Mundilfari – The Last Soul Standing

Le 1 septembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Jibi : basse
  • Gaëlle : violoncelle
  • La Bûche : batterie
  • Jeep : guitares
  • Leina : chant, flûtes

Style:

Metal Progressif

Date de sortie:

23 mai 2021

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.25/10

« 22
(Odin parle)
Je demande une prochaine réponse ; si la Sagesse est vôtre,
Vous y répondrez alors maintenant :
D’où vint la Lune, l’autre monde des Hommes
Si lointain, et le Soleil flamboyant ?

23
(Vafþrúðnir parle)
Mundilfari est le nom de celui qui sollicita la Lune,
Et enfanta le Soleil flamboyant ;
Le pourtour des cieux ils parcourent chaque jour,
Donnant ainsi le temps aux Hommes. » Sæmundr Sigfússon

Mundilfari est un nom qui me fait très plaisir. Parce que la mythologie nordique est l’une des plus connues de nos jours, mais pas pour les bonnes raisons. Je suis un peu fatigué que l’on maltraite cette mythologie énormément symbolique pour des clopinettes qui font très Marvel, si vous voyez ce que je veux dire. On pourrait sans peine citer d’autres sujets détournés mais celui-ci me tient plus à cœur encore du fait de mon accointance avec tout ce qui touche de prêt ou de loin à la mythologie nordique et les cultes païens qui gravitent autour. Voilà pourquoi Mundilfari est un nom qui me fait plaisir. Très peu connu, cette divinité est non moins essentielle. Et je préfère laisser la parole à ce groupe mystérieux qui a su, dès son nom, ravir ma soirée. Le premier album de ce dernier s’intitule « The Last Soul Standing » et je vous le présente avec fierté et plaisir dès maintenant !

Mundilfari, outre que le nom est digne des Ninja Warrior pour les dyslexiques, est d’abord une divinité nordique primordiale mais peu connue. Père de Sol et de Mani, respectivement déesse du Soleil et dieu de la Lune, Mundilfari est en vérité très peu mentionné dans les textes légendaires. On ne connaît donc pas énormément de choses, si ce n’est que ses progénitures auront un rôle beaucoup plus important à jouer par la suite. D’ailleurs, aucune mère pour les enfants de Mundilfari n’est décrite. C’était la parenthèse à la « C’est Pas Sorcier », passons aux choses sérieuses ! Mundilfari a donc donné son nom à un groupe originaire d’Avignon, du moins des environs. Groupe qui a jeté ses premières fondations avec sa première ode metallienne, intitulée « The Last Soul Standing« . Album autoproduit, ce qui renforce un peu le charme de cette première rencontre. Mais, pour une fois, la biographie que j’accorde à chaque groupe en début de chronique ne servira pas à dévoiler tous les secrets que la formation du Vaucluse renferme dans ses pénates musicaux ! Sachez toutefois que ce premier album est loin, très loin, d’être un album « simple ».

Mais on va comme toujours commencer par le premier truc que l’on observe quand on ouvre une page Bandcamp ou, mille fois mieux encore, lorsqu’on achète le CD : la pochette. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a son charme même si je n’ai pas réellement compris de quoi il s’agissait. On dirait une sorte de décor enneigé avec une silhouette de montagne en avant-plan sur un effet un peu métal gelé. Ce blanc est assez « clinquant », je pense que c’est l’effet escompté et je salue l’effort qui est fait par Mundilfari pour proposer un artwork qui sort des sentiers battus (ne parlons pas des groupes plus connus qui traitent des vikings n’est-ce-pas ?) et qui donne une dimension, par ce paysage sous la neige, un peu poétique. De poésie, il en sera question d’ailleurs plus tard. Par contre, j’ai un souci. Je ne comprends pas pourquoi il existe des groupes qui ne mentionnent pas leur nom et celui de l’album sur leur pochette. Et il n’est même pas question de réputation ou quoi ! Je dis simplement, dans le cas précis de Mundilfari, qu’il s’agit d’un premier album et que si un amateur de CD va chez un disquaire et tombe dessus, sans descriptif ni nom, je suis presque prêt à parier qu’il rebroussera chemin. Cela ne coûte rien de mettre « Mundilfari » (d’autant que le logo, à défaut d’être raccord avec la mouvance nordique, est joli) et « The Last Soul Standing« , même en Times New Roman au pire ! Mais là… On a une belle pochette certes, un peu compliquée à discerner, mais sans les dénominations, je trouve la démarche inutile, sinon risquée. On va retenir le positif, bien heureusement.

