Note du SoilChroniqueur (STRÖM) : 9/10

Il semble que je ne sois pas le seul, confronté à ce groupe canadien, à avoir pensé qu’on aurait droit à l’enfant non désiré de Silenius et Protector. Heureusement il n’en est rien, il n’y a qu’un seul Summoning, et même si les suiveurs existent, pour le moment je ne me sens pas la force de les chroniquer.

Keys of Orthanc est donc un groupe de Black Metal inspiré de Tolkien, ce qui est devenu d’une banalité incroyable, mais ils font les choses avec une excellence qui dépasse largement le sujet de l’album. La pochette de Ted Nasmith, les références au Mordor, si vous les remplacez par un thème médiéval que certains pourront penser plus noble à tort ou à raison, vous ne verrez pas la différence, tant le groupe a puisé certaines de ses atmosphères dans le folklore européen. L’outro “A Dawn in Mordor” par exemple, est une piste splendide et hypnotisante où les cordes se taillent la part du lion. Mais cette atmosphère pourrait trouver sa place dans n’importe quel film illustrant un soleil levant sur une plaine désolée, probablement après une bataille sanglante. En tant que grand amateur de J.R.R néanmoins, je ne peux que me délecter du bon goût de mes camarades de colo en Terre du Milieu.

Le précédent effort, “Dush Agh Golnauk”, sorti en 2018, et bien que je l’aie un peu snobbé à tort, présentait son lot de subtilités qui annonçaient le meilleur, la durée de l’ensemble en faisant presque un “E.P déguisé” (copyright Quantum© Mec à Nique). La section rythmique, notamment sur “The White Wizard”, s’affirmait à mes oreilles comme un atout qui apportait originalité et un petit goût d’inattendu.

Non seulement tout ceci se confirme sur la présente offrande, mais le chant est à tomber par terre. La diversité et la qualité de la performance de Harslingoth vaut le détour pour les amateurs, il est bien présent pour amplifier le côté épique et majestueux de l’ensemble, comme le côté guerrier sur le titre “ Uruk agh burgûl”. Voix claire ou purement Black Metal, il sait tout faire et les amateurs de Bathory trouveront quelques superbes mélodies chantées qui sauront satisfaire leur fibre héroïque. Les riffs sont eux aussi de la partie, les claviers sont bien évidemment prépondérants, je ne les mentionne que par acquis de conscience car je me doute que le public auquel s’adresse un pareil groupe sait à quel point il faut du doigté pour prendre son pied poilu de Hobbit couvert de War Paint.

Je concluerai en disant que si vous souhaitez vous encanailler avec Keys of Orthanc vous serez sans doute séduits, mais il me paraît assez évident que c’est un album d’abord fait pour les amateurs du genre, de ses ambiances, de cette violence somme toute modérée et qui est ici, avant tout, narratif, ce qui poussera les amateurs de haine pure seulement à passer leur chemin. Mais amateurs ou non du grand Tolkien, si vous cherchez un groupe avec de réelles capacités de composition et un vrai talent pour vous transporter ailleurs… ici, dans les coins sombres de ce monde imaginaire si cher à mon coeur, foncez ! Vous ne le regretterez pas.

Tracklist :

1. A Battle in the Dark Lands of the Eye… (3:30)
2. At the Gate (5:32)
3. Besieged (8:05)
4. The Old Castle of Durthang (9:05)
5. Lord’s Bane (8:21)
6. Uruk agh burgûl (5:08)
7. A Dawn in Mordor (6:32)

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SoundCloud : https://soundcloud.com/keysoforthanc/se … -golnauk-1