Surma – The Light Within

Le 24 décembre 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Viktorie Surmøvá : chant
  • Rens Bourgondiën : basse
  • Heri Joensen : guitare
  • Session :
  • Andrey Ischenko : batterie
  • Lars Vinther : orchestrations

Style:

Metal Symphonique

Date de sortie:

06 novembre 2020

Label:

Metal Blade Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“Mieux vaut allumer une seule et minuscule chandelle que de maudire l’obscurité.” Proverbe chinois

Les « supergroupes ». Tout le monde s’extasie devant un combo de musiciens internationaux connus et reconnus dans le milieu, mais en général, de ce que je connais des supergroupes soit pas grand-chose, cela reste plus un épiphénomène qu’une réelle démarche artistique. Je me suis rarement, pour ma part, extasier devant un projet de supergroupe pour la simple raison, pas toujours bonne j’en conviens, que je n’admire pas avec autant de fanatisme les musiciens de metal que certains de mes confrères, consoeurs et collègues musiciens. C’est vraiment très très rare que je sois en émoi devant le talent d’un musicien. Le dernier en date étant Jan Akkermann dans ma chronique sur son dernier album, il entre dans le cercle ultra restreint des zikos que j’admire énormément. Pour le reste ben… C’est le néant. Donc quand je vois des supergroupes comme Ov Hell qui a fait un (pauvre) album, Killer By Killed chroniqué récemment par mon copain Jamzy mais qui ne m’a pas enthousiasmé outre mesure, Down et Cavalera Conspiracy qui ne me plaisent pas franchement non plus, Arcturus qui se forme et réforme en fonction de la densité du vent, Lindemann… Sans commentaire, etc. Vous l’aurez compris, hormis Sinsaenum qui m’a bien plu et Demons & Wizards, je n’ai jamais été friand de ce genre de démarche. Je suis plutôt friand d’ailleurs de « clubs musicaux » comme Buena Vista Social Club par exemple, qui ont le mérite de travailler ensemble dans le sens, sans se disputer le bout de gras on va dire. Bon! Cette introduction avait pour but de planter le décorum puisque je suis amené à vous présenter dans cette nouvelle chronique le (super)groupe international Surma, et son premier album intitulé The Light Within.

Surma est un projet musical qui a été fondé en 2018 avec les musiciens Alexandr Zuhkov, batteur russe de Rumaska et ancien batteur, entre autres, de Trelleborg que j’aime beaucoup par sa diversité musicale et les trois musiciennes très sexy qui l’accompagne (désolé à toutes les féministes) ; Viktorie Surmøvá, tchèque, qui officie en tant que chanteuse et qui est aussi celle des groupes Bohemian Metal Rhapsody (qui est déjà en lui-même une sorte de supergroupe tant il y a de musiciens live!) et Surmata ; Rens Bourgondiën, bassiste néerlandais qui est le seul à ne pas avoir de « pedigree » connu autre que Surma ; et enfin, le musicien le plus connu de ce projet musical est Heri Joensen, très connu comme étant le chanteur et guitariste de Tyr, et d’un (autre?) projet éphémère appelé Heljareyga. Concernant ce dernier, j’avoue avoir une relation ambivalente très marquée. J’admire le travail qu’il a accompli avec Tyr, et j’adore particulièrement le fait que les Îles Féroé, que je rêve un jour de visiter comme dernier bastion viking, aient un représentant de cette trempe. Mais j’ai un peu de mal avec le personnage en lui-même, ce qu’il renvoie comme image et la dernière prestation scénique de Tyr qui n’a plus grand chose de « viking » et Heri Joensen étant porteur du groupe, son orientation musicale qui me déçoit. De fait, je n’ai pas un seul album de Tyr chez moi alors que la musique me plaît assez. C’est une des rares ambivalences que je connaisse dans le metal, et j’espère secrètement que ce supergroupe qu’il a fondé va me faire un peu changer d’avis. En tout cas, nous voici avec un premier album à décortiquer!

