Line-up sur cet Album


Dis Pater : tous les instruments, chants

Style:

Dungeon Synth / Black Metal

Date de sortie:

19 mars 2021

Label:

I, Voidhanger Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10

A l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs.” Bruce Chatwin

Je dois admettre que ce soir, je n’avais pas du tout envie d’écrire. Vu ma journée de boulot chaotique, le fait que je rentre en retard chez moi à cause d’une collègue de nuit qui n’est jamais venue bosser, sans compter notre ancien Soileur qui n’était pas du tout en forme et qui avait besoin d’un énorme soutien psychologique (Chris Metalfreak ne dira pas le contraire) (NdMetalfreak : on est tous avec lui, oui !), oui. J’avoue. Je n’avais pas du tout envie d’écrire une seule ligne ce soir. Juste d’embrasser ma petite fille qui dormait, ma femme qui allait dormir aussi, caresser mes chats et me vautrer dans le canapé en espérant que le temps défile vite, sans cogiter. Il y a des jours comme cela où on sait que l’on doit écrire, que l’on compte sur nous notamment ceux qui nous ont confié leur musique, notre chef qui se frustre à juste titre des chroniques jamais rendues ou des chroniqueurs qui se démotivent (NdMetalfreak : pas faux !). Mais que malgré nos efforts, notre passion et bonne volonté, on ne peut pas. Impossible. Et puis, je farfouillais ma liste de vœux, qui se réduisait fièrement pour ce mois de mars riche en sorties, et j’ai vu passer un nom qui m’évoquait quelque chose. Sans que je sache quoi exactement, parce que le nom m’était inconnu (comme quasiment tout ce que je chronique), mais je ne sais pas. Il y avait un truc qui m’attirait inexorablement, comme si je devais chroniquer ce soir, coûte que coûte, jusqu’à rendre mon cerveau aussi liquide que la bière dans laquelle je le noie parfois. Ce groupe, c’est Midnight Odyssey. Et l’album, c’est BioPart 2 – The Golden Orblume . Comme une évidence pour moi, je devais le faire ce soir. Précisément! Alors, prenant mon courage à deux mains, et mon pc portable sur les genoux, les yeux complètement défoncés, je me lance. Diantre, quelle claque.

Midnight Odyssey, derrière ce nom poétique et plutôt révélateur de la nocturnité qui m’envahit ce soir, est le projet d’un seul type : Dis Pater, de son doux nom ou pseudonyme, est un musicien australien. De Brisbane exactement! Son projet musical a été créé en 2007, cela commence donc à faire un petit paquet d’années avec à la clé six albums avec ce dernier, quatre splits, deux démos et deux singles. Un parcours musical tout à fait honorable surtout quand on se souvient de toute la motivation qu’il faut pour porter à bout de bras un groupe tout seul, avec tous les inconvénients qu’il peut y avoir, et les sacrifices. D’ailleurs, fait notable : sur six albums, quatre ont été produits par le même label, soit I, Voidhanger Records. Label qu’à titre personnel, j’adore, pour son gout incroyable pour les projets musicaux farfelus. Je m’attends donc à partir sur un énième album complètement barjot, je ne m’attendais absolument pas à ce que ce Biolume Part 2 – The Golden Orb me réservait. Une claque incommensurable.

Et pourtant, la pochette n’est pas des plus attirantes qui soient. Enfin, disons qu’on peut trouver mieux quoi. Cette représentation un peu grossière d’un Bellérophon chevauchant des chevaux de feu vers des branches grisâtres, qui sont en fait une représentation d’un dragon, le tout enchainé au-dessus d’un orbe doré. Et sans compter ces yeux flamboyants pour cieux, bref. Cet artwork me fait un mal de tête d’enfer, j’essaye vainement de comprendre quel est le lien possible avec un orbe doré comme le dit le titre, ou ce que peut être un « biolume », mais je pense qu’en fin de compte, Dis Pater s’est créé un univers global tellement personnel et un peu psychotique qu’il n’y a rien d’évident à comprendre de prime abord. Peut-être même qu’il n’y a rien à comprendre, que cet artwork est l’oeuvre d’un cerveau perturbé… En fait, l’artwork a été créé par un certain Elijah Gwhedhú Tamu, dont seul le nom d’artiste a un sens, puisque ces œuvres sont comme je les percevais : personnelles et insondables. Il y a probablement des références ésotériques, sémantiques et démoniaques, mais elles sont tellement obscures que je n’ai rien compris. Il y a la fatigue aussi ceci dit. Mais cet artwork ne me semble pas être un choix judicieux, un peu plus de compréhension aurait été le bienvenu pour moi. Mais stylistiquement parlant, ce n’est pas trop mal on va dire.

