Kells – Anachromie

Le 20 janvier 2012 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Virginie Goncalves : Chant
Patrick Garcia : Guitare
Laurent Lesina :Basse
Julien Nicolas : Batterie

Style:

Modern Metal/Rock/Sympho

Date de sortie:

20 Janvier 2012

Label:

Season Of Mist

Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller) : 8,5 / 10

 

« Gaia », « Lueurs », plus de dix ans d’âge et troisième album labélisé dorénavant Season Of Mist, enregistré et mixé par Yann Klimezyk (Mypollux) au MS Studio et masterisé par Ted jensen (Metallica, Alice In Chains, Korn, Deftones, Muse…) au Sterling Sound Studio (NY). Le temps a passé, les petits jeunots candides et prometteurs ont muri.

Fini le temps de la vente sur les trottoirs du Transbordeur lyonnais de tee shirts floqués au nom du combo après des premières parties faisant la place nette à des Amberian Dawn, Epica, ou par ailleurs des mises en bouche pour Apocalyptica ou autres Cradle Of Filth. Terminé l’Adipocere Records bressan , le système D puis les Savage Prod, les quatre musiciens de la région lyonnaise ont fait leur chemin… Les crusaders ont quêté le Graal, l’ont trouvé et atteint, et par la même… amplement mérité leurs titres de noblesse ! Un mouvement de line up pour conclure cette décennie d’apprentissage et finaliser son cheminement musical, qui verra néanmoins le départ du batteur Jean Padovan remplacé par celui de Furia, Julien Nicolas, et l’arrivée d’un Anachromie à l’artwork Cover empli de symbolisme manichéen inhabituel.

Ce dernier terme utilisé ne le sera point par hasard d’ailleurs. Kells a beau avoir été étiqueté depuis des lustres comme un sous Evanescence ou un ersatz de Lacuna Coil, le combo de la région lyonnaise possède une unicité toute personnelle. Qualifié de groupe Metal sympho à Female voice, Kells est à l’origine à mon sens une entité Rock dont la trame musicale est devenue avec la maturité et l’évolution du temps plus Metal/Rock. Une notion rappelant les différences et débats d’autrefois entre le rock hard et le hard rock si vous me suivez. La rythmique du groupe devient ainsi cependant au fil des albums de plus en plus pêchue et couillue, à l’exemple de guitares saillantes et incandescentes flirtant de plus en plus dans le Metal pur jus et contemporain quoique loin de la puissance des groupes Death. Le quatuor a beau avoir tourné souvent avec les Epica des divins Mark Jansen, Simone Simmons et autres Oliver Palotai (Kamelot et Sons Of Seasons par ailleurs !!!), ou encore la diva Tarja Turunen… Sa trame et ses structures et ingrédients musicaux concoctés ne permettent en aucun cas de les classifier comme des sous produits clonés des pointures précitées. Certes, les utilisations de samples, de nappages emphatiques stylés symphoniques et donnant encore de l’ampleur et de la grandiloquence aux compositions délivrées pourraient donner parcimonieusement cette impression. Mais on est à des lieux de lignes organiques à la Tuomas Holopainen de Nightwish, ou d’orchestrations à la Whyzdom pour rester hexagonal. « L’écho » aura beau en être un contre exemple, Kells est un quatuor sans claviste attitré ce qui sera obligatoirement un inconvénient pour les aficionados des pointures précitées. Mais pour ma part et quoiqu’en faisant aussi partie intégrante à part entière, cette « non présence » est un réel un avantage car permettant une réelle diversité des tracks délivrées ne tombant point dans un « moule » unique.

Inévitablement, on ne pourra faire l’impasse sur la progression et l’évolution du chant de la belle front woman Virginie dont le panel s’est « férocement » étoffé. A la prestance, charisme et joli grain de voix, s’est apposée une nouvelle corde (vocale, killing joke) avec son chant hurlé, crié, grawlé. Ce qui était apparu sur « La Sphère », a pris forme et s’est peaufiné de manière incandescente et viscéralement appréciable dans ce nouvel opus. La belle se lâche et nous sidère par la valeur ajoutée sur les titres ou elle envoie frénétiquement son avoine. Inévitablement, les poseurs d’étiquettes vont nous ressortir que la collaboration avec la Candice de Eths sur l’album précédent a engendré un mimétisme chez les lyonnais. Un argument ne tenant en aucun lieu la route tant les grawls assénés par les deux beautés sont foncièrement différents et inclinant et remémorant certains déchirements hardcore pour la rhodanienne. De toutes façons, au jeu des comparaisons et influences, les obtus de la catégorisation auront toujours le dernier mot et nous sortirons ainsi que Laurent le bassiste bondissant à des dreadlocks à la Cavalera Sepultura/Soulfly , que Pat la Gratte soigne son look à la Phil Anthony Campbell, etc… N’étant point Don Quichotte et ayant passé l’âge de la lutte perdue d’avance contre les moulins à vents (et les girouettes en tous genres !), je terminerai juste cette mise en place en soulignant que les quatre musiciens de Kells font toujours montre d’une disponibilité et d’une gentillesse hors du commun dans un milieu ou certains ont vite fait de se prendre pour « bananes ». Pas de noms, j’en aurai trop à vous délivrer qui pourtant n’auraient aucune raison de se prendre pour dieu sur son piédestal.

