P.O.E. – Of Humanity and other Odds Things

Le 3 mai 2020 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Charles Wooldridge : chant
  • Emmanuel Botch : guitare
  • Francis Gebirge : basse
  • Aleksander Ladislaw : batterie

Style:

Shock rock

Date de sortie:

3 Avril 2020

Label:

Revalve Records / Sheratan Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

“Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entraînante découverte, – quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort.” (Edgar Allan Poe)

Je faisais une précédente chronique où je me suis lancé sur toute une diatribe limite un peu acerbe sur le terme « Metal gothique », où j’expliquais ma difficulté à assimiler ce mélange de deux concepts aux antipodes que sont le Metal et le mouvement gothique. Le hasard, si tant est qu’il existe, ce dont je doute fortement, m’a mis sur le chemin d’un autre concept musical qui me semble légèrement plus accessible, mais indirectement assez lié avec le concept d’ambiance gothique cette fois-ci : l’Horror Rock ou Horror Punk. Faisant état de mon inculture pour ce style de musique, mis à part ma rencontre génialissime avec le groupe de Shock Rock Bad Tripe, et mon adoration absolue pour la musique des films de Tim Burton, je suis parti en me demandant ce que pouvait donner deux aspects assez éloignés comme le style horrifique et le Rock. Enfin, « éloignés »… En fait, je n’en sais rien. J’applique à la lettre le dogme de Socrate qui dit : « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». Et c’est donc fort de cette ignorance que je pars découvrir en toute hâte le groupe P.O.E et son dernier album qui s’appelle on ne peut plus simplement (n’est-ce-pas monsieur le correcteur ?) Of Humanity and other Odds Things [dis donc… y aurait pas comme une faute dans ton recopiage de titre, là ?! Allez, comme je suis un chacal, je te la laisse cette fois-ci (Hans Aplastz)]. On est parti pour une petite virée dans l’horreur, les aminches ! **rictus sardonique et rire de méchant, genre Dr Denfer**

P.O.E pour en fait « Philosophy Of Evil », mais le groupe s’appelle sur beaucoup de liens Internet « P.O.E », comme un certain Edgar Allan, en plus de cela. Ingénieux, non ? Pour avoir des informations, ce n’est pas super évident parce que la biographie du groupe est écrite en anglais et en italien, ce qui me semblait être la bonne nationalité pour ce qui est de l’italien. Oui mais voilà… Le nom des musiciens est typiquement anglophone donc j’ai passé un temps fou à démêler le pourquoi du comment et finir par cerner que P.O.E a vu le jour en 2012 sous la houlette du bien-nommé Charles Wooldridge qui est le chanteur du groupe et que, vraisemblablement, même si rien ne le confirme vraiment, ils nous viennent bien d’Italie. L’EP qu’ils ont sorti en 2015 nommé The Tell-Tale Heart leur a valu une récompense en 2016, je cite : « Lauréats du deuxième prix du « Vampyria Metal Contest » 2016 qui se tient chaque année au Vampyria Gothic Cafè à Reggio Emilia ». En soi, même si la récompense ne me dit rien, cela fait classe sur un CV ! Alors est intervenue par la suite une signature chez un label appelé Sheratan Records et cette collaboration a débouché sur ce premier album !

Premier album qui met d’emblée la barre très, très haute avec une pochette de toute beauté ! Outre un soin précieux apporté au graphisme, c’est le concept fort recherché de l’album qui me ravit au plus haut point. J’adore le décor de fond, très époque victorienne – considérée comme une des époques les plus macabres par les chineurs -, ce bonhomme de bois qui s’arrache le visage avec un ciseau fort stylisé, pour le jeter violemment au sol par la suite, on aborde vraiment un côté folie furieuse qui me plait tout de suite. En attestent les fameuses griffures sur le mur pour compter les jours, qui font penser que notre pantin de bois était séquestré ou quelque chose du genre. Regardez bien, c’est l’allégorie du confinement actuel ! Non je blague. Mais en tout cas, le décor est planté sans aucun doute et, en regardant la pochette de leur premier EP, j’ai vu qu’on était vraiment dans le thème de l’horreur dans son aspect « folie/noirceur/macabre ». Si j’étais un peu tatillon – ce que je suis en vérité -, je ferais remarquer que la pochette n’a en revanche pas réellement de rapport avec l’adoration que voue le créateur du groupe pour Edgar Allan Poe. Ou alors, je me trompe lourdement et il s’agit d’une dédicace à une œuvre de l’auteur mais, ayant fait des recherches, je n’ai rien trouvé. [Ah bon ? Pinocchio, c’est pas d’Edgar Allan Poe ? (Hans Aplastz)] Mais bref, passons ! La pochette est très belle, c’est ce qui compte pour une fois.

Autant vous le dire tout de go : j’ai eu un souci. Un GROS souci même… Je me dois de l’avouer, à genoux : le deuxième morceau est tellement addictif que je l’ai écouté en boucle pendant au moins une heure ! Délaissant par-là mon objectivité et mon caractère studieux, je me suis passé en boucle ce morceau qui est extrêmement bien construit, avec des ambiances dans un mélange de films d’horreur et d’époques anciennes, tout ce que j’aime ! Certains emploieront le terme « creepy » pour décrire l’ensemble ; moi je dirais que nous sommes typiquement sur des ambiances que l’on retrouve dans des films comme La Maison des mille morts ou, récemment, dans le film Ghostland. D’ailleurs, je n’en suis pas certain mais je pense que beaucoup de samples sont faits d’extraits de films… à vérifier. Mais ce que j’adore dans ce morceau, c’est bien évidemment aussi la partie rock que je vais décrire dans son ensemble.

