SuidAkrA – Lupine Essence

Le 20 février 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Arkadius Antonik : chant saturé, guitare
  • Marcel Schoenen : guitare, chant clair
  • Christoph Zacharowski : basse
  • Stefan Möller : batterie
  • Daniela Voigt : claviers, chant féminin

Style:

Black Metal Mélodique / Folklorique

Date de sortie:

28 novembre 2020

Label:

MDD Records (réédition)

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Ultra-nostalgie : Nostalgie du passé immédiat : « Merde, ça allait tout de même mieux la semaine dernière. » Douglas Coupland

En ce moment, si les labels étaient personnifiés par une seule entité morphologique, de préférence humanoïde, je les verrais bien comme des gentlemen gracieux, avec de beaux costards, les cheveux gominés, l’air fier et le port altier, en train de fumer une sorte de gros cigare bien baveux. Je me planterai devant lui comme un chihuahua se planterait devant un cane corso, je prendrai ce grand gaillard par le colback et je lui dirai un chuchotement à peu près comme ceci : « aaaaaaaaaaaaah mais putain de bordel d’hémorroïde de trou de balle de canard unijambiste!!! Tu en as pas marre de sortir des fucking rééditions?? Pourquoi mais pourquoi tu nous inondes de ces vieux CDs comme une baleine bleue sans baise depuis des mois noierait elle-même l’océan dans son propre sperme??? Quel-est-LE-putain-de-but? Ne t’avise surtout pas de me dire que les groupes actuels sont nuls au point de ne pas satisfaire ton égo de diplodocus dans une souricière!!! Et franchement, franchement mec, au vu de tes rééditions, tu ferais mieux de t’amputer d’un rein ou d’un testicule et de le revendre sur le darknet pour vivre que de nous rabâcher la cervelle avec tes disques jaunis comme les dents de Gainsbourg avant qu’elles ne choient lamentablement par terre! 1997, mec! Quatre-vingt putain de dix-sept! J’avais sept ans, je commençais à arrêter de sucer mon pouce et j’envisageais à peine de sucer les biiiiiiiiiiiiiip » (NdMetalfreak : ça vient donc de là…) Et là, la représentation sycophante d’un label aurait deux solutions : soit de courber l’échine et de s’excuser pour son erreur de débutant (comme ce fut le cas pour le groupe Seraphic Entombment par exemple, LOL), soit il me colle une énorme mandale dans la tronche à m’en décrocher la mâchoire et les yeux des orbites tellement sa réédition c’est de la bombe. Voyons donc si cette énième réédition, celle d’un album de SuidAkrA, me fera mal. Dans le bon sens du terme, pigé?

SuidAkrA, pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe au nom typographique étrange, ce n’est pas un dernier né. Un groupe qui existe depuis 1994, qui a vu les lueurs des premiers jours en Allemagne, à Düsseldorf (très belle ville au passage), ce n’est déjà pas rien en soi. Mais quand on sait en plus de cela que ce dernier en est à quatorze albums, une démo et un EP, on se dit que le curriculum vitae est plutôt fourni. Plutôt ouais! D’ailleurs, le dernier album est sorti 2019. Un groupe qui continue son activité musicale avec autant de productivité et de rigueur, on pourrait se demander alors pourquoi il ressort son tout premier CD, Lupine Essence, sorti pour le coup en 1997, soit 24 ans après. Il se murmurerait que pour les 25 bougies du groupe, il se trame quelque chose mais chut… Je ne vous ai rien dit. Quoiqu’il en soit, cette réédition existe au format CD et vinyle et se targue d’être remasterisée. On va bien voir!

Comme à ma dernière chronique d’une réédition (Dozer), la pochette n’est pas restée la même qu’en 1997 mais y ressemble. C’est à dire un beau manoir abandonné dans un décor légèrement enneigé. Le temps est maussade, les arbres ont perdu leurs feuilles et quelques oiseaux volent en haut à droite de la pochette. Le tout sur des tons bleus plutôt agréables, sur de la nuance bleu-roi que j’aime bien et qui ramène à un ciel de nuit éclairé par une pleine Lune cachée par les nuages. Pour ce qui est de la signification du titre « Lupine Essence« , il y avait deux possibilités selon moi : une concernant la plante qui porte le nom de lupin, l’autre concernant les loups-garous. Il faut savoir en effet que « lupin » est un synonyme de loup-garou, d’où d’ailleurs vous l’aurez compris, le nom de Remus Lupin dans Harry Potter. Difficile toutefois de savoir dans quel folklore on se situe, puisque les germaniques sont un peu mélangés, pour cette croyance, avec les scandinaves et la mythologie. Après, au vu du décor sinistre de la pochette, je suppose qu’on est plus sur le fantastique des années 90, mais sans conviction aucune de ma part. On peut néanmoins rapprocher l’idée d’un loup-garou avec la Pleine Lune émergeant des nuages! Je me pencherai dessus plus bas, je n’en suis qu’à des idées conceptuelles. En tout cas, je trouve que pour le coup, le style de la pochette, qui était déjà en peinture, fait qu’elle n’a pas spécialement vieilli et qu’elle me semble bien attrayante malgré les années. Ce qui est bien entendu une bonne chose pour une réédition.

