Line-up sur cet Album


  • Ulrich "Dagoth" Wegrich : guitare, chant
  • M. Pliszke : basse
  • John A. : batterie
  • Hindrik Horvard A.S. : guitare

Style:

Blackened Death Metal

Date de sortie:

14 mai 2021

Label:

XenoKorp

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Joyeux Anniversaire! » Citation commune que l’on répète chaque année
Et qui dit chronique anniversaire, dit évènement exceptionnel donc…

« À 20 ans, on se sent
Encore une âme un peu fragile
Mais pas si docile
On apprend, poliment
A contrôler ses impatiences
Et sa belle insolence

Mais je sais que l’amour me guidera
Mais je sais
Que la vie continuera ses bienfaits
Que mon étoile là -haut
Ne me lâchera pas de sitôt

À 20 ans
On est invincible
À 20 ans
Rien n’est impossible
On traverse les jours, en chantant
Et l’amour c’est plus important
À 20 ans » Lorie. Et c’est cadeau !

Encore que je ne sais pas si le terme « joyeux » soit le plus à propos concernant le groupe Otargos, que je m’apprête à chroniquer. Mon histoire avec ce groupe n’est pas vraiment une sinécure, contrairement au commun des immortels du public metal qui m’ont précédé ou qui m’ont devancé bien des fois sur mes choix artistiques. Otargos est le genre de groupes que je n’ai jamais vraiment pris la peine d’écouter. Mon seul souvenir et surtout mon seul contact avec le groupe date du 9 mars 2013 quand ils étaient passés au CCO de Villeurbanne, sous l’étendard du Vormela Fest. Je me souviens que je m’attendais ce jour-là à des accoutrements comme au Hellfest en 2010, je n’y étais pas mais j’avais acheté le DVD. J’avais été impressionné par la prestation du groupe et ses déguisements, à l’époque j’étais en mode jeune et naïf et je me disais qu’un groupe de la trempe d’un Behemoth comme ça en France, cela devait valoir son pesant de cacahuètes! Et du coup, à Villeurbanne, ma déception avait été grande parce que le groupe s’était produit en tenue classique – teeshirt, jean, etc.- et la prestation live, malgré l’invitation surprise de Julien Truchan de Benighted, ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Malgré tout, j’avais acheté l’album No God, No Satan, que j’ai toujours d’ailleurs. L’album n’est pas celui que j’ai le plus poli durant ces années, loin de là. Mais de temps de temps, je reviens dessus. Comme un appel du pied du style « oh allez, tu as dû louper un truc monstrueux, réessaye! », je le réécoute encore et encore. Mais la magie n’opère pas vraiment. Peut-être alors eut-il fallu que j’essaye un autre album, je vous l’accorde! Je suis d’ailleurs certain si vous me lisez, que vous pourriez m’en conseiller un! Mais le temps passant, les albums découverts, les groupes idem, je n’ai pas creusé davantage, jusqu’à ce jour. Cette opportunité incroyable d’écouter un nouvel Otargos, qui n’est en fait pas tout à fait une nouveauté : l’album live qui célèbre les vingt ans du groupe et qui s’appelle 20 Years of Human Termination! Visiblement, l’espèce humaine n’est pas en phase de résiliation mais sait-on jamais, avec tout ce qu’on traverse depuis désormais un an…

En fait, pour comprendre mon enthousiasme, il faut se remémorer le parcours du quatuor issu de Bordeaux. Porté depuis 2001 par celui qui reste à ce jour le membre fondateur et qui n’est autre que Dagoth, alias d’Ulrich Wegrich, actuel musicien de Blóð, Sagitarius Alpha, Volker et ex-membre de Regarde les Hommes Tomber (svp!), le groupe n’a rien sorti de concret depuis Xeno Kaos en 2015. Autrement, Otargos, c’est six albums produits dans divers labels dont Season Of Mist et Listenable Records quand-même, un split en 2011, évidemment une démo et un EP au début et réunis dans une compilation par la suite, et donc deux albums live avec ce dernier, le précédent datant de 2011 aussi. Concernant ce fameux 20 Years of Human Termination, il faut savoir qu’il s’agit d’un concert datant de 2015 au KaotoxinFest à Lille, à la salle l’Aéronef, édité chez Xenokorp en format numérique seulement. Il se murmure d’ailleurs que le groupe prépare un prochain album… Mais chut, je ne vous ai rien dit! Cet album live sonne donc comme une célébration des vingt années de formation d’Otargos, et aussi comme un amuse-gueule. Ou devrais-je dire, comme d’un cassage de dents en règle, on est très loin de la suavité d’un amuse-gueule, croyez-moi.