La musique me fait immédiatement penser à du Shock Rock, une musique rock agressive mais sans outrance, plutôt provocatrice, avec des passages simples qui se veulent en osmose avec les samples, un peu comme le Metal symphonique qui a besoin d’épouser pleinement les harmonies des samples. Ici, le rock est donc varié selon les morceaux, tantôt énergique, tantôt posé et mélodique, limite un peu jazzy comme sur le morceau « You’re my Stream », ou même carrément musique reggae sur le morceau « Shipwreck » ! Donc un rock qui se met totalement au service du travail fait sur les samples. Les ambiances sont complètement changeantes aussi, avec certains morceaux qui sont ce qu’on appelle « grotesques » avec ce mélange d’amusement et d’horreur, d’autres qui sont carrément plus flippants. On retrouve tous les ingrédients basiques d’une bonne ambiance horrifique mais bon enfant quand-même, avec quelques chœurs très « L’Etrange Noël de Mr Jack« , des voix féminines lyriques, des tourne-disques, des boites à musiques macabres, des rires d’enfants, etc. Ce CD est d’ores et déjà un conte à lui tout seul et, ça, c’est exactement ce que je recherche dans un album donc, forcément, chez moi, cela fait mouche ! Une telle profusion de samples, c’est limite une explosion de saveur dans une assiette, quoi !
Bon, il faut quand-même noter une chose : sur les treize morceaux qui constituent cet album, il y a tout de même quatre morceaux qui sont le prélude et des interludes donc ne vous trompez-pas : il n’y a « que » neuf morceaux réels on va dire.

Dans ce genre de CD très prolifique, je suis toujours et serai toujours épaté par la production. Quand on a comme cela un véritable kaléidoscope de morceaux, parfois déstructurés, parfois complètement changeants sur le tempo ou les riffs, mélangez à cela les samples qui ne sont pas du même réglage sonore, vous avez un véritable travail titanesque à faire en studio pour faire en sorte que l’album soit audible, tout simplement. Là, non seulement le travail est titanesque mais, en plus, il est véritablement et haut-la-main réussi ! Le son est juste quasiment parfait, rien ne laisse transparaître que c’est un premier album. Je suis tout simplement et littéralement sur le cul ! Ce son est du petit lait à boire, un vrai nectar auditif, et on se demande encore comment ce CD ne peut pas figurer comme la bande-son d’un film d’horreur de Rob Zombie. J’abats donc au plus bas que la gravité me permet mon chapeau au studio qui a permis de sortir un CD aussi pur, aussi beau. Quel régal, mes aïeux !

Le chant est majoritairement en clair et cette voix si particulière se met elle aussi totalement au service de l’ambiance horrifique de l’album. Une voix dérangée, déraillée par moment, inquiétante quand elle se chevauche avec des chœurs féminins lyriques ou d’autres voix superposées. Sur le morceau de fin appelé « A strange Case », le chanteur va complètement péter les plombs et se mettre à hurler un peu. On voit bien qu’ici le chant hurlé est à dose homéopathique et cela démontre un point que je n’avais pas mentionné : ce que moi j’appelle « l’intelligence de composition », qui consiste à doser efficacement les éléments musicaux sans tomber dans l’outrance. Ce chant qui reste résolument clair mais qui varie un tantinet quand il faut démontre justement que le groupe compose intelligemment, ce qui est de nouveau un point irréfutable qui atteste d’un travail colossal. En tout cas, je tire mon sombrero au chanteur qui remplit son rôle à la perfection, comme un comédien au théâtre donnerait tout jusqu’à la baisse du rideau.

Bon il est temps de fermer le rideau, justement, et de vous laisser découvrir cet incroyable CD qui m’a mis en appétit dès le deuxième morceau, provoquant une symbiose entre mes oreilles et mes membres qui se sont mis à bouger sans l’accord de mon cortex. Comprenez en fait que j’ai dansé quoi. En tout cas, avec son Of Humanity and other odd Things, P.O.E se voulait donner une imagerie musicale au grand auteur qui lui sert de patronyme et je pense humblement, sans connaître le grand Edgar personnellement (sinon il y aurait un souci dans la faille temporelle), que ce dernier va apprécier l’offrande et l’hommage. En tout cas, pour un premier album, les italiens ont mis la barre plus que haute : ils ont créé un nouveau barreau à l’échelle du talent musical en une ascension. Donc, cent fois, mille fois bravo, ce CD est un pur prodige !

Tracklist :
1. Prelude
2. Puppet Show
3. Horror Vacui
4. Love-Death
5. You’re my Stream
6. In loving Madness
7. Sehnsucht
8. Shipwreck
9. The City in the Sea
10. Schizophrenia
11. Ratz everywhere!
12. What does the Rabbit want to kill me
13. A strange Case

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