Ghostheart Nebula – Ascension

Le 17 septembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Nick Magister : guitare
  • Bolthorn : basse
  • Maurizio Caverzan : chant
  • Panta Leo : batterie
  • Aron Corti : guitare
  • Guests :
  • Lucia Amelia Emmanueli : chant sur 1
  • Jon Liedtke : theremin sur 4
  • Gogo Melone : chant sur 5, artwork

Style:

Doom Metal / Blackened Death Metal

Date de sortie:

17 septembre 2021

Label:

Black Lion Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.25/10

“Une heure d’ascension dans les montagnes fait d’un gredin et d’un saint deux créatures à peu près semblables. La fatigue est le plus court chemin vers l’égalité, vers la fraternité. Et durant le sommeil s’ajoute la liberté.” Friedrich Nietzsche

L’instinct de survie de l’Homme l’amène à un clivage naturel plutôt surprenant. Loin de partager tout ce que dit Nietzche, ce qui pour un metalleux pourrait sembler limite incongru, je pense qu’il n’a pas tort. Vous mettez deux ennemis dans la même galère, vous avez deux solutions : soit ils s’entretuent jusqu’à ce que l’un survive tout seul sans adversité pour entraver sa route, soit ils s’entraident et unissent leurs forces au moins le temps de se sortir de ce bourbier potentiel. L’humanité dans son côté inique, même pas capable de se mettre d’accord sur une ligne de conduite… J’adore déblatérer sur l’association que peut produire deux aspects contraires parce que dans la musique, le constat est le même : ça passe ou ça casse ! Je m’évertue donc à prendre des trucs farfelus, comme Stheno que je ferai plus tard en chronique et qui se présente comme du… Black Grind Metal ! Les mecs ! C’est dingue quand-même de voir ça. C’est là toute la complexité de la musique, au moins aussi complexe que l’humain, sinon plus. Savoir associer deux entités contraires peut s’avérer être soit du génie absolu, soit du gâchis total. Il n’y a pas de juste milieu, c’est quasiment impossible ! Voilà pourquoi j’aime aller sur des sentiers non-battus, des styles originaux. Pour savoir dans quelle polarité existentielle se situeront les résultats des chroniques. La magie… J’adore ! Ghostheart Nebula a déjà la manie d’avoir deux noms un peu éloignés sur le plan métaphysique, alors j’imagine la musique ! Vous avez envie de découvrir sur quelle polarité se situera l’album « Ascension« ? Alors, ne lisez pas la note en premier et lisez la chronique ! Déjà fait ?… Punaise.

Ghostheart Nebula ne pouvait pas passer inaperçu avec un nom aussi compliqué. Mais derrière cela, se cache en vérité un groupe très intéressant, à cuisiner. Pour commencer, il est bon de savoir que Ghostheart Nebula vient d’Italie, et de pas très loin de chez nous, de Milan. Un groupe qui a posé ses fondations en 2017, très récemment donc, et qui propose un premier album avec « Ascension« . Ma première curiosité a été de voir que tous les sites qui ont parlé de près ou de loin de ce groupe néophyte mentionnaient à tort et à travers qu’il avait été fondé par un certain , alias Nicola Magistro. Bon, je vous avouerai que je ne connaissais pas ce type et comme il me semblait qu’il était cité en référence, j’ai cherché quel était son pedigree. Honnêtement, il n’y a rien d’extraordinaire, il a fait partie des groupes Mémoire Noire (pour lequel il fait tout) et Counterstroke. En soi, rien de croustillant, je ne comprends donc pas pourquoi on le cite en exemple comme ça, mais bon. Ensuite, l’autre curiosité, beaucoup plus glorieuse cette fois, est que l’album « Ascension« , qui est le tout premier je le rappelle et précédé d’un EP et d’un single autoproduits, sort chez un label, et pas n’importe lequel ! Black Lion Records, svp ! Alors là, je me suis dit que forcément, forcément, cela devait être un énorme album ! C’est une incroyable chance d’être signé chez un label aussi prestigieux pour un premier méfait et cela n’est pas à prendre à la légère. Cela va compter dans mon analyse, que voici.

