One Life All-in – Letter of Forgiveness

Le 2 septembre 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Don Foose : chant Clem : guitares Franco : basse Kevin Foley : batterie

Style:

Bonne question...

Date de sortie:

3 avril 2020

Label:

iMD-One Life All-In

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6/10

« L’amour et la haine sont un voile devant les yeux, l’un ne laisse voir que le bien, l’autre que le mal. » Proverbe arabe

Cette citation, je ne la destinais pas spécialement au groupe que je m’apprête à vous présenter mais je la trouve, pour une fois, suffisamment parlante et surtout, sans cibler. C’est un peu une citation à l’emporte-pièce. Cette expression prend son origine ici : « Au début du XVIIe siècle, on parlait de « cautère emporte-pièce » pour désigner un objet tranchant destiné à être chauffé au rouge pour brûler les tissus et cautériser les blessures. » (Expressio) Aujourd’hui, on parle d’emporte-pièce quand on se montre tranchant, sans tact aucun et par précipitation. Un travail sans réelle concession, ni concordance des genres qui se définit plus comme un patchwork plutôt qu’un vrai mélange homogène.
Et ici, il est tout à fait question d’un ouvrage à l’emporte-pièce. Autant le dire franchement d’entrée de jeu, ce n’est pas un compliment que je fais, la dernière sortie du groupe One Life All-in (« une vie tout-en-un ») ne restera pas dans mes annales et je ne pense pas qu’il porte bien son nom. « Tout-en-un » ne correspond pas en effet à ce qui émane de l’album, le premier, qui s’appelle Letter of Forgiveness. Au contraire du nom de l’album qui me semble être le dénouement opportun une fois que nous avons fini l’écoute de ce dernier : une lettre de pardon s’impose! Mais je démarre par la conclusion alors, avant de m’emballer et de paraître pour le grand méchant, je vais vous expliquer pourquoi cet album n’est pas une réussite selon moi.

Mais d’abord, une présentation d’usage s’impose. One Life All-in est une sorte de « super-groupe », une bande formée par des musiciens qui ont tous un parcours musical certain. Prenant ses origines en 2016, sous l’impulsion du bassiste Franco, le groupe se définit comme « franco-américain », et l’on retrouve effectivement dans les membres les français Clem et le très connu Kevin Foley, ex-batteur des groupes Benighted, Abbath, Sabaton, Sepultura, etc. Un sacré pedigree pour un sacré bon batteur! Le chanteur, quant à lui, est celui du groupe de punk hardcore américain Spudmonsters et se nomme Don Foose. Franchement, sur le papier, le line up a vraiment de la gueule et ferait frémir de jalousie beaucoup de groupes! Actuellement, le quatuor a à son actif un EP nommé The A7 Session (hommage à notre bien aimée autoroute?) et un album donc, Letter of Forgiveness, que je suis amené à chroniquer. J’ai mis du temps à me lancer dans la chronique, car il y a un slogan commercial qui m’a beaucoup rebuté, me plongeant dans une grande perplexité, qui est présent au dos du CD et qui dit : « la formation affiche une volonté de liberté artistique […] en intégrant des éléments punk, rock & metal ». Et là, j’ai senti le coup fourré! Je me suis dit, en contextualisant selon le parcours musical de chacun et en extrapolant beaucoup, il faut bien le dire, qu’One Life All-in cherchait, grosso modo, à faire plaisir à tous les musiciens en incorporant les références de chacun. C’est le piège car il y a deux solutions finales : soit le groupe trouve un consensus, la fameuse homogénéité que l’on attend des groupes ; soit le fameux patchwork où les genres se mélangent mais détonnent trop entre eux pour nous plaire. On ne parle d’ailleurs même pas d’émulsion car le principe de l’émulsion est de créer un mélange d’apparence homogène mais en fait hétérogène (le fameux mélange huile/eau). Je me demande, à ce stade-là, dans quelle situation je vais me trouver. Je ne pars pas confiant.

J’ai quand-même été bien satisfait par l’image qui est proposée pour illustrer ce premier album. Très jolie avec cette tête de femme qui me fait vaguement penser à une dame dans un jeu de cartes, avec au-dessus de la couronne un grand bouquet de fleurs. Le fond est bien fait aussi, végétal et d’une couleur harmonieuse, douce, agréable à regarder dans ce ton marron-crème. Après, je ne trouve pas vraiment de rapport avec l’idée d’une lettre de pardon, mais si l’on reste proprement fixé sur l’image, elle est plus que satisfaisante. J’aime bien! La photo du groupe, sur la passerelle Saint-Vincent à Lyon, est aussi plutôt sympa, c’est bien de voir un peu des zikos sourire sur une photo, ça change de ceux qui ont des airs méchants, de gros durs sans cœur. Il est vrai que le groupe respire au moins le plaisir de faire de la musique ensemble, c’est cool!

Mais bon, je déchante assez vite. Parce que musicalement c’est loin d’être aussi sympathique. Je ne sais même pas dans quoi classer la musique tellement les genres se croisent sans se toucher d’un riff à l’autre. On part dangereusement sur le deuxième constat, celui d’un patchwork musical sans cohésion certaine, sur un embriquement de plusieurs styles qui ne collent pas entre eux et qui sentent le côté coercitif. Il y a donc des riffs metal, des riffs rock, des riffs punk hardcore, voir punk tout court, mais pas de musique vraiment concordante. Quand j’écoute les pistes, je ne trouve pas de sens commun et du coup je ne m’y retrouve pas du tout. Cela me fait penser à comment compose le groupe Rammstein, où chacun compose son instrument comme il l’entend quand l’un balance une idée. Avec eux – c’est contestable et ce n’est que mon avis – ça fonctionne bien. Avec One Life All-in, non.