Pour la musique, je pense que deux termes se rejoignent pour mieux résumer l’album : poésie et complexité. Deux mots qui, mis ensemble et quand c’est bien mélangé, donnent un résultat du tonnerre des Dieux. Mundilfari officie sur leur dossier presse comme du metal, sans réellement chercher plus loin, et on comprend tout à fait pourquoi. Le premier mot « complexité » intervient derechef. Sans vergogne mais avec un peu de retenue, je crois que le metal se situe sur une démarche progressive avec quelques teintes death metal notamment dans les accélérations, le son épais sans être exagéré. Le metal progressif sous-entend des parties rythmées mais variables, quelques montées en puissance avec des passages calmes parfois même en clean, et des guitares / basses mélodiques, bourrées d’accords. Mundilfari me paraît en tout cas aller dans cette voie-ci. La partie poétique se situe quant à elle sur l’incorporation astucieuse d’un violoncelle et d’une flûte, non pas dans une démarche metal folklorique pompeuse, mais plus pour ajouter des lignes instrumentales de fond en plus, histoire de « bercer » l’auditeur dans l’épopée guerrière décrite en amont, pour situer le concept. La voix féminine sur laquelle je reviendrai plus bas rajoute encore cette touche de mélopée qui manquait. Ce constat me permet de dire que le groupe associe très judicieusement des parties un peu costaudes avec des moments de calme et cette confrérie composale donne une dimension aventureuse palpitante ! Je suis de fait passé par plusieurs étapes durant la première écoute : celle où il faut « digérer » le metal progressif car l’analyse et l’écoute approfondie s’en montrent un peu fragilisée – complexifiée – et celle où l’on parvient à profiter pleinement. Mundilfari en tout cas, propose un premier album de très grande qualité, intelligent sur toutes les lignes, riche et sincère, avec en plus de cela un univers nordisant qui me parle énormément. Tout pour me plaire, et curieusement, moi qui ne suis pas un grand fanatique de metal progressif, j’ai adoré !

La production souffre selon moi de quelques petits défauts, peut-être dû à un premier album mais qui peuvent arriver à n’importe qui, et je n’oublie pas que mixer des instruments saturés avec des plus organiques relève du défi. Simplement, je trouve qu’il manque un peu d’épaisseur au son. Il est très propre, ça on ne peut pas l’enlever ! Mais un peu trop pour moi, j’aurais aimé que les instruments, notamment la batterie et les guitares, sonnent moins métalliques et surtout moins programmées en gros. A trop vouloir épurer les imperfections, on tombe dans le piège du trop propre. Clairement, un son légèrement plus épais aurait été super, mais en soi ce n’est pas un problème très grave tant les placements de chaque instrument sont optimaux. En particulier la place qui est donnée au violoncelle et à la flûte est impeccable, ni trop devant (comme c’est souvent le cas pour mettre en valeur l’originalité), ni trop derrière. Après, mon caprice sur l’épaisseur du son n’a d’avis réel que si l’on se situait sur un metal itou, mais le metal progressif induit parfois cette propreté quasiment parfaite, donc si vous êtes plus habitués que moi je suis certain que vous y trouverez votre compte. Une production plutôt bonne mais avec selon moi un petit manque dans l’alourdissement. Rien de grave !

Parce que dès les autres écoutes entamées, la magie opère. Il y a une telle volonté de proposer un voyage dans la musique que je me suis retrouvé scotché. Les compositions sont toutes très variées, fonctionnent tout à fait comme une suite logique, un vrai album conceptuel avec ces instruments que sont le violoncelle et la flûte qui rajoutent de la couleur à chaque intervention. Les parties metal sont excellentes, les guitares en particulier font un énorme boulot. Moi qui adore les harmoniques, je suis servi ! Vous voyez, je m’attendais à un énième groupe qui surferait sur les clichés de l’histoire viking et du paganisme nordique, le clip ne m’avait pas franchement emballé et m’avait même plutôt rebuté. Mais d’avoir comme cela un groupe qui aborde une histoire différente, un regard différent avec une épopée maritime vers l’Islande, en mettant un gros point d’honneur à nous apporter des guerriers avant tout humains, moi je prends mon pied ! « The Last Soul Standing » est véritablement un album qui transporte, Mundilfari m’a réconcilié avec le metal progressif et, surtout, je suis tellement content d’avoir un groupe qui parle de mythes nordiques autrement qu’avec Thor, Odin et tutti quanti ! Gros coup de chapeau à vous, ami(e)s guerrier(e)s.