La pochette n’est toutefois pas la meilleure entrée en matière qui soit. Du moins, la phase de devant. Je trouve que l’image est très peu nette, ne montre pas grand-chose si ce n’est la probable silhouette de Dagoth dans un mélange de pénombre et de lumière rouge. C’est vraiment pas terrible du tout, d’autant qu’on ne lit pas bien le nom de l’album en dessous, ni là où le live a été enregistré, c’est là encore très peu net. Je m’attendais à mieux franchement, il n’y a pas grand-chose de positif sur cette pochette. Une photographie mal faite en plus, mal réglée, ce ne seront pas mes acolytes Chris Metalfreak, BloodyBarbie, Freddy et Cassie di Carmilla qui viendront me contredire, enfin j’espère… Je ne sais pas si c’est l’effet escompté mais il y avait largement moyen de faire mieux, surtout pour célébrer un anniversaire. Je suis un peu décontenancé là…

Mais bon, comme souvent bien heureusement, la musique me redonne du baume au cœur tout de suite. J’avais un vague souvenir d’une prestation live de 2013 qui manquait cruellement de punchy, malgré le metal agressif d’Otargos et qui flirte même avec l’ultra violence. Là, je m’en suis pris plein les oreilles, mais à un point incroyable! La musique est quasiment tout de suite affranchie des convenances, les blasts sont ravageurs et les guitares alternent habilement entre blasts et parties plus mélodiques. Ce qui me frappe d’entrée également, c’est l’orientation musicale : je ne sais pas si l’étiquette est sincèrement assumée, mais pour moi, la musique est un mélange bien équilibré de black metal et de death metal. Le black metal se retrouve dans l’intonation des guitares, la batterie et évidemment le chant en high scream caractéristique. Mais il y aussi des jeux d’harmoniques aux guitares qui permettent d’amener des passages épais et plus lents, plus lourds, comme le death metal. Du coup, la musique me fait tantôt penser à du 1349 (c’est vous dire le compliment que je fais), tantôt à du Gorgoroth dans certains morceaux plus lourds comme Teeth Grinding. Otargos jongle habilement entre les deux styles, rendant l’atmosphère de ce concert particulièrement oppressante, dans cette alternance d’agressivité tonitruante et de lourdeur quasi funèbre. Je pense que rarement l’espèce humaine n’aura subi un camouflet aussi profond, aussi violent et aussi honnête. Si la misanthropie avait une allégorie musicale, pour sûr qu’elle porterait le nom glorieux d’Otargos. Bref, je m’égare en métaphore, je la garde pour la fin. Simplement, cette première écoute m’a fait l’effet d’une bombe impressionnante. Tout le monde joue son rôle de rouleau compresseur à la perfection. Je me suis surpris à agiter la tête comme un fou avec mon casque, supposant par-là que l’effet sur ma psyché est dévastateur. Pour un live, c’est du très très lourd!

On serait tenté d’imaginer que la production d’un album live n’est pas sans embuche, qu’il va y avoir à dire particulièrement sur le résultat final. Eh bien non! Pas forcément! Celle-ci est vraiment bluffante. La puissance exceptionnelle qui se dégage de la musique est tellement bien retranscrite que j’en viendrais presque à préférer ce son à celui de l’album unique que j’ai pu écouter jusqu’à présent. C’est vous dire! Les guitares sont extrêmement bien dosées, la basse est relativement audible on va dire, la batterie a quelques petits manquements notamment au niveau de la double pédale sur certains passages où cela a tendance à se noyer dans la masse sonore, mais sinon tout le reste est un vrai concentré d’efficacité. Je pense que la principale force de ce concert est d’avoir ce son de guitares bien distillé pour avoir comme je disais des passages réellement lourds, d’autres plus tranchants selon les besoins. On sent qu’il y a une belle base rythmique bien mise en avant, et que les parties lead fonctionnent superbement bien. C’est selon moi la grande force de cette production live qui est bluffante comme rarement permis. La claque!

Après, j’ai essayé un peu d’analyser la musique d’Otargos mais plus au final pour ma personne. Parce que je me suis dit que si j’avais aimé l’écoute, et que je trouvais la production plus que réussie, alors pourquoi je n’avais pas creusé davantage ce groupe? Et étonnamment, je n’ai pas de réponse à cette question. Parce que les compositions, issues des différents albums du groupe (« normal banane, c’est un live! » Me dirait ma marionnette ventriloque), fonctionnent il est vrai pas mal sur le même modèle. A savoir des passages rythmiques blastés, des moments avec des mélodies lead, rarement des soli, et de tout petits instants plus lourds, genre breakdown presque. C’est donc une musique qui n’engage aucune réelle fioriture autre que la violence extrême et le chaos technique (jeu de mot voulu). Il n’y a que très rarement des moments de pause, la prestation s’enchaine d’ailleurs quasiment sans pause entre les morceaux et les interventions vocales de Dagoth fédèrent le public très rapidement, ne laissant finalement que très peu de place au repos. Otargos en concert, du moins dans celui-ci, c’est non-stop de la violence! Et bon sang, c’est jouissif! Des compositions qui sont sur un même modèle, ou presque, sur un black death metal agressif et sans faux col, je dis oui! La question étant que j’adore complètement cet album live alors qu’en studio, j’accroche moyennement. Un peu comme avec le groupe Dissection dont je suis un fanatique incontesté de Rebirth of Dissection (le morceau Where Dead Angels Lie en changeant d’accordage, quelle monstruosité) mais presque pas des albums studio. Comme quoi… A l’occasion, j’essayerai surtout d’orienter mon analyse sur les albums studio d’Otargos, et si j’ai ma petite idée de ce qui cloche chez moi (les productions peut-être trop cliniques pour la brutalité du groupe), je verrai bien. Mais en attendant, cet album live c’est juste une tuerie. Pas d’autres mots possibles.

