Line-up sur cet Album
Mike Bordin : batterie Jerry Cantrell : chant, guitare, basse Lola Colette : chœurs Vincent Jones : claviers Duff McKagan : basse Greg Puciato : chœurs Gil Sharone : batterie, percussions Robert Trujillo : basse Maxwell Urasky : chœurs et effets sonores
Style:
GrungeDate de sortie:
18 octobre 2024Label:
Double J MusicNote du SoilChroniqueur (Vince le Souriant) : 9/10
« Circa » 97, chez mon meilleur ami, Frédéric, dans un pavillon de Livry-Gargan. MTV ou MCM à la télé. Une bande de chevelus avec lunettes de soleil jouent de la guitare dans une cage. C’est « Again », d’Alice in Chains (que par commodité, j’abrégerai en AIC dans la suite de cette chronique). Le titre est tiré de l’incroyable album éponyme, celui avec le chien à trois pattes, imprimé en noir et blanc mais coloré par une jaquette violette.
Des coups de foudre musicaux, j’en ai eu quelques-uns dans ma vie. Celui-là ne s’est jamais démenti. De « Facelift » au « Unplugged« , le groupe de Seattle m’a ainsi accompagné, de mon adolescence jusqu’à aujourd’hui. D’Alice in Chains, il est impossible de ne pas retenir la voix incroyable du regretté Layne Staley, disparu en 2002. Toutefois, l’âme du groupe, tout au moins sa tête pensante, c’est Jerry Cantrell. Et pour tout fan du groupe, la question se pose : l’homme qui l’a engendré se réduit il à sa création, à Alice in Chains ? Y a-t-il une vie après, ou du moins à côté ?
Avec « I Want Blood« , l’homme signe son quatrième album solo, et je dois confesser que j’ai conservé les trois premiers comme des poires pour la soif, et que je ne les ai jamais écoutés. Découverte donc. Découverte et… Choc ! Écoute après écoute, une impression ne se dément pas, celle d’écouter AIC jusque dans la voix. Évidemment, le groupe était réputé pour ses harmonieuses superpositions de lignes de chant, et le sieur Cantrell lui-même poussait volontiers la chansonnette, au moins depuis le sublimissime « Jar Of Flies » (1994). Mais tout de même, il sonne presque exactement comme Layne, exploit que l’actuel chanteur, le pourtant très bon William Duvall n’a pas pu (ou pas voulu !) reproduire. Oui, eussé-je écouté plus tôt les albums post décès de Layne Staley, je m’en serais aperçu plus tôt. Ainsi, sur l’album « Black Gives Way To Blue » (2009), c’est Cantrell qui assure la transition au chant, laissant progressivement la voix de Duvall s’installer.
Mais revenons-en à « I Want Blood« , et rappelons ce que tout le monde sait ou devrait savoir : Jerry Cantrell est l’un des plus grands songwriters de sa génération, un troubadour des temps modernes, l’équivalent électrique d’un Bob Dylan ou d’un Johnny Cash. Ici flanqué d’une armada de musiciens talentueux, dont Robert Trujillo (Infectious Grooves, Metallica), Duff McKagan (Guns N’ Roses), Mike Bordin (Faith No More) et Greg Puciato (The Dillinger Escape Plan), Jerry Cantrell égrène des perles qui font honneur à sa carrière. Certains titres se révèlent être de vrais sommets d’émotion à l’état pur, qui vous serrent le cœur et vous rendent tout chamallow. Ainsi, le titre d’introduction, « Vilified » est une vraie carte de visite : grosses guitares, superpositions vocales… Tout y est, mais le meilleur reste à venir.
« Off The Rails » et « Afterglow » renouent avec la grande, voire la très grande tradition des compositions Cantrelliennes, à la fois mélodiques et torturées. « Off The Rails » voit grand, très grand, et démarre avec une vibe estampillée AIC qui en aurait fait un titre digne de « Dirt » (1992). Le train n’est plus sur les rails, il s’est envolé, et l’auditeur avec. « Afterglow » est plus posé, désenchanté, mais d’une sincérité à faire fondre. Certes une bluette, mais qui sent l’après-rasage et les grands espaces.
« I Want Blood », qui donne son nom à l’album résonne comme une provocation, une sorte de défi. Le Jerry n’est plus tout jeune, mais il en a encore sacrément sous la pédale, et semble lancer : « Hey, les gars, je ne suis pas encore mort, j’ai encore des choses à dire, et je suis prêt à vous en mettre sur la gueule ! » Amen.
« Echoes Of Laughter » est, de nouveau, Alicien en diable. Il répand si bien ce sens de la résignation fataliste propre à nombre de compositions du Maître, cette impression que le destin est comme une enclume posée sur le couvercle de la vie. Vient l’impressionnant et obsédant « Throw Me A Line ». Ce titre, débutant sur des guitares très prog rock, cache bien son jeu : son refrain obsédant constitue probablement l’un des points culminants du disque. Le râpeux « Let It Lie », aux guitares bien graves, relâche un peu la vapeur avant l’ascension finale : « Held Your Tongue » commence a cappella. Puis le reste de la troupe, en embuscade, passe à l’attaque. Le traquenard est redoutable. Telle la proie d’un python, l’auditeur est encerclé, « « Slow and steady, no resting » ».
Enfin, le coup de grâce : « It Comes ». Ce titre final est comme un pansement pour l’âme, une chanson-doudou, à réécouter encore et encore, quand la vie vous malmène un peu trop. C’est pourtant un adieu : « I’m slowly drifting free/Let me go, it’s all over/From the ragged company/We have tried, time to say goodbye ».
Au revoir, alors.
Et surtout, du fond du cœur, merci Monsieur Cantrell, merci pour tout.
Tracklist :
Vilified (4:31)
Off The Rails (5:26)
Afterglow (4:38)
I Want Blood (4:22)
Echoes Of Laughter (5:11)
Throw Me A Line (5:01)
Let It Lie (5:44)
Held Your Tongue (4:46)
It Comes (6:29)
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