Karg – Resignation

Le 25 novembre 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • J.J – Chant, basse, glockenspiel
  • Daniel Lang – Guitare, chant
  • Chris Purch – Guitare, chant
  • Georg Traschwandtner – Guitare / P.F. - Batterie
  • Guests :
  • Klara Bachmair – Violon (piste 1 et 3)
  • Private Paul – Chant, paroles (piste 4)
  • I.R – Chant (Piste 2)
  • S.M – Chant (Piste 2)
  • Christoph Höhl – Trompette, Flugelhorn (Piste 1)
  • T.L : Chant (piste 4)
  • P.G- Chant (piste 3)

Style:

Post-black Metal

Date de sortie:

25 novembre 2022

Label:

AOP Records

Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 8,75/10

A chaque album de Karg c’est la même chose. Je ne peux m’empêcher de penser à Harakiri For The Sky. Logique me direz vous, les deux formations partageant le même chanteur, J.J, et un goût pour les mélodies empreintes de mélancolie. En plus ils partagent le même label : AOP Records.
Pourtant si on s’en tient aux faits, Karg a été fondé en 2006 et Harakiri For The Sky en 2011, donc chronologiquement parlant c’est Karg qui devrait faire penser à Harakiri For The Sky. Mais non.
Toujours est-il que Karg en est, avec ce Resignation, à son huitième album. Ce n’est pas rien. Karg est donc beaucoup plus qu’un simple side-project. C’est une entité musicale à part entière.

Pour l’anecdote J.J se serait retiré dans une cabane au fond des bois au début de l’année 2021 pour en composer la musique. Une démarche, certes, pas inédite mais qui dénote bien qu’il y a derrière la musique de KARG une aspiration profonde à produire plus que de la musique. Il y a derrière ces notes une volonté de prendre du recul avec le monde et sa toxicité, de renouer avec la nature et sa temporalité, d’exorciser la douleur.

Pour autant, la misanthropie n’est pas son seul moteur comme en témoignent les mentions des lieux d’écriture au début de chacun des titres : Rome, Annaberg-Lungötz, Haugesund, Athènes, Salzburg, Helsinki. Autant de lieux de voyage évoquant le chaud ou le froid, mais toujours avec la mélancolie sur ses talons. Ces textes sont une nouvelle fois en allemand et toujours empreints d’une poésie douloureuse. Ils sont d’ailleurs présentés sous la forme de vers et on y retrouve un soin particulier apporté aux sonorités.
Si J.J est l’âme pensante de Karg, celui-ci sait aussi s’entourer. De ses musiciens live tout d’abord mais aussi de pléthores d’invité(e)s. Dans une tradition AOPienne, désormais bien établie, on retrouve d’autres artistes du label : P.G de Groza qui intervient sur la chanson « Grab der Wellen » et Klara Bachmain de Firtàn dont le violon résonne sur les titres « Was Bleit » et de nouveau “Grab der Wellen”.
Mais Resignation voit aussi la participation de nombreux autres artistes : I.R et S.M de la formation suisse de Post Doom E-L-R, T.L du groupe autrichien de Post Black LÛS. Plus étonnant encore, on note la présence de Private Paul, un artiste Hip Hop de Hambourg qui refermera l’album sur une déclamation à vous fendre l’âme.

De tout ces éléments réunis découle une œuvre contrastée où l’amertume, la colère côtoient d’autres moments emplis de douceur et de mélancolie, fruits d’une solitude consentie et apaisante.
Car telle est finalement l’une des principales caractéristiques de l’univers de Karg avec ce contraste entre la voix rugueuse de J.J et une musique éthérée aux colorations Post Black, Shoegaze. Un contraste saisissant qui me semble de plus en plus marqué depuis l’EP Resilienz et semble se confirmer sur ce huitième album. Bon avouons le, ordinairement ce n’est pas forcément ma tasse de thé, enfin ça dépend des jours et de l’humeur…mais là où je pensais, à tort, que Karg n’était qu’un groupe  Post  machin bidule truc de plus, cet album m’a séduit.
Par rapport à ce dont je m’en souvenais, la musique de Karg se fait de plus en plus contemplative et prend le temps de distiller ses mélodies sur des morceaux s’étirent et respirent pleinement, « Generation Ohne Abschied” frôlant même le quart d’heure. Ce fond mélancolique prégnant se voit appuyer sur “Was Bleit” par de belles lignes de chant clair, de violon et des saveurs cuivrées (trompette et de flugelhorn). S’il peut en résulter forcément quelques longueurs, il faut surtout les voir comme un élément constitutif de l’univers de Karg où le spleen s’installe inexorablement prenant des airs de lypémanie. C’est triste et beau. C’est beau parce que c’est triste.
Cela l’est d’autant plus, que ces flots mélancoliques se transforment parfois en torrents de douleur, en tourbillons de rage, en vagues se fracassant sur l’âme. Ces accès de passions sombres s’expriment à merveille au travers du timbre amer de J.J et des parties de guitares plus tempétueuses.
Sans s’en rendre compte on se laisse transporter et très vite la fin de l’album arrive avec « Generation Ohne Abschied”, un morceau sublime, avec une fin incroyablement belle.
L’album comporte également deux bonus avec une reprise, ou plutôt une réinterprétation, de « Dreaming my Dreams » des Cranberries et « Fever Queen » de Nothing. Hmmm c’est pas désagréable mais pas franchement indispensable, je préfère retenir les quatre titres de l’album et finir sur ce «  Generation Ohne Abschied” qui, vous l’aurez compris, m’a beaucoup plu.

Avec Resignation, Karg propose donc un album touchant, riche en sensibilité et musicalement très bien élaboré. L’atmosphère poétique contrastée qui s’en dégage a su me capter et m’emporter avec elle. Elle m’a beaucoup refait penser à ces écrivains et poètes allemands du XVIIIe – XIXe que je dévorais jadis et qui mettaient en avant à la fois la passion et une certaine esthétique de la tristesse.
Si on poussait cette analogie artistique en revenant dans le passé, on dirait probablement de Karg et de Resignation qu’ils sont la synthèse contemporaine du Sturm und Drang (vent et passion) et de la Sehnsucht romantique, ce vague à l’âme à la fois douloureux et langoureux, aspirant et inspirant.

 

Tracklist :

1. Was Bleit (11:43)
2. EBBE/FLUT (10:21)
3. Grab der Wellen (09:50)
4. Generation Ohne Abschied (14:27)
Bonus :
5. Einen Traum Weiter Dort Fangen Wir Das Licht (04:05) (The Cranberries – Dreaming My Dreams)
6. Fieberherz (02:43) (Nothing – Fever Queen).

 

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