Alors bien évidemment, un album live ne serait pas réussi sans les musiciens qui vont avec, et il est évidemment que Dagoth sait parfaitement s’entourer. Mention spéciale à Hindrik, ancien de NightCreepers dont j’étais un grand amateur à l’époque et dont j’ai vu avec surprise qu’il était le guitariste d’Otargos, belle décontenance! En tout cas, les musiciens assurent à mort, le batteur est une véritable pile électrique qui s’autonomise en fonction de l’énergie crée, rendant sa prestation ébouriffante! Une vraie kalachnikov! Les instruments à corde sont elles aussi franchement bonnes techniquement parlant, très peu de fausses notes à rapporter et bien carrés, notamment les moments lead qui sont incroyablement bien calés. Le son bien épais n’a même pas besoin de masques les errances potentielles des doigts sur les cordes, si tant est que cela arrive fréquemment. En tout cas, rien à redire non plus sur les mecs qui jouent leurs partitions nickel chrome! Un vrai bon show!

En que dire du chant… Je me suis un peu trompé en haut et comme je n’ai pas peur de montrer mes imperfections, comme Chris Metalfreak avec sa… Bon. J’ai parlé de high scream pour le chant mais finalement je me suis gouré. On n’est pas tout à fait sur du chant black metal pur, on se situerait plus sur une sorte d’hybride entre du scream classique et un chant sludge, donc qui vient de très profond et qui ne monte pas dans des tessitures ultra élevés genre voix de tête. Le chant est donc un beau croisement, une technique abâtardie qui permet de donner une touche très personnelle et encore plus folle. On sent une énorme souffrance, une torture de l’âme par le guttural qui retranscrit toute la haine et la décadence de l’espèce humaine. C’est le leitmotiv d’Otargos, de concentrer toute sa haine sur notre propre condition, notre place dérisoire de poussière universelle qui se balaie toute seule idiotement. Outre les religions, la technologie et d’autres sujets plus pointus comme la physique quantique (merci du clin d’œil les gars!) et… Les Warhammers, on devine en tout cas par le chant qu’on n’est pas là pour se raconter nos vacances. Dagoth vomit littéralement toute sa haine, pour notre plus grand bonheur. Techniquement parlant, je suis épaté par ce mélange, cette entité vocale unique qui officie quasiment comme une signature. Chapeau!

Je pense, pour finir ici, que vous n’étiez pas prêts. Sauf si vous aviez eu la chance d’assister à ce KaotoxinFest en 2015! Pour ma part, je suis allé sur la chronique de ce 20 Years of Human Termination en ne sachant pas du tout comment j’allais en ressortir. Si j’allais prendre mon pied ou si j’allais déchanter, pour dire clairement qu’il n’y aurait pas eu de juste milieu dans ce « contentieux » avec Otargos, contentieux induit par ma seule personne évidemment. Et puis, je crois qu’il faut se rendre à l’évidence : Otargos est un groupe exceptionnel. D’une rare intensité en concert, le groupe est dans son meilleur rôle sur scène à dégouliner de violence et de haine comme un énorme astéroïde frapperait la Terre. Faisant fi de mes désormais lointains souvenirs de ce Vormela Fest qui m’avait laissé un gout amer jusqu’à aujourd’hui, j’ai été tout simplement subjugué par cet album live, où j’ai pu mesurer ce qu’était véritablement Otargos. Je maintiendrai toutefois que les bordelais sont plus un groupe de concert que de studio, mais pour arriver définitivement à cette conclusion, j’écouterai les anciens albums et celui qui va arriver. Otargos continuera donc surement à peser très fort dans le game de la scène française, tant mieux au passage, et je vais conclure en me citant : « Je pense que rarement l’espèce humaine n’aura subi un camouflet aussi profond, aussi violent et aussi honnête. Si la misanthropie avait une allégorie musicale, pour sûr qu’elle porterait le nom glorieux d’Otargos. » Voilà, rideau! Et surtout, merci!

Tracklist :

1. Introduction
2. Dominatrix
3. Apex Terror
4. Kinetic Zero
5. The Ruinous Powers
6. Origin
7. Fleshless Deathless
8. Infernal Legions Strike A.E.
9. Human Terminate
10. Xeno Kaos
11. Remnants of a Long Dead Star

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