Déjà, l’artwork ne me transcende pas. C’est bien entendu le style qui veut cette espèce de romantisme pseudo-gothique avec la chanteuse Viktorie qui se statufie inexorablement, un peu comme une pierre tombale ornée des fleurs roses que l’on voit. La présence en fond et de manière discrète du visage de Heri en mode fantomatique, surfe un peu sur le cliché spirituel associé à la Mort. En plus, le logo du groupe est agrémenté d’un coeur qui se fait entre le S et le R de Surma et qui apporte un côté bien kitsch supplémentaire et qui a la lourde tâche de me rappeler combien, à l’époque, j’exécrais les groupes estampillés romantiques comme HIM par exemple. Il faut toutefois reconnaître une chose : la chanteuse est plutôt jolie et se prête bien à ce genre de cliché romantico-gothique. J’imagine donc sans peine que le concept du groupe, dont le nom signifie en finnois (ou estonien) « décès », va piétiner les plates-bandes des groupes symphoniques aux accents gothiques et qui mettent la part belle à un univers cucul la praline au format noir. En soi, je n’ai rien contre le fait qu’un public puisse trouver son compte dans ce genre de musique alambiquée et surfaite, mais ce n’est juste pas ma tasse de thé. Autant les groupes plus gothiques que vraiment romantiques comme Theatre des Vampires ou Cradle of Filth, ne me dérangent pas tant que cela (si on enlève la voix horrible de Dani Filth, cela passe limite bien!), autant les groupes à l’eau de rose et qui en plus, par leur démarche commerciale, ne brilleront pas d’originalité et resteront planqués derrière « ce qui plaît au public pré pubère », non merci. Franchement, je ne suis pas emballé du tout à l’idée d’écouter le contenu qui se dissimule derrière ce concentré, non pas de tomates parce que cela aurait eu le mérite d’être bon, mais d’éléments poncifs. Pas terrible du tout.

Et ce fut-là mon tort parce que, pour ce qui est de la musique, eh bien, comment dire… Cela passe! Ce n’est pas LE album de la décennie, mais la musique, metal symphonique dans sa forme la plus old school, a le mérite d’attirer l’auditeur et d’être accessible, donc facile à se farcir! Mon seul souci est, finalement, de parvenir à trouver UN élément qui démarquera définitivement ce premier album car – et c’était inévitable -, il n’est pas très original. Je ne sais pas si c’est le style symphonique qui est très codifié, ou s’il y a quelque chose de plus old school dans ce The Light Within, mais chaque fois que je découvre un album de metal symphonique, s’il n’est pas accompagné par un autre sous-genre, je le trouve redondant. De fait, les morceaux ont la même base de composition, assez basique justement, et si je ne nie pas qu’il est plutôt bon, il n’en demeure pas moins que quand on a une grande soif de découverte et de nouveauté, il est compliqué de se dire que cet album rime avec ces deux paradigmes. Grosse empreinte à la Heri Joensen en revanche surtout dans les mélodies guitares! La première écoute me donnera une bonne impression, mais comme dit le proverbe grivois : « cela m’en touche une sans faire bouger l’autre. »

Ce serait bête de ne pas objectiver quelques éléments n’est-ce-pas? Alors, allons-y! La production est à la hauteur du statut international et de la sortie chez l’immense label qu’est Metal Blade Records et qui vaudra au groupe de figurer en haut des affiches. C’est donc sans surprise que la production et le travail en studio sont excellents. Ce qui m’étonne un peu plus est la non-présence sur le line up, d’un vrai claviériste. Autant je n’ai rien contre les arrangements et le sample, mais j’aurais aimé voir un « vrai » connaisseur des orchestrations, et un instrumentaliste qui assure en live en tant que musicien permanent. Non seulement cela aurait plus de gueule, mais en plus les arrangements auraient probablement été… Différents. Comme un batteur fait des pistes studio comme un « vrai » batteur, et qu’un multi-instrumentaliste le fasse autrement mais moins naturellement on va dire. Bon, après, les instruments sont très bons, le son est impeccable, rien à dire de plus, le contrat est rempli.