Et déjà, on peut dire un truc : c’est que le groupe soigne son entrée en matière. Les pochettes sont sublimes, toutes. Depuis le début c’est une certaine et non moins charmante Gogo Melone qui s’en occupe et qui est invitée au chant d’ailleurs. Et elle a un sacré talent ! Les couleurs sont superbes, j’adore ce bleu-vert un peu aquatique, sinon cosmique. D’ailleurs le décorum général est spatial, ou onirique, avec ce ciel étoilé et ces panaches de fumées qui sont d’un effet magnifique. Il y a ce centre de pochette qui ressemble à une bulle incandescente ou une planète, et ce corps masculin qui s’élève en position allongée, comme si ce corps était un apport d’énergie céleste. Il y a un côté déjà-vu dans le fond de la pochette qui me semble inévitable puisque ce fameux corps masculin qui s’élève est un aspect que l’on connait bien et qui résume très bien le côté ascension que défend l’album. Vous le lirez peu après mais l’artwork résume parfaitement la musique de Ghostheart Nebula. J’adore sincèrement la forme, je trouve le fond légèrement plus commun et attentiste, mais si tel est la volonté des Italiens, alors je valide. En tout cas, je m’arrête rarement à chercher le fond des significations symboliques des pochettes quand je zieute chez un disquaire, donc je vais faire l’effort de ne retenir que le style qui est absolument splendide !

Et la musique ne laissera personne indifférent tant par son intrication que sa beauté. Ce sont les maîtres mots qui résument cette chronique. Ghostheart Nebula officie dans un style basique doom metal mais avec des incorporations différentes et riches. La majorité des accords et des harmoniques me font penser à du death mélodique, mais l’épaisseur manquante, on serait sur un mélange « blackened death metal mélodique » puisque les accords sont desservis par un son nasillard et plutôt aiguisé. Du reste, on pourrait rajouter des claviers et quelques instruments traditionnels qui font très symphoniques ou à défaut et de manière gargarisée, des ambiances gothico-romantiques. Le groupe que j’adore qui me vient en tête pour comparer Ghostheart Nebula est Angellore. Je vous invite fortement à aller les écouter, ils sont français en plus. Mais revenons à nos Azzuri. Le mélange de doom metal et des ambiances aux claviers sont absolument magnifiques et on pourrait même trouver un brin de folie dans cette musique tortueuse et malsaine. C’est là toute la richesse de Ghostheart Nebula qui propose une musique opulente à souhait sans tomber dans l’excès. Cette justesse dans la composition et dans les instrumentations est preuve d’un groupe intelligent et mature. Le doom metal n’est pas étouffé et reste majoritaire tout en offrant une place de choix pour les parties ambiantes qui m’ont laissé pantois d’admiration. Il y a vraiment un truc original indéniable ! Il fallait trouver cette mixité qui sonne excellemment bien comme cela ! L’abondance d’invités sur l’album apporte une couleur différente pour chaque piste, qui fait que c’est l’un des rares albums du genre doom metal que j’ai écoutés d’une traite sans faiblir, transporté vers des paysages noirs et maladifs. La première écoute a donc été quasiment parfaite, les ambiances sont incroyables et « Ascension » était plein de promesses sur le papier, promesses confirmées. Sublime.

La production a largement son rôle dans ce constat primaire très positif. Tout est résumé dans la complexité extrême d’un tel mixage, qui nécessite de trouver dans un premier temps un équilibre adéquat pour que les accords sonnent blackened death metal, ce qui demande un vrai talent pour que chaque coloration donne un gris parfait. Ensuite, il faut que le balancement des accords sur un tempo très lent soit bien ajusté pour que les réverbérations soient nickels, ce qui est largement le cas. Et enfin, trouver une place idéale pour les instrumentations plus classiques, ce qui est là encore impeccable. Et je pèse mes mots ! Sans parler bien entendu du placement plus consensuel de la batterie et de la basse. Je rappelle que rarement la basse suit la batterie dans le doom metal, elle suit plus les guitares pour offrir une exagération des distorsions. Comme la batterie accélère parfois sa double pédale, tout en restant sur la même noire, la basse suit le pas. Encore une preuve d’intelligence dans la composition ! En tout cas, il faut un travail plus que méticuleux et minutieux pour permettre un tel résultat. Je suis ébahi par la qualité de l’ensemble qui ressort du mastering, l’album est incroyablement bien porté par sa production aux petits oignons ! C’est le nec plus ultra de l’année en matière de production ! J’ai trouvé ma référence 2021, elle s’appelle « Ascension » et elle vient de Ghostheart Nebula ! Une méga tuerie.