Pour la musique, elle est à prendre avec les égards et les années qui lui sont dues. On se situe selon moi sur les prémices d’un black metal mélodique qui en serait donc à ses balbutiements et qui n’est pas encore officiellement existant. Par contre, les riffs sont clairement très metal folklorique, cela ne fait aucun doute même si pour valider ce style, il faudrait quelques instruments folk par-dessus et en plus, car hormis une nappe de claviers et des guitares sèches par moment, on n’a au final pas grand-chose. Et comme une nappe de claviers ne suffit pas à faire du metal folklorique digne de ce nom, je pense que l’on va rester sur l’idée d’une sorte de black mélodique. Je reconnais quelques riffs typiques du genre d’ailleurs, et les accords de guitares ne sont pas assez lourds pour étayer l’idée d’un death mélodique par exemple. C’est une musique en tout cas qui me semble pour l’époque déjà très novatrice, même si cette époque avait vu l’avènement de nombreux groupes folk y compris en France avec Bran Barr par exemple. Et forcément, vu que je suis un féru total de cette époque musicale, que ce soit en black metal ou en metal folklorique, j’adore cet album. Je replonge totalement dans mes années nostalgie et finalement c’est le but d’une réédition! Les claviers d’antan restent selon moi les meilleurs, les riffs étaient totalement novateurs et la part belle à un folklore était tellement dingue pour l’époque que la frénésie qui a suivie était à la mesure de cette dinguerie. J’adore!

Et quelque part, je me réjouis de constater que la production est la même. Autant dans certains cas, on crie au loup quand la production est mauvaise et qu’une réédition brute sort, comme ça a pu m’arriver récemment. Autant ici, avec ce son tellement unique et les riffs tout frais, c’est notre Chris Metalfreak en culotte de velours (NdMetalfreak : mmmmmh ?) ! En plus, j’ai remarqué qu’à l’époque, SuidAkrA avait autoproduit ce premier album donc le son qui en émane souffre de quelques imperfections mais qui fait son charme. On a notamment les chœurs féminins qui sont légèrement mal réglés, le son de la batterie et de la basse qui sont trop forts ou pratiquement pas arrangés, et les guitares un peu en retrait. Mais tout ce que je vous dis, c’était typique de cette époque révolue. Les claviers sont eux assez simples, peu usités et reste sur des arrangements peu évidents. Le chant est fort et presque pas arrangé non plus. Bref, un son qui n’a pas bougé, qui est resté dans les années 90 et comme j’adore ce genre de production, eh bien j’adore celle-ci malgré tout. Je sais que c’est difficile à comprendre pour les auditeurs ayant l’habitude d’un son propre et carré, mais tout le charme d’antan, que ce soit par exemple dans une brocante quand vous chinez, quand vous matez un film culte ou quand vous écoutez les CDs d’époque, réside dans les imperfections. Alors, moi, j’adore!

On était vraiment à l’apogée d’une belle époque quand-même en 1997. J’avais sept ans quoi… Je ne connaissais même pas le metal et quand j’entends les compositions de ce Lupine Essence, je me dis que je suis né trop tard. J’aurais adoré connaitre cette époque de manière plus concrète. C’est en quelque sorte un regain total pour tout ce qui est folklorique, fantastique et horreur. Il y a donc eu une explosion dans l’art en général, mais particulièrement la musique. De fait, les compositions de ce premier album en sont à quelques errances, sur des riffs tantôt bien black metal, tantôt des passages en clean avec les guitares, tantôt des riffs épiques, etc. C’est un peu le bazar quoi! Mais il en était de même chez Bran Barr, Aes Dana, Cruachan pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui, je trouve que le metal folklorique souffre un peu trop de son progrès, le charme de l’époque me manque. Avant, c’était très personnel, très brouillon mais l’intention était là, l’authenticité aussi. Et clairement, les compositions de ce Lupine Essence, je les adore pour cela. Pas de doute là-dessus : SuidAkrA a sorti une bombe atomique dans ces années-là. Les six derniers morceaux remastérisés ne diffèrent d’ailleurs pas énormément je trouve, même s’il y a cette touche de modernité dans le son qui redonne un coup de jeune aux morceaux, je trouve qu’au moins SuidAkrA n’a pas cherché à trop changer. Et c’est très bien!