Outre le talent de chaque musicien, j’aimerais faire mon petit paragraphe habituel sur le chant. Je me dois d’être honnête : je pensais que le clip n’était pas le reflet de la réalité, qu’il y aurait du chant masculin. Déformation professionnelle on va dire, j’ai trop l’habitude d’assimiler nordisme avec chant masculin et je m’en excuse auprès du groupe. Vous connaissez un peu mon désappointement à l’égard du chant féminin, que je n’aime qu’en de rares occasions, et ce n’est absolument pas un aveu de sexisme je précise, juste une question de goût. Mais dans le cas de Mundilfari le résultat est plus que satisfaisant. D’abord parce qu’associer un chant féminin à une épopée guerrière amène une touche d’originalité mais aussi comme je disais, de poésie. Et ensuite parce que le chant est sacrément bon ! Techniquement parlant, je n’ai rien à redire, la voix est comme je la préfère (ou tolère) c’est à dire ni lyrique ni posée, une sorte d’entre-deux avec un chant juste et tantôt calme tantôt puissant. Un bon point donc ! Mon seul reproche intervient dans les lignes de chant. Je trouve que ces dernières sont trop linéaires, trop similaires entre les morceaux. Il aurait fallu, si notre bien-aimée chanteuse le peut, varier les tessitures et les octaves pour que l’on dissocie plus aisément les parties chant du reste. C’est mon unique reproche, il n’est pas franchement trop grave non plus d’ailleurs, mais j’adore quand ce dernier varie en tonalité. Mais bon !

Enfin, un petit mot sur les textes. J’aime voir comment les groupes écrivent sur les mythes vikings. Alors, autant l’ensemble instrumental m’offrait de réels moments de poésie, autant je trouve les textes un peu décevants. Mais là encore parce que je m’étais mis la barre un peu haute, disons qu’ils font largement le boulot, on comprend bien les paroles en anglais, quelques petites sophistications en islandais mais qui me semblent un peu moins utiles que le reste, et comme je disais on devine que l’épopée qui est l’univers même de l’album « The Last Soul Standing » est bien orchestrée, bien ordonnée. On peut donc dire que les textes font largement le travail, ce n’est pas du tout le souci. Mais l’association voix féminine, metal progressif, instruments plus traditionnels et mythes nordiques me semblait tellement prometteuse sur le papier que j’ai été un peu déçu. Je m’attendais à mieux, sans savoir quoi exactement en plus… C’est limite un peu stupide ce que je dis. Bon ! Retenez le positif, on en sortira plus grandi !

Voilà camarades ! Il est temps de terminer cette nouvelle chronique. Mundilfari nous amène un premier album extrêmement prometteur. Affublé d’une identité qui lui est propre, mélangeant avec une grande intelligence du metal progressif et des instruments traditionnels, « The Last Soul Standing » a largement rempli ses quotas et saura très certainement trouver son public. Du reste, quelques petites améliorations seraient à prévoir notamment dans la production et les lignes de chant, mais il n’en demeure pas moins que nos compagnons d’Avignon ont du talent. J’ai adoré l’écoute de cet album, moi l’amateur de tout ce qui est nordique. Mundilfari est parvenu à dompter mes appréhensions sur les approches que les groupes font de nos jours sur les vikings et je sais que j’y retournerai avec grand plaisir. Belle découverte !

Tracklist :

1. Dreki (04:33)
2. Beasts of Revenge (04:54)
3. Aras (06:16)
4. Down to Helheim (04:00)
5. The Last Soul Standing (03:53)
6. Gunnar (07:03)
7. Exodus (07:22)
8. Fornyelse (05:30)
9. A Feast in Hellnar (03:55)

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