Je pense sans plaisanter que Ghostheart Nebula cumule tous les bons points avec ce premier album. Une production qui frôle la perfection comme un avion militaire frôlerait une plage, avec le mur du son en prime. Un gros BANG ! dans la stratosphère musicale que cet « Ascension« . On parle beaucoup des groupes pompeux comme Paradise Lost par exemple, ou Forgotten Tomb, mais bon sang ! Quand j’entends Ghostheart Nebula, je vois tout ce que j’aime ! Un doom metal séculaire, des accords death metal remis sur une sonorisation black, des apports classiques et oniriques, des ambiances excellentes, etc. La composition est un énorme point fort ad hoc. Offrir une musique aussi riche avec une retenue aussi flagrante sur l’abondance possible de rajouts, que l’on trouve hélas beaucoup dans les genres symphoniques, je dis bravo. Résumer les autres écoutes s’avère délicat puisque l’analyse a laissé vite place au plaisir, je crois que les évidences se passent d’assommantes affirmations. On va donc rester sur un constat, « Ascension » est une grosse tuerie ! Surprise ? Non, même pas ! Juste une confirmation que l’on attendait dès un premier fait d’armes. Ce paragraphe me permet toutefois d’évoquer le côté très aérien de la musique, et ce même au moment de l’accélération à la double pédale. Un bon point, vraiment !

Le chant est le léger point de discorde pour moi. Autant les growls médiums et grunt graves sont très bons, rien à redire là-dessus et je trouve que parfois l’album sonne limite doom death metal ou funeral doom selon certains passages. Un bon Ahab des familles dans le fond me fait signe que j’ai raison ! Mais les moments où le chant s’aventure sur des tessitures plus aiguës comme du growl aigu, même pas du scream d’ailleurs, un vrai chant de gorge sans voix de tête, je trouve que cela passe mal. Mais je ne suis pas certain que cela vienne de la technique vocale, parce que la profondeur est sincère. Mais je pense qu’il s’agit plus d’un problème de réglage dans le mixage. Il aurait fallu « gonfler » un peu plus la voix, lui donner un peu d’épaisseur, et on aurait moins entendu les errances gutturales qui sont parfois dignes d’un vomi à en devenir. Le groupe L’Acéphale avait exactement le même type de chant, et même si l’on sentait que ce dernier résultait d’un chant guttural pur mais à s’en abimer les amygdales (s’il en reste), la production permettait de noyer le côté barbare du chant. Là, cela manque vraiment de retouche. Et du coup, ce chant brut de pomme au milieu d’une musique aussi belle et aérienne, c’est dérangeant. Mais bon ! Heureusement ce n’est pas le chant dominant.

Finito la chronique ! Ghostheart Nebula annonce la couleur, il va falloir compter sur eux les ami(e)s! « Ascension » s’amène déjà comme un album référence à la fois pour le groupe italien mais aussi pour le public en recherche de nouveauté et d’originalité. Doté d’un genre doom metal associé à des sonorités blackened death metal et des ambiances classiques, voire gothico-romantiques, la richesse est au rendez-vous et on est loin de la croisée des comptoirs. L’un des rares moments où je suis parvenu à écouter un album de doom metal, avec toute la longueur que cela incombe, sans pause, rien que cela mérite votre attention. Pour un tout premier album, je comprends parfaitement la signature chez un gros label comme Black Lion Records. Intrication et beauté sont les maîtres mots d’un CD qui se situe à la fois dans l’onirisme le plus envoutant et les envolées malsaines les plus dérangeantes. Une excellente découverte qui annonce un avenir radieux pour Ghostheart Nebula, l’une de mes trouvailles de l’année !

Tracklist :

1. Mira 11:28
2. Chrysalis 06:38
3. Hikikomori 07:04
4. The Cage 08:33
5. Ascension Pt. I Cosmic River 09:16
6. Ascension Pt. II My Burial Dream 09:34
7. Ascension Pt. III Nebula 08:34

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