères sociaux, ethniques et culturels. Ainsi, pour le culte bouddhiste et certaines populations africaines, les rites funèbres sont des pratiques importantes pour le travail de deuil. Dans la pratique catholique, ce sont les prières, censées accompagnées le défunt, qui constituent le travail de recueillement. De même, dans la tradition juive les coutumes de deuil que sont la veillée, l’éloge funèbre et les sept jours symboliques ont pour objet l’accompagnement dans l’au-delà et, bien sur, le réconfort des vivants. D’autres encore, moins spirituels mais tout aussi honorables, créent des groupes de musique.

En 2005, le groupe Sentenced, l’un des piliers du métal scandinave, tira sa révérence de la plus belle des manières avec son “funeral album”. Plus tard, Miika Tenkula, guitariste et tête pensante du groupe est retrouvé mort dans son appartement. Voilà pour mettre dans l’ambiance. Des cendres de Sentenced, le batteur Vesa Ranta fait renaître en 2009 le Phénix du métal mélancolique finlandais, hommage à son vieux compère avec qui il avait initié le projet ou juste nostalgie du succès d’hier. The man eating tree réunit dans ses branches Tuomas Tuominen (ex-Fall of the leaf), Janne Markus (Poisonblack), Mikko Uusima (Reflexion) et Heidi Maataa (ex-Embraze). Cette sorte de “All Star Band” ou de Think Tank du métal mélanco-gothique finlandais a pour ambition de détrôner Amorphis, l’actuel leader incontesté du mouvement. Et même si le groupe en tant qu’entité est un poussin, l’expérience des musiciens lui confère une maturité exceptionnelle pour un premier album.

Et pourtant. Et pourtant ! Ma première rencontre avec TMET ne présageait rien de bon. Un clip (« Out of Wind ») où toutes qualités artistiques musicales sont englouties par une masse d’effets visuels de mauvais goût. Cheveux dans le vent, musiciens sur la plage, scénario moyen, et insupportables gimmiks du chanteur…pour faire court, ils en font des tonnes et le ton est exagéré. Ma sensibilité visuelle, très susceptible, me dissuade alors de donner une nouvelle chance au groupe. Heureusement, je me suis alors souvenu d’un fait, malheureusement inhérent au paysage musical. Les clips de Metal sont très souvent mal conçus et manquent cruellement d’originalité. Hormis quelques groupes, attachés au développement de leur image, de leur branding personnel, la plupart tombent rapidement dans les gros clichés qui tâchent. Le support vidéo apparaît de plus en plus comme un passage obligé plutôt qu’un moyen d’expression à part, avec ses propres caractéristiques et ses exigences.

Même si l’outil promotion n’a donc pas été efficace (vidéo clichée et artwork convenu), le CV des membres titille la curiosité. Tout commence par un clavier lointain. Aux sonorités atmosphériques proches de Air, apparaît alors un riff lancinant première époque. Puis vient la voix, surprenante aux premiers abords, douce, languissante, envoûtante, superbe. Pardonnez ce qui peut paraître comme un excès de zèle dans mon vocabulaire mais le chant de Tuominen est toujours juste, varié, sobre et surtout terriblement humain. Tout son éclat se révèle sur les passages où la musique se fait la plus discrète (“This longitude of sleep”). Ne cherchez pas de chant grave, nous sommes exclusivement dans un registre de chant clair très bien maîtrisé, oscillant entre Anathema et Poisonblack.

Ce qui ressort avant tout de l’album est une force créative et une grande inspiration mélodique, ou l’art de savoir placer la note à sa bonne place sur la partition. Le résultat est assuré, des frissons parcourent mon corps (c’est là que ça devient chaud) sur presque toutes les chansons. Les guitares savent aussi affirmer leurs présences et leurs identités, tantôt puissantes (“Amended”, “Lathing a new man”) tantôt écorchées (“A tide shift”). Il convient également de saluer le travail de Heidi Mataa aux claviers, véritable valeur ajoutée du groupe. Rares sont les groupes à utiliser les claviers de manière aussi efficace. Présents tout en sachant se faire discrets, ils confèrent à l’ensemble une grande cohérence. Je dirai même qu’ils conduisent les chansons (“The white plateau”, “Out of wind”). Par leur aspect franchement dansant et leur puissance mélodique, ils rappellent les meilleurs morceaux de Bronski Beat et Jimmy Sommerville, “Smalltown boy” en tête.

La vrai prouesse de The man eating tree est de savoir doser les morceaux, les moments d’interlude, les passages plus énervés et les explosions mélodiques. Aucun ennui ne viendra interrompre votre écoute. Même les titres les plus calmes, dont je ne suis habituellement pas friand, sont des perles musicales. “Night in white satin”, outre son titre qui fait sourire, est LA chanson romantique du métal actuel (la chanson love quoi, celle qui donne envie aux couples d’enfanter et aux célibataires de pleurer). Il s’agit bien là de la relève de Scorpions, le “Still loving you” du groupe. Parlons aussi de “King of July”, le morceau phare de Vine. Évoluant d’une base à la limite du gospel à des envolées épiques, son refrain reste en tête pour la journée, agaçant votre entourage qui vous reprochera de siffloter (mal en plus) à longueur de temps. Dans la voiture, en faisant la vaisselle, en vous lavant les dents, pendant un câlin (ce qui devient assez délicat).

Il paraît que la production des artistes reflète leurs personnalités. Ainsi Piet Mondrian, figure de proue du minimalisme et des compositions géométriques en peinture, était un piètre danseur car trop rigide, à l’image de ses toiles. Si tel est le cas, l’univers quotidien des membres de The man eating tree doit être brouillard, douleurs et moments passagers d’accalmies. Le tout avec une grande classe.

Pour faire simple, j’adore cet album, j’adore The man eating tree.

Site Internet : http://www.themaneatingtree.com/

My Space : http://www.myspace.com/officialthemaneatingtree

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