¡Pendejo! – Toma

Le 13 octobre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Joerie Dekker : guitares
  • Stef Gubbels : basse
  • Sjoerd! van der Knoop : batterie
  • Menno Roymans : trombone
  • El Pastuso : chant, trompette

Style:

Stoner

Date de sortie:

26 aout 2021

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Si tonnerre, un seul coup, fait sonner sa trompette, Vous aurez tempête complète. » Proverbe français

Vous le savez sûrement si vous me lisez, je suis musicien dans le monde metal. Chanteur de surcroit, exclusivement chanteur et parolier. Mais je n’ai pas été cela tout de suite ! Je baigne dans le milieu de la musique depuis tout petit, comme un cursus à peu près normal j’ai d’abord officié en solfège puis en chorale. Après avoir eu les rudiments, je me suis lancé dans le saxophone alto, instrument qui ne m’a plus quitté depuis. Même si ces dernières années j’en joue beaucoup moins, je le conserve religieusement comme un trophée, métaphore de mon passé. Il y a eu aussi la cornemuse brièvement, un peu de MAO, mais aujourd’hui ma seule et unique attache musicale reste le chant. La musique metal quant à elle m’est tombée dessus tardivement, vers 13 ou 14 ans. Contrairement à mes comparses, je n’ai pas été fondé sur les groupes glorieux du passé. J’ai attaqué dans le dur, pour amorcer tout doucement un basculement progressif vers un metal plus éparpillé mais sommairement plus calme. Me voilà donc ce soir avec un groupe que je suis depuis que j’ai fait en chronique son précédent album. Il m’avait d’ailleurs fallu du temps pour le faire, après avoir malencontreusement égaré le CD dans mes affaires… Mais ce soir, je suis prêt à réparer mes torts ! Pourquoi j’ai choisi de suivre de plus près ¡Pendejo! ? Parce qu’il n’y a pas que des bases, il y a de l’originalité et des instruments qui m’enchantent autant qu’ils m’enjaillent. Voilà donc une chronique pour parler de « Toma » !

¡Pendejo! est un nom plutôt cocasse, qui plante le décor tout de suite surtout quand on connait le groupe. Cela signifie « connard » ou un truc du genre en espagnol. Mais ne vous fiez pas aux apparences et la cocasserie ne s’arrête pas qu’au nom. ¡Pendejo! nous vient de Hollande ! Dans le port d’Amsterdam, il existe donc un groupe qui chante en espagnol. C’est déjà tout un programme. Bon, sinon, retenez que nos amis du pays des tulipes et du fromage nous ont proposé pas moins de quatre albums avec « Toma » et une démo. Quand on sait que le groupe existe depuis 2006, je n’avais pas tilté à l’époque, mais cela reste un peu faible en quantité. Mais qu’importe ! Je vous le dis en toute objectivité, les albums précédents sont tous excellents et ¡Pendejo! mérite vraiment que l’on parle d’eux. Je me réjouissais d’ailleurs de les voir apparaître sur la liste de vœux mensuelle. « Toma » est donc le quatrième album et m’est avis que cela s’annonce vraiment cool !

La pochette n’a pourtant pas de quoi me réjouir mais pour une raison assez simple : j’ai la phobie de tout ce qui est sous l’eau. Alors, forcément, quand votre pochette se résume à une photographie de requin blanc retouchée, cela ne me fait pas spécialement plaisir. De fait, hormis cette erreur qui n’est nullement le fait du groupe ¡Pendejo!, j’ai surtout un peu de mal à comprendre pourquoi ce choix. « Toma » voulant dire « pris » en espagnol dans le sens de la prise, on pourrait y voir une métaphore des requins qui seraient pris la main dans le sac d’une quelconque escroquerie par exemple. D’un point de vue strictement esthétique, je dirais que ce n’est pas ma pochette préférée du groupe, j’aimais beaucoup les précédentes et celle-ci n’a pas le mérite que j’attendais. Après, il est bien évident qu’on ne peut pas demander à un groupe d’adapter pour chaque auditeur ses artworks, sinon on ne finirait pas d’en avoir sous le coude ! Mais d’un point de vue personnel, celle de « Toma » ne m’offrira pas l’effet escompté. Je suis un peu sur ma faim, heureusement que je ne suis pas requin… Mais passons !

Première grosse surprise ! Cet album est composé pour moitié de reprises et l’autre moitié de compositions. Voilà donc un exercice qui me laisse plein d’entrain tant j’ai hâte d’écouter ce que donnent des reprises à la sauce piquante ¡Pendejo!. Mais d’abord, petit récapitulatif de la musique proposée par nos amis hollandais. Officiant sur des bases stoner indéniables, la particularité principale du groupe est d’incorporer astucieusement de la trompette et quelques fois il me semble du trombone ! C’est donc une musique purement unique, réussir à manigancer un stoner somme toute très classique, avec sa lourdeur et son côté rock très prononcé, avec des instruments à vent qui en plus sonnent extraordinairement hispaniques, c’est juste génial ! J’avais fait l’éloge de cela dans ma chronique qui sonnait comme une révélation de « Sin Vergüenza« , j’avais précisé que l’album ne m’avait pas laissé de prime abord un souvenir spécial mais que j’allais forcément aimer l’album après plusieurs écoutes. Ce fut chose faite ! Voici comment j’ai pu apprivoiser la musique si extra de ¡Pendejo!, et « Toma » ne fait pas exception. Mais là où le groupe met la barre vraiment très très haut, c’est indiscutablement dans ses reprises. Autant les compositions de moitié-fin sont excellentes et reprennent la bonne recette qui marche, comme je le décrivais plus haut, autant reprendre du Iron Maiden, du Black Sabbath, le thème original de Narcos et du Mari Trini (chanteuse espagnole que je ne connaissais pas), le tout à la ¡Pendejo! donc avec du chant espagnol et ses instruments à vent, c’est juste… Magique. Il n’y a pas d’autre mot ! On a de quoi basculer dans une autre dimension, celle de la dérision et du talent ! Il faut vraiment que vous l’écoutiez, aussi ai-je accolé un lien ou deux des reprises et une originale. Mais sincèrement, j’étais resté sur un constat banal pour le précédent méfait, autant ici je n’ai aucune doute : j’adore ce groupe et je vais adorer cet album ! Bref, j’ai été « toma » quoi.