Par contre, comme je vous l’ai spoilé en début de chronique, chose que je ne fais jamais, je me suis pris une véritable révélation en pleine face. Et les vrais sachent! Ils sachent la déflagration que fait une révélation sur un visage. En fait, Midnight Odyssey mélange incroyablement bien le dungeon synth, et la musique metal. Je reste assez vague parce que l’on m’a parlé de « black metal atmosphérique », mais en vérité je pense que c’est beaucoup plus vague que cela. Parce que pour moi, la musique metal proposé ici n’est qu’un vulgaire accompagnement pour ce qui fait l’immense splendeur de Midnight Odyssey : le dungeon synth. Les riffs de guitare sont relativement simples, rythmiques et les accords sont quasiment les mêmes sur tout l’album. La batterie est un appui rythmique aussi pour les samples dungeon, et la basse, je ne suis même pas sûr qu’elle existe tant elle est peu perceptible. Par contre, l’immense, que dis-je! L’absolue grandeur de cet album, évidemment, ce sont les parties dungeon synth. Elles sont… extraordinaires. On dirait une sorte de bande-son de films genre Le Seigneur des Anneaux, ou un film historique! Sans rire hein! La qualité des samples est époustouflante, avec ce côté dungeon synth qui n’existe que dans ce style de musique, qui est impossible à décrire scientifiquement ou musicalement, c’est une question de feeling total. Et là où Dis Pater fait ultra fort, c’est que non seulement le feeling est omniprésent, mais qu’en plus cette musique est prenante jusqu’au plus profond des tripes! Elle est putain de motivante, met du baume au coeur! Moi qui surjoue souvent une présentation guerrière avec mes tatouages, ma barbe et mes cheveux longs, c’est exactement le genre de musique qui me ferait basculer dans la mythomanie et me ferait croire guerrier pour de vrai. En tout cas, ma première écoute m’a immédiatement tiré de ma morosité et ma torpeur psychologique. Je me suis réveillé d’un coup et je me suis imaginé dans une énorme guerre, en train de me lever comme un fier guerrier regardant le soleil levant, l’air grave. Une tuerie, une énorme Tuerie avec un T majuscule.

Et j’expliquais que la musique dungeon synth souffrait d’un manque cruel d’explication rationnelle. En vérité, une production dungeon synth, certains vous le confirmeront, cela ne s’explique pas. C’est vraiment une question de feeling, une sorte de potion magique qui se transmet de bouche de musiciens à oreilles de musiciens comme dirait Panoramix. Et question magie, elle s’opère avec une facilité déconcertante chez Midnight Odyssey! La production, aussi inexplicable soit-elle, est en tout cas facile à décrire dans le sens de l’instrumentalisation. Avec donc des samples mis en avant, et majoritairement présent, ayant pour compagnon de route un peu à la traîne les guitares et la batterie, juste ce qu’il faut pour apporter un appui rythmique. Et en cela, le mixage et mastering ont trouvé la formule magique parfaite. Le dungeon synth de Midnight Odyssey ne se résume pas qu’à des samples, il y aussi des espèces de banques son un peu industriels ou dark ambient, ce qui rajoute une richesse supplémentaire dans la production car le travail d’adéquation n’est pas le même du tout, selon les genres de travaux aux claviers ou MAO, ou les deux. Voilà, je ne vais pas réussir à décrire davantage l’ensemble, pour la raison de ce fameux feeling qui reste irrationnel. Mais sachez simplement qu’en très bons connaisseurs que je suis du dungeon synth, cet album souffre d’une production excellentissime. Un pur bijou sonore.

Ce qui est intéressant de souligner, c’est l’extrême richesse composale. Du genre comme rarement égalé jusqu’ici, parce que Biolume Part 2 – The Golden Orb n’est pas qu’un album : c’est une légende. On a le sentiment que Dis Pater nous raconte une belle histoire, et que la musique est un cheminement romancé vers quelque chose d’un mélange ésotérique, spirituel voire méditationnel. J’ai remarqué que le label I, Voidhanger Records aimait les oeuvres très empreintes d’ésotériques bizarres. Ici, on est plus sur un registre musical épique, guerrier mais aussi par moment franchement méditationnel. C’est ce qui fait l’extrême force aussi de cet album, cette richesse incroyable mais sondable uniquement après plusieurs écoutes. Cet album Biolume Part 2 – The Golden Orb fonctionne un peu comme un recueil : il faut l’écouter un peu un jour, puis un autre, etc. Les compositions sont relativement différentes les unes des autres avec une même base composale que j’ai longuement décrite plus haut. Mais plusieurs écoutes après, je suis toujours autant fasciné en transporté. Comme une lévitation totale. Ma seule petite touche de point négatif intervient dans la longueur des morceaux. L’album dure une heure et quarante-deux minutes, c’est énorme. Sachant que le premier morceau dure plus de vingt minutes, et que la tranche horaire s’étire entre cinq et seize minutes, il faut une sacrée dose de motivation pour envisager l’orgueil de tout écouter d’une traite. D’où le fait que je recommande d’écouter Biolume Part 2 – The Golden Orb plusieurs fois, pas d’un coup, sous peine de se perdre dans des méandres abyssaux d’une overdose musicale.