Venant de passer plus de temps à dénoncer les clichés et inepties en tous genres accolés avec insistance sur le quatuor, mettons de coté ce qui devient une tribune, pour retourner dans ce qui doit être une chronique ! Mes plus sincères excuses auprès de Kells et ses nombreux fans mais toutes ces précisions et corrections quant aux stéréotypes affirmés et calqués de manière indélébile devaient être citées et dénoncées pour une véritable mise en place et présentation de ce nouvel opus. Une troisième offrande donc, dont la trame et le fil rouge conducteur sont un Metal Modern puissant, groovy et incisif, ou subsistent cependant les racines Rock d’antan du groupe. « Gaia », qui a malheureusement pris un coup de vieux, avait présenté et laissé deviner un réel potentiel, que « Lueurs » a confirmé par sa qualité intrinsèquement croissante. Anachromie, par sa maturité matinée d’expériences et de quelques nouveautés dans la musicalité présentée et assénée sublime le tout. Plus dynamique, plus fouillé, plus subtil et abouti, cette sortie sera sans conteste la meilleure délivrée à ce jour par un groupe qui en outre de l’énergisant maitrisera avec talent les ressacs d’intensité. Pas de titre par titre, s’avérant toujours rébarbatif et exhaustif, mais une affirmation de qualité sur la longueur des plages assénées toutes à la fois sans faiblesses et sans coups férir. Les temps qualitativement faibles malheureusement présents sur les deux scuds précédents sont ici inexistants et bannis, rendant cet opus homogène dans son appréciation et son assimilation.

Car si les tintinnabulements subtils en intro de « Bleu » nous surprennent inauguralement les conduits auditifs en amenant devant nos yeux une inattendue vision rouquine à la jolie assise de…Mylène la fermière ; l’illusion est éphémère et le voile se déchire immédiatement tant la valkyrie devient immédiatement… guerrière ! Pas d’états et encore moins de bleus ni de vague à l’âme ; la lame est aiguisée et Kells présente le clou acéré avec ce premier titre. Et nous l’enfonce jusqu’à la garde avec un « Se Taire », premier clip tiré d’Anachromie, et futur Hymne en puissance qui devrait enrôler dans les légions du combo des cohortes de fans conquis. Kells sort les pectoraux gonflés, les biceps saillants, et nous assène irrémédiablement son nouveau Metal, plus musclé et vindicatif ; en atteste l’usage de la double du nouveau bucheron derrière ses futs qui nous convainc de la solidité de ses mollets… Mais le carénage musical et structurel dorénavant plus épais ne devra pas masquer pour autant tout un kaléidoscope d’autres ingrédients issus de l’histoire du combo et encore bien présents, qui plus est hautement ciselés ! Riches, travaillées, convaincantes et accrocheuses, les compositions proposées s’avéreront sur toute la longueur de la tracklist remplies d’originalités, trouvailles, et intérêts différents. Pour vous imager mon ressenti j’utiliserai la métaphore de la cerise sur un bon gâteau en précisant qu’ici le fuit n’est point unique mais sur (-et dans !-) chaque part délivrée….

Treize morceaux délivrés et le seul « Addictions » me laissant plus circonspect car à mon sens assez linéaire et itératif entrainant une certaine redondance ; autant dire que le quatuor lève la mise et remporte aisément la partie. Pour le reste tout ne sera qu’agrément. Intro orientalisante sur « Illusion d’Une Aire » avant du gros riff et des déferlantes incessantes revenant telles des lames de fond avant qu’un break délétère et évanescent ne reprennent des brumes arabisantes. Des secondes qui s’égrènent en entame d’un « Temps » qui au lieu de se figer va se complaire dans un jeu alternant gros coups de scalpels déjantés et esthétisme des légèretés mélodiques. Un balancier permanent qui trouvera d’ailleurs son Highlight dans un « Emmurés » d’excellence aux envolées des lignes organiques insidieuses mettant en orbite un refrain simple mais diablement efficace. Une constante d’ailleurs que cette dualité entre ressac d’intensité d’un coté, et de l’autre des refrains couperets que vous vous surprendrez inévitablement à reprendre en braillant à tue tête. La langue de Molière n’y sera point étrangère, tout comme les incontestables progrès de la Miss Goncalves dont dictions et reprises de souffle autrefois un peu sujettes à cautions sont aujourd’hui parfaites. Mention spéciale encore à un manège « déchanté » à la batterie martiale en entame, aux pauses diverses ressortant des ambiances mystiques se rehaussant d’une basse grassouillette et bourrue, ou de touches saccadées de piano générant au final une atmosphère d’Horror Show de trépanés

En conclusion, car je pourrai m’étendre indéfiniment sur un quatuor qui doit viscéralement être considéré comme un électron libre de la planète Metal, Anachromie se révèle comme l’œuvre la plus aboutie de Kells. Un opus qui sera certainement (encore) décrié et égratigné par les adeptes sectaires de dogmes stylistiques sclérosés car surfant entre et sur divers courants, soit ! Il n’empêche que les alchimies et le maelstrom concoctés par les quatres lyonnais n’hésitant pas à faire fi des frontières imposées par de pseudos catégories de sous style Metal sont plus que de hautes tenues, flirtant tout simplement avec l’excellence. Un juste dosage et un savant élixir qui devraient cette fois ci donner à Kells une réelle et affective notoriété internationale, quand bien même la barrière de la langue choisie pourrait en être un frein. Mais les « Lugdunum’s Killers » ont anticipé cet inconvénient, en attestent les deux « english versions » Furytale et « On My Fate » de « Se Taire » et « L’Heure que le Temps Va Figer» délivrées en fin d’album dans la langue de Churchill. Quand je vous dis que le groupe a muri…

Site Officiel : http://www.kellsofficial.com/
Myspace : http://www.myspace.com/kellsgaia

 

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