La production est tout simplement intacte ! J’avais honteusement marqué que cette dernière ne laissait pas la place au stoner alors qu’en fait, c’était une énorme erreur d’oreille. Le stoner est bien mis en avant, que ce soit ici ou avant, j’ai tout simplement marqué n’importe quoi, ce qui arrive. Les instruments à vent sont bien mis en avant comme il se doit, mais n’oublions pas de mentionner que la basse et les guitares sont bien là aussi. La batterie a toujours été un peu en retrait effectivement, et sur « Toma » c’est pareil, comme si les cordes amenaient déjà une base rythmique très structurée et suffisamment étayante pour apaiser les futs en arrière-plan. Quoiqu’il en soit, sur ce nouvel album, ¡Pendejo! continue sur sa lancée sonore, qu’elle soit bonne ou pas ce sera à vous d’en juger. J’ai pour ma part largement changé mon fusil d’épaule concernant la production, qui est sans aide extérieure, et qui permet d’avoir toujours cette saveur très… hispanique ! Un vrai régal auditif que ce « Toma« , je recommande !

Définitivement, l’analyse de ce nouvel album offre un vrai talent de la part des hollandais un peu espagnols de ¡Pendejo!. « Toma » a dans ses atouts tout d’abord les compositions qui sont de la même (bonne) veine que précédemment, et surtout ses reprises… Pourtant, je ne suis pas féru d’Iron Maiden ou de Black Sabbath, encore moins de Narcos et je suis un parfait initié de Mari Trini, donc autant dire que je partais sur des bases pas forcément très saines. Mais je les ai adorés ! J’avais l’impression que ¡Pendejo! faisait du ¡Pendejo! sans en faire, c’est étrange. C’est comme si les compositions gardaient un semblant de pureté mais avec des étiolements quasiment cliniques qui incorporent cette saveur qui manquait cruellement. Le choix des pistes reprises interroge un peu d’ailleurs, je serais curieux de lire les motivations des Hollandais. En tout cas, sur cet album, tout est bon ! A une échelle suffisamment timide pour que l’ensemble ne frôle pas la perfection, mais « Toma » est très clairement un très bon album. Sûrement d’ailleurs un début de consécration, j’attends de savoir si le futur album sera entièrement composé, car malgré tout les reprises ne font qu’un travail à moitié pour la prospérité. Mais les compositions nouvelles suffisent à mon bonheur ! ¡Pendejo! est un excellent groupe, plein d’originalité et de promesses. A déguster comme une bonne paella !

Pour le chant, c’est aussi son point fort ! J’adore cette voix puissante, claire mais déclamée avec force et virilité, avec cette enrayement caractéristique très rock, ou très rauque c’est selon. Mais la technicité vocale est géniale, la tessiture à la fois grasse et hurlée donne une touche très spéciale mais qui se fond très bien avec le reste. J’imagine sans peine un chanteur plein d’énergie sur scène, mélange de virilité et de drôlerie qui fait l’identité forte de ¡Pendejo!. J’aime d’autant plus que la ligne de chant reste la même tout du long, que les paroles en espagnols sont résolument bien déclamées et qu’il y a cette même ligne de conduite qui fait qu’on ne s’en lasse pas. L’originalité serait tombée dans un registre assommoir si le chant variait de trop. Mais ici, il est très bien comme il est, ne change pas !

Pour conclure, ¡Pendejo! revient aux affaires avec « Toma« . Ce n’est pas un nouveau musicien mais un album qui a pour but de prendre. Prendre aux tripes avec ce mélange de stoner extrêmement viril et des mélodies hispaniques à la trompette et au trombone qui donnent une vraie identité musicale à nos comparses hollandais. J’attendais secrètement ce nouvel album, pour avoir pris le temps d’apprivoiser le précédent et pour me demander si ce que je reprochais à « Sin Vergüenza » était plus ou moins vérifié. En fait, ce que je reprochais est devenu l’inverse : c’est ce que je fais à ce jour en louanges ! « Toma » est un album qui fonctionne comme un hameçon : suspendu dans une immensité comme l’eau qui est l’imaginaire de l’auditeur, ses meilleurs appâts sont son originalité et sa constance, et attirent de plus en plus de (gros) poissons dans son élevage. « Toma » est donc une formidable technique de pêche et ¡Pendejo! sa main dirigeante ! Un début de consécration dans son identité pour les Hollandais, ce n’est que du bonheur ! Pétillant !

Tracklist :

1. Wrathchild (Iron Maiden cover)
2. Tuyo (Narcos theme)
3. El Mago (Black Sabbath cover)
4. Déjame (Mari Trini cover)
5. Flotadores (en vivo)
6. Dos (en vivo)
7. Bulla (en vivo)
8. Hacia la luz (en vivo)

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