Goatcraft – Sic Transit Gloria Mundi

Le 26 novembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Lonegoat : piano, claviers

Style:

Néo-classique / Dark Wave

Date de sortie:

26 novembre 2021

Label:

I, Voidhanger Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“Piano. Ustensile de salon destiné à avoir raison du visiteur impénitent. Il fonctionne en déprimant les touches de l’instrument et le moral de l’auditoire.” Ambrose Bierce

Le piano. Cet instrument que l’on connait surement le plus, que l’on soit mélomane ou juste une personne lambda. Qui n’a pas reçu étant petit un jouet en piano, avec les fameuses touches noires et blanches qui font des sons bizarres? Le cheminement vers l’envie de jouer du piano m’échappe alors que j’adore particulièrement cet instrument. Plus encore, ce sont les claviers qui m’ont toujours fortement attiré, les possibilités en banque son me laissent rêveur, et tous les arrangements que l’on peut faire désormais avec un pc portable et un clavier m’ont toujours plu. Le piano reste pour moi le point de départ de mon envie de faire de la musique. Je pense que grandissant entouré de parents qui aiment cet instrument, j’ai développé une sensibilité à la musique grâce à ce superbe instrument qu’est le piano. Il faut une dextérité que secrètement j’aimerais avoir, surtout quand je vois des vidéos de virtuoses de piano, avec ces doigts qui bougent tous seuls et qui sont animés d’un même but commun, celui de trouver la mélodie parfaite. Je ne suis pas surpris quand j’entends du piano dans les albums de metal, parce que c’est un instrument qui ajoute souvent une forme incroyable de mélancolie ou de noirceur. Moi-même pratiquant la MAO occasionnellement, j’aime mettre du piano. Mais rarement j’ai été amené à écrire une chronique sur un projet qui tourne autour du piano comme instrument principal. C’est chose faite, je réalise un peu un désir enfoui en m’attaquant fièrement à Goatcraft et l’album qui va sortir bientôt nommé « Sic Transit Gloria Mundi » qui signifie en latin «Ainsi passe la Gloire du Monde ».

Goatcraft n’est pas un groupe que je connais, pourtant tout aurait dû m’attirer. D’abord car il s’agit d’un one-man band d’un certain monsieur qui s’appelle Lonegoat, qui est américain de ce que j’ai compris en zieutant d’autres articles (le label ne nous a rien fourni) et dont la date de création de son projet solo est inconnue. J’ai cru comprendre que « Sic Transit Gloria Mundi » est l’épilogue d’une série de cinq albums, écrits en saga, pour parler de manière ésotérique de la mythologie grecque. De l’aveu même du label ou de Goatcraft, le concept est très flou, on ne sait pas vraiment ce que sous-entend notre ami pour évoquer cette fameuse saga. En tout cas, les trois derniers albums dont celui-ci sont sortis sous le même étendard de I, Voidhanger Records. J’en ai repéré un sur le Bandcamp personnel du gars mais qui semble ne pas être mis à jour depuis un moment. C’est donc un projet musical empreint de mystères et de silence que je m’apprête à découvrir, et « Sic Transit Gloria Mundi » est un album très tourné sur le piano. D’un côté cette absence d’informations me dérange beaucoup quand je dois écrire la chronique, mais je lui trouve quand-même un côté positif puisqu’au moins on part sur des bases neuves et neutres.

Je parlais de mythologie grecque, au moins la pochette lui donnera raison. Autant prévenir, le tableau qui orne cet album n’est pas une œuvre créée pour l’occasion. Il s’agit d’un tableau de Maximilian Pirner qui s’appelle Konec Všech Věcí (la fin de toutes choses) et qui a été peint en 1887. On reconnait quelques figures grecques comme la Méduse à gauche et une Nymphe à droite, après les autres corps gisant sur le sol, j’aurais un peu de mal à les identifier formellement. Vous savez ce que je pense des groupes qui plagient littéralement les œuvres déjà existantes pour ne pas s’embarrasser du processus créatif, donc je n’irai pas plus loin pour la pochette. Je suis fortement déçu par Goatcraft sur ce point précis d’autant qu’à mon avis il n’y a pas de droit d’auteur en jeu vu la date de réalisation du tableau…

