Line-up sur cet Album


  • Uretra : Batterie
  • Moregod : Guitare
  • Paingrinder : Chant
  • Grindmad : Basse
  • Desecrator : Guitare
  • Shogoth : Guitare

Style:

Doom death metal

Date de sortie:

19 février 2019

Label:

Xtreem Music

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« La vie est un long fleuve tranquille », dit l’adage. Mais parfois, cette tranquillité devient aussi lassante qu’un vent sans fin de renouveau. Aussi suis‑je tombé dans une forme de lassitude générale depuis longtemps. Non pas que le metal me soit un but totalement désintéressé, mais je n’y trouvais plus, dans ma bulle de confort, que banalité. J’avais éprouvé le besoin de laver mes oreilles de toute cette couche de cérumen en trop qui brouillait les pistes de mon cortex si avide de musique. Eh oui, comme toute bonne personne passionnée par quelque chose, il arrive un moment où le collectionneur a besoin de bouleverser ses rituels pour mieux apprécier les belles œuvres de la vie. C’est dans ce contexte assez nouveau pour moi que je me suis trouvé une nouvelle passion pour le doom metal.

En effet, en ce moment je surfe sur une période d’attraction qui est dominée par le Doom Metal : alors que, jusqu’au début de cette période, je n’avais jamais creusé complètement les tréfonds de ce genre, me voilà soudainement pris d’un engouement tel que je n’écoute que ça. Et ce n’est pas le groupe Onirophagus qui me fera changer de cap… La seule qui essayera à plusieurs reprises sera la page de recherche Google qui s’évertuera à marquer « Œsophagus » au lieu de Onirophagus, mais je l’ai pourfendue avec ardeur et panache comme tout bon français râleur qui se respecte !

Les dévoreurs de rêve nous viennent de Catalogne, plus précisément de L’Hospitalet de Llobregat (si vous ne le retenez pas ce n’est pas bien grave). Attention ! Je dis bien de Catalogne, pas de confusion avec l’Espagne ici. Officiant depuis 2011, le groupe a produit un EP en 2012 et un album en 2013 intitulé Prehuman. Comprenez bien qu’il aura fallu six ans au sextette pour sortir un second album et, ce, sans changement de line up ou autre circonstance explicative. Une période de vide que l’on espère salvatrice pour la production de cet opus tant le temps de composition et de réflexion a été long… Petite particularité assez peu commune : le groupe contient trois guitaristes sur les six membres, pour le live et pour le studio. On s’attend de fait à du lourd aux parties guitares. Affaire à suivre.

Je trouve l’artwork de l’album remarquablement beau. Les teintes utilisées sont d’un orange feu du plus bel effet, et ce personnage énigmatique assis en tailleur qui semble démoniaque donne un effet dérangeant, mais dans le bon sens du terme. Un décor qui me fait penser à quelque chose d’apocalyptique ou, à défaut de mort, comme une partie des Enfers. La présence d’une espèce de fleur au milieu laisse place à une naissance assez noire, comme si ce personnage avait le pouvoir de faire naître par la mort. C’est un concept qui me plaît beaucoup, et je dois admettre que même si la pochette ne fait pas penser à du doom death, j’adore ce style d’artwork qui donne l’impression de regarder un tableau. Tout dans un style de peinture. J’aime beaucoup cet artwork et il me donne fortement envie de passer à l’écoute de la musique avec impatience !

La musique, donc ! Eh bien, c’est sans appel un bon doom death bien lourd avec un chant même assez grind par moment.
Le premier morceau démarre dans une ambiance de lourdeur extrême, à la limite de l’oppression, puis s’enchaîne avec une partie « mélo » vers trois minutes qui est très belle, qui donne une dimension dramatique au morceau. Une partie doom assez old school viendra continuer le morceau, avec peu de variations, mais cela me paraît être une constante dans le style Doom. L’accélération au milieu du morceau avec l’arrivée de la double pédale en fond et une partie plus death apportera cette variation qui manquait, puis de nouveau une partie doom qui redonne cette lenteur macabre au morceau. Si je devais faire un primo‑constat, il se situerait dans une sorte de confirmation générale : celle que le doom metal fait l’éloge d’un certain purgatoire, avec des riffs qui se répètent beaucoup mais qui sont chevauchés par d’autres beaucoup plus toniques selon le style qui s’accommode.

Le deuxième morceau continuera dans cette perspective avec une nouvelle partie mélodique qui apporte cette dimension tragique. On est vraiment dans une logique assez dramatique, solennelle même. Mais également cette lourdeur qui amène un côté plus type « révélation ». C’est une constante qui se répétera dans cet album. Puis une partie batterie qui annonce une partie plus rapide, plus death avec des solos endiablés, presque heavy. Ce mélange assez détonnant de parties lourdes et plus rapides me semble être la marque de fabrique d’Onirophagus. Il serait, de toute évidence, assez verbeux de continuer mon analyse approfondie des morceaux, donc je préfère en rester là. Retenez simplement que chaque morceau suivra cette suite logique de partie doom/partie death/partie doom/partie death/etc.
En revanche, si les parties doom metal sont peu changeantes, celles émanant du death metal sont magnifiques ! Je trouve même la césure entre les deux à ce point marquée que j’ai l’impression par moment d’écouter deux morceaux différents. On trouve du mélodique, des soli géniaux, bref, tout ce qui manque aux parties doom. C’est incroyable !

L’état des lieux du CD est que la musique est vraiment intéressante. J’aime beaucoup : même si elles sont répétitives au possible, les compositions proposées ici, et ce malgré leur longueur, sont parfois déroutantes (vingt‑deux minutes pour le dernier morceau, excusez du peu…) Je crois que ce qui empêche l’ensemble d’être rébarbatif est que les chansons passent bien, tout simplement. Sans fioriture ni tergiversation. Tout est suffisamment cohérent, carré et concomitant pour que le CD soit appréciable. Le mastering est vraiment réussi aussi, donc rien à redire dessus. Il suffit d’apprécier !

J’adore le chant qui se trouve être un growl bien maîtrisé, oscillant rarement sur d’autres registres que le death metal mais qui apporte une touche supplémentaire de macabre à la musique. Rares sont les chants death metal au service d’un aspect sombre, d’ailleurs. On a tendance à associer le scream au morbide, mais ici le chant growl se met complètement au service du concept de macabrisme de l’album, ce qui me transcende complètement. Le seul petit souci que je vais trouver à l’album demeure malheureusement dans le chant : je le trouve trop lent. Je pense que l’erreur qui a été commise dans cet album a été de vouloir apporter une touche supplémentaire de lourdeur avec un chant lent, gras et du coup pas assez rythmé. Je l’aurais vu plus rapide en ce qui me concerne, pour apporter cette vitesse qui manque à l’ensemble. Mais bon…

Il est temps de conclure, les amis ! Toute cette diatribe pour dire qu’Onirophagus nous en met plein les oreilles avec son album Endarkenment, et je n’ai pas du tout été déçu du résultat ! Parvenir à trouver une concorde entre noirceur et lourdeur n’est pas une chose simple, et si l’on se réfère à la durée d’existence du groupe (huit ans), force m’est de constater que l’on tient là un CD qui devrait être érigé sur des podiums plus hauts encore. Il y a tout ce qu’il faut pour « bader », seul chez soi, avec pour seul horizon une nuit lugubre. Non, j’exagère un peu ! Mais au‑delà de l’image, ne passez pas à côté du son !

 

Tracklist :
1. Dystanasia (13:25)
2. Book of the Half Men (10:52)
3. Dark River (10:43)
4. Endarkenment (22:54)

Bandcamp
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