Les musiciens sont évidemment bons mais brouillons un peu, cela s’entend. Mais cela ne me dérange pas, je ne vais pas refaire tout une diatribe dessus et lorsque l’on a une carrière aussi bien remplie et inspirée, il est bien évident que les zikos savent de quoi ils causent et sont évidemment très bons. Le chant quant à lui est du même acabit, c’est à dire brut de pomme et sans arrangement particulier. C’est un peu déroutant pour les oreilles sensibles, mais c’est pareil. Quand vous écoutez Aes Dana, vous pouvez être horrifié par la voix agressive sans retouche de Vidar, pourtant quand vous mettez tous ensemble cela colle super bien. Eh bien ici, c’est pareil. Après on peut s’interroger sur la technique de chant, qui est un peu singulière puisqu’elle reste bien posée dans la gorge, sans réellement puiser sa puissance en bas dans les boyaux. Mais en ce qui me concerne, je ne suis pas surpris dans le sens où les retouches que l’on fait actuellement faussent totalement la voix de départ. Donc, un chant à prendre comme il est, avec du recul. Les chants clairs en chœurs, qu’ils soient féminins ou masculins, ont des rôles différents mais là encore, sont intelligemment placés. Les voix féminines interviennent dans un but mystique, avec des chants un peu flippants par moment, comme des enfants. Et les voix masculines sont bien guerrières, un peu comme les chœurs d’Ensiferum par exemple. Vous voyez? C’était le bouzou, mais au moins c’était innovant et recherché! Ahlala…

Petite parenthèse vite faite sur le concept album : en fin de compte, j’ai fait mes recherches pour rien parce que l’album ne parle pas spécialement des loups-garous. Ce sont des textes très variés, avec plusieurs références légendaires différentes comme les Banshee, Havoc, quelques références guerrières celtiques comme les cornemuses (Warpipes), les ménestrels, et enfin quelques références plus fantaisistes comme les dragons, les songes. C’est donc un album plutôt centré sur les mythes celtes, qu’ils soient légendaires ou guerriers. D’ailleurs, il faut savoir que chez les Celtes, le loup-garou en tant que tel n’existait pas vraiment, il s’agissait d’expériences mystiques où un druide portait une peau de loup et la tête en coiffe, et avait la capacité d’entrer en contact par moyen de transes et de rites, avec les esprits et notamment donc celui du loup. Voilà pour la minute culture.

C’est le moment pour moi de mettre un point final à cette chronique. Une réédition oui, encore et encore… On vit une drôle d’époque où soit les groupes sont au bord du burn out et ne produisent plus rien en attendant que la crise passe, soit les labels sont empreints d’une énorme nostalgie, au point dans les deux cas de se sentir obligé de ressortir des CDs momifiés pour en faire des bibelots tout neufs! Enfin, tout neufs, pas tant que cela puisque la majorité des rééditions maintiennent leur luxe d’antan. Dans le cas de SuidAkrA, j’ai surtout compris l’intérêt principal des rééditions : se replonger durant un court instant dans ce qui faisait la beauté de toute une époque révolue du (black) metal. A savoir des mélodies devenues plus guerrières, plus épico-fantastiques ; des essais d’incorporations de plus en plus importants, notamment sur le plan folklorique ; et enfin, ce son… Ah mes Dieux, ce son! Qu’est ce qu’il est jouissif. Un vrai bol d’air dans un vieux pot en quelque sorte. Cette réédition aura donc totalement rempli sa mission : se souvenir que certains d’entre nous n’étaient pas nés et ont vraisemblablement raté l’une des vagues metal les plus belles et les plus innovatrices qui soit. Quand on voit son héritage d’aujourd’hui, on se dit que l’impact des années 90 était immense et malgré le progrès, continue à vivre au travers des groupes actuels. Lupine Essence est ainsi l’essence même du black metal devenu mélodico-folklorique.

Tracklist :

1. Banshee (4:41)
2. Dragon Tribe (4:21)
3. Heresy (3:54)
4. Sheltering Dreams (3:16)
5. Havoc (4:02)
6. Warpipes Call Me (4:17)
7. …and a Minstrel Left the Mourning Valley (instrumental) (2:04)
8. Internal Epidemic (3:17)
9. Banshee (2019) (3:42)
10. Heresy (2007) (4:31)
11. Sheltering Dreams (2020 version, unreleased) (3:57)
12. Havoc (2019) (4:43)
13. Warpipes Call Me (2019) (3:37)
14. …and a Minstrel Left the Mourning Valley (instrumental) (2020 version, unreleased) (2:11)

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