Appeler la musique sur « Sic Transit Gloria Mundi » du « dark piano », je trouve cela un peu trop exagéré. Si l’on reste plus terre-à-terre, Goatcraft mélange deux genres au gré de ses morceaux : du néo-classique et quelques petites touches de dark wave. Rien d’extraordinaire quand on le dit comme ça, je m’en rends compte puisque le but du néo-classique en musique est de reproduire ce que l’on connait de nos jours, c’est à dire une musique plus occidentale, avec des contrepoints partout et des mélodies en harmoniques. L’utilisation des instruments est aléatoire, ici la part belle est évidemment faite au piano. Les éléments dark wave sont plus floues, on les entend mais disons qu’ils se situent dans les ambiances un peu « gothiques », ou du moins religieux. Avec des claviers qui mettent en avant des orgues, des nappes de fond pour envelopper le piano. Voilà pour le détail. Autrement, l’album est vraiment très beau. J’aime beaucoup les arrangements qui sont faits sur le piano, cela lui donne une grande place et un côté majestueux. D’ailleurs, ce qui m’a marqué, c’est que ce dernier fonctionne un peu comme un instrument saturé. C’est à dire qu’avec tous ces effets en amont, le piano est extrêmement présent. Le label nous disait que l’objectif de Goatcraft était de rivaliser avec le metal dans le son et la puissance rien qu’avec des claviers et un piano. Je pense qu’effectivement il n’est pas loin d’y arriver! En tout cas, rares sont les moments de calme, pourtant si inhérents à l’instrument, les parties sont toutes ou presque rapides, en contre-chant et surtout puissantes. C’est donc un album qui tient quelques promesses, et qui surprend.

Je disais que ce qui est important de comprendre sur « Sic Transit Gloria Mundi » ce sont les arrangements divers. Il faut, pour atteindre un but de piédestal avec le metal, que le son soit saturé, et par conséquent puissant et agressif. Dans le cas de Goatcraft, cette fameuse puissance ne pouvait être atteinte qu’avec un énorme boulot fait en studio puisque le piano est normalement un instrument clair, même aux claviers qui pourtant peut se donner les moyens d’être saturé. Il fallait donc cette production. Elle est quasiment parfaite pour produire ce son caractéristique et étonnant, apportant une grande place au piano et donnant l’impression que ce dernier se pare de plusieurs lignes mélodiques d’un coup. Je me demande d’ailleurs comment un tel son se produit en studio, s’il lui aura fallu enregistrer plusieurs parties ou une seule, etc. Bon, en tout cas, la production est très bonne! Je qualifierais même le son de très intéressant pour tous ceux qui se demanderaient comment donner une place de choix à un instrument organique ou clair. Franchement beau!

Après avoir effectué plusieurs écoutes, je ne pense pas sincèrement revenir dessus un jour. Je vais vous expliquer pourquoi, c’est assez simple : l’utilisation qui est faite du piano ne me sied pas plus que cela, trop habitué surement à des fins plus conventionnelles. Néanmoins, je lui trouve de très belles choses en ambiances et en atmosphères. On a bien cette dureté, cette force qui transpire et qui rendrait jaloux certains morceaux de metal. A n’en pas douter, cet album est très bien construit et offre de véritables expériences sonores. Maintenant, et je sais que le challenge est de rigueur pour le label qui se spécialise dans tout ce qui est expérimental et ésotérique, est-ce qu’il va trouver son public? Et surtout, à qui l’adresser? C’est là tout l’enjeu de « Sic Transit Gloria Mundi« , trouver sa place dans l’échiquier metal. Le néo-classique s’y prête, mais jusqu’à quel point, ça… Mais je lui reconnais de très belles qualités musicales, et ce malgré ma réticence à l’idée d’y retourner.

Et comme l’album est acoustique, je m’épargne un dernier paragraphe et amène directement la conclusion! Goatcraft sort bientôt son cinquième méfait nommé « Sic Transit Gloria Mundi« . Un album entièrement consacré à cet instrument divin qu’est le piano, que je considère comme l’un des instruments les plus représentatifs de ce qu’a la musique dans son absolu. L’utilisation qui en est faite est toutefois bien expérimentale, avec une volonté d’offrir la puissance que ce dernier n’a pas forcément, surtout au regard des influences assumées par Lonegoat lui-même. Je considère que cet album a des atouts indéniables, et ravira certains avec complaisance et facilité, mais il n’en demeure pas moins que le flou artistique demeure sur vers qui conseiller cet album original et un peu trop expérimental à mon gout. Quand on veut offrir de la chromatique en plus au piano, on prend le risque de se brûler les doigts. J’espère néanmoins que « Sic Transit Gloria Mundi » trouvera son auditoire car il le mérite, pour le boulot accompli et les nombreux talents qu’il dissimule.

Tracklist :

1. Redivivus
2. Nous Aflame
3. Bleeding Caldera
4. Deipnon
5. Abundance Of Suffering
6. Inhibitory Gnosis
7. Orphic Emesis
8. Henosis
9. Desolate Ways
10. Thus Passes Worldly Glory

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