Les compositions, et je vais sûrement me répéter, souffrent d’un manque cruel de nouveauté. Elles n’en demeurent pas moins très bonnes, avec des mélodies qui restent bien en tête et j’imagine que si tel est le cas, le contrat est également rempli. La part des choses n’est pas aisée puisqu’on est tenté de percer le mystère de l’originalité quand on chronique un album, et lorsque ce mystère est aussi vaporeux que le dioxyde de carbone, il est difficile de trouver de quoi vanter le CD. Dans le cas de The Light Within, je dirais qu’il ne faut pas chercher plus loin que l’évidence : cet album s’adresse à un public hyper large et n’a donc pas tant d’originalité que cela, plutôt la facilité. Cette dernière a néanmoins du bon, et je trouve les pistes plutôt sympas mais comme les compositions sont classiques, et comme j’expliquais plus haut, ma recherche de nouveauté fait qu’elles ne me touchent pas plus que cela. Je pense qu’il faudrait un jour arrêter d’espérer qu’un groupe agissant sous l’étendard du metal symphonique propose un jour une musique originale. Je me fais cette réflexion à moi-même et je la partage avec vous parce que clairement, c’est un style cloisonné et l’innovation n’existe qu’en quantité minime. Il y a treize morceaux et c’est à peu près tout ce que je retiens d’intéressant. Pour le reste vous vous ferez votre propre opinion.

En revanche, et c’est là tout le problème de l’ambivalence que j’éprouve pour Heri, mais comme pour d’autres, je suis toujours impressionné non pas par le talent, parce qu’il n’est plus à démontrer le concernant, mais par l’aspect très professionnel qu’il amène à sa musique. Les autres musiciens sont de la même mouvance, mais comme je ne les connaissais point, je suis un peu plus frappé. La chanteuse, loin d’être une débutante, envoie vraiment bien niveau chant clair. J’ai d’ailleurs mille fois préféré les prestations live du groupe que j’ai pu voir sur YouTube qu’en studio, ce qui corrobore une hypothèse que j’échafaudais en faisant la chronique : Surma est plus un groupe de concert. Il manquerait probablement un peu plus de prestance scénique pour elle, mais franchement niveau chant c’est du très bon. J’ai aussi été étonné de voir que Heri officie aussi bien en chant de gorge, il me fait penser au chant de Skalmöld mais en plus posé. Si je trouve que l’utilisation de sa technique de chant n’est pas la meilleure pour le studio, en concert encore une fois ça passe bien. Le batteur est vraiment bon, j’aime beaucoup ces parties, on sent qu’il est très bon. Vous voyez? Il y a de quoi s’extasier sur cet album quand-même, et alors, grand moment que je croyais ne plus jamais avoir un jour concernant Heri : j’aime vraiment beaucoup ses parties soli et plus mélodiques en accompagnement des orchestrations. Hélas beaucoup trop rares pour que je trouve un intérêt certain comme stipulé plus haut…

Le seul gros point fort que j’ai aussi retenu, et c’est mon côté païen et grand amoureux des Îles Féroé qui parle : la référence dans l’album à Kópakonan, la femme-phoque, qui raconte une histoire selon laquelle les phoques seraient des êtres humains ayant cherché à se donner la mort dans la mer ou les océans et que ces derniers auraient le droit une fois par an à reprendre forme humaine pour se divertir le « treizième soir ». C’est, sans vouloir être méchant, la seule originalité franche du CD et j’y vois un bel hommage à son île de la part de Heri.

Je conclurai cette chronique en ne gardant, pour l’intérêt du groupe, que la part objective que j’ai pu mettre en avant concernant ce premier album chez Surma et qui se reflète dans la note finale. En fin de compte, c’est typiquement le style de musique, metal symphonique bien commercial, qui plaira à un public qui débute, qui se cherche dans un style un peu néo-gothique, et qui aime le côté épique de ce genre-là. L’album fait le job de belle manière et trouvera évidemment son public. Si je devais parler de ma part subjective, je dirais, pour résumer en une phrase, que c’est le genre d’album que j’évite parce que cette recherche de commercial à outrance, fait que la musique ne sonne pas vraiment sincère et souffre d’un manque cruel et indéniable d’imagination. Un avis bilame, à double tranchant, dans lequel je suis convaincu que vous trouverez votre opinion mais pour lequel j’ai choisi de camoufler mon propre avis pour ne garder que l’aspect objectif, et il valait mieux.

Tracklist :

1. Rendition 01:36
2. Reveal the Light Within 04:22
3. Like the River Flows 04:26
4. Fire and Wind 04:02
5. Desire 03:18
6. The City of Winds 03:14
7. The Selkie (Kópakonan) 03:22
8. Until It Rains Again 03:28
9. Emptiness (Is No More) 03:57
10. Cages of Rage 04:50
11. Downfall 04:10
12. Lost to Time 03:48
13. Deconstruction 02:32

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