Le gonze est donc d’un génie musical quasiment absolu, on l’a bien compris au vu de mes écrits. MAIS! Loin de se cantonner à un talent instrumental certain, notre australien est aussi un chanteur plutôt captivant! Techniquement parlant, on n’est pas du tout sur un chant saturé digne de ce nom, ni un chant clair aux envolées lyriques puissantes. On est sur un chant majoritairement clair que je qualifierai d’envoutant, typique d’un chant mélancolique un peu mais surtout nostalgique. Comme si le chanteur portait sa voix pour un horizon lointain mais incertain, comme si sa voix se perdait lentement dans l’atmosphère. L’effet qui est posé en mixage sur la voix est d’ailleurs plus dans une recherche de lointain, de mystères voire d’onirisme. Je note toutefois que l’étendue vocale de Dis Pater est large, puisqu’il est capable de passer dans des octaves variées avec facilité. Quant au chant guttural, plutôt estampillé scream ou high scream, ce qui peut rapprocher vers le black metal décrit injustement car réducteur, il est très bon aussi même si je préfère de loin et pour une fois le chant clair comme porteur de quelque chose de fort. Cela n’enlève en rien que le chant en général est magnifique, et que décidément cette panoplie de l’artiste musicien est complète et parfaite. Je suis sur le cul.

J’ai pu lire les textes, et honnêtement je n’ai pas tout compris. Primo, parce que c’est de l’anglais. Deuzio, cela a beau être une langue que je maitrise suffisamment, certains termes m’étaient inconnus. Et tercio, les textes sont très métaphoriques, au point que certaines tournures de phrase m’étaient toutes aussi inconnues, et comme on nous rabâche sans cesse qu’il ne faut jamais traduire mot pour mot… Du coup, et comme en plus les textes sont très longs du fait des morceaux itou, je n’ai pas compris grand-chose. Mais j’ai cependant noté qu’ils étaient selon moi plutôt bien écrits et qu’ils devaient probablement avoir un sens poétique très poussé, ce qui me semble être encore une fois un point d’ancrage essentiel pour mener à bien ma chronique vers le positivisme.

Ce que je fais maintenant pour finir la chronique! Alors, que vous dire les ami(e)s? Si ce n’est que Midnight Oddyssey m’est apparu comme l’une de mes révélations musicales de ces dernières années, ni plus ni moins. Proposant un dungeon synth accompagné d’une musique metal sans réelle étiquette tellement elle est secondaire, Biolume Part 2 – The Golden Orb est un album exceptionnel. Teinté d’un épicisme et d’un sentiment guerrier dingue, avec cette touche d’onirisme qui fait penser à une errance spirituelle, ce sixième album est celui qui me conduira vers la découverte d’un artiste totalement exceptionnel. Talentueux, génial, d’une créativité monstrueuse et qui semble avoir tout compris à la musique si secrète qu’est le dungeon synth, Midnight Odyssey et son maître à penser Dis Pater s’imposent comme des rois du genre. Rarement un groupe m’avait autant remué l’inconscient, jusqu’à bouleverser une partie de ma vision artistique de la musique. Il va donc de soi qu’il faut impérativement vous pencher sur cet album de folie. Non, vraiment, je vous assure, je n’avais pas du tout envie d’écrire. Mais il fallait que le destin me ramène vers cette essentialité musicale, et cette révélation. Je ne regrette rien.

Tracklist :

1. Dawn-Bringer 20:39
2. The Saffron Flame 09:41
3. Golden Orb 11:30
4. Rise of Thunder 12:44
5. Aurora Burning 05:25
6. The Unconquered Star 11:40
7. Below Horizon 16:21
8. The Chains Become Mine (Helios Invictus) 09:22
9. When the Fires Cool 05:13

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