Pourtant, le son est impeccable! Là, on ne peut pas l’enlever au groupe, le travail fait en studio est vraiment très bon dans son ensemble. C’est peut-être, a contrario, ce qui fragilise un peu le CD parce qu’avoir réussi à adapter un son aux petits oignons sur chaque riff montre une cohérence intéressante sur eux, rendant l’identité de chaque style bien visible, mais du coup on sent bien le manque de cohésion parce que l’on reconnait les différents styles de musique selon les riffs et cela enlève drastiquement toute forme de réunion. Peut-être aurait-il fallu travailler un son plus rassembleur. Je ne sais pas si c’est réellement possible en essayant de conserver les influences de chaque musicien, il faudrait poser la question à un ingénieur son… Mais j’aurais préféré un son plus intégrateur, plus fédérateur, moins varié. Mais on a bien la lourdeur du metal, le son plus « léger » du rock et l’agressivité plus cinglante du punk hardcore, c’est déjà « pas mal » on va dire.

Ce qui m’embête quelque peu dans ce manque d’intérêt dans l’écoute, c’est que les musiciens sont également très bons. Dans le cas de Kevin Foley, je n’en doutais pas une seconde, je le considère de base comme un excellent musicien dont la réputation n’est largement plus à démontrer. Le guitariste et le bassiste me sont totalement inconnus donc je suis très agréablement ébaubi (ça existe) d’entendre que les instruments cordés sont carrés, et proprement utilisés. Il n’y a pas de doute du tout sur la qualité des musiciens, cela transpire beaucoup. C’est donc encore plus frustrant de se dire que si ce quatuor avait trouvé une osmose manifeste dans leur musique, on aurait eu une musique exceptionnelle, et pas ce tas de plein de trucs disparates qui au final ne collent pas entre eux. Comme disait Muriel Robin dans son sketch Retrouvailles en parlant d’un numéro de trapèze (oui oui, Muriel Robin qui fait du trapèze) « on n’accroche pas ».

Vous avez remarqué que je n’ai pas parlé du chanteur dans mon précédent paragraphe? C’est normal. En fait, je n’insinue pas que Don Foose est un mauvais chanteur, loin de moi cette idée! Mais je trouve bêtement que son chant ne colle ab-so-lu-ment pas avec la musique. C’est encore un souci parce que j’aime beaucoup son groupe Spudmonsters et que son chant dans ce punk hardcore très lourd est excellent! Mais là… Cette voix beaucoup trop calme, non ça ne colle pas avec du rock, mais aussi du punk et du metal. C’est un très mauvais choix de type de chant, je ne comprends pas du tout… J’aurais bien vu le chant qu’il emploie dans Spudmonsters justement, ce mélange de clair et de stridence, qui montre une vraie agressivité et une vraie envie d’en découdre. Et pour une fois qu’il avait l’opportunité de chanter dans une formation encore plus violente, il fait tout le contraire, il se pose. Cela ne souffre d’aucune logique que ce soit, et je trouve le chant très décevant.

Bon… C’est un sentiment de travail non accompli que me renvoie ce premier album, pour finir cette chronique en essayant de ne pas être trop blessant dans mes propos. L’osmose n’y est pas, il y a une sorte d’erreur de composition qui est manifeste et qui ne laisse pas présager grand-chose d’efficace, du moins sur CD. En concert j’ose espérer, par pur chauvinisme, que la formation One Life All-in, qui pourrait devenir un bon groupe franco-américain en mélangeant cette culture très française d’un rock/metal agressif et ce punk hardcore américain qui a une identité musicale indéniable de nos jours, va corriger le tir et sortir par la suite un deuxième album beaucoup plus rassembleur… Et rassemblé. Ce qui sauve l’album est le talent des musiciens, la pochette fort bien construite et quand-même, un peu de motivation qui émane de la musique.
Pour conclure, plusieurs expressions me viennent mais je préfère de loin celle de mon compagnon de route musicale, Celtikwar, qui apprécie particulièrement les sandwichs au thon ou les oeufs mimosa car il dit souvent qu’un album qui ne lui plait pas est « comme une mayonnaise faite avec de l’eau ». Comprenez : pour satisfaire votre invité qui est allergique aux huiles végétales, vous mettez de l’eau dans votre mayonnaise mais les autres convives ne vont pas aimer. Alors, dans votre mayonnaise, vous ne mettez pas d’œuf pour celui qui est allergique aux œufs, vous ne mettez pas de moutarde pour celui qui est allergique à la moutarde, vous ne mettez pas de poivre parce que votre femme n’aime pas le poivre, etc. Au final, vous vous retrouvez avec un plat mauvais, voire un bol vide. C’est exactement le constat que je fais de Letter of Forgiveness. Un album qui a voulu satisfaire tout le monde, mais qui ne rassemble personne derrière comme une entité, et qui ne (me) convainc pas du tout.

Tracklist :

1. Letter of forgiveness
2. Cold hand struggles
3. Sacred heart
4. Hey man!
5. 83rd dream
6. Discharge

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