Dream Theater – The Astonishing

Le 23 février 2016 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • James LaBrie : Chant
  • John Myung : Basse
  • Mike Mangini : Batterie
  • John Petrucci : Guitare
  • Jordan Rudess : Claviers

Style:

Progressive Metal/Rock Opera

Date de sortie:

19 Janvier 2016

Label:

Roadrunner/Wea Records

Note du SoilChroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9.99/10

Bon… C’est pas que le temps passe… Si, il passe, inexorablement… Mais Dream Theater fait son petit bonhomme de chemin : un background de plus d’une vingtaine d’années prolifiques. Est-il donc vraiment nécessaire de les présenter, si ce n’est autrement que les papes du Prog Metal ?

J’ai découvert Dream Theater par un mauvais album, du moins que j’ai jugé mauvais à l’époque, dans les 90’s, parce qu’inadapté à ce que je pouvais supporter d’écouter, Falling into Infinity (1997). Quelques années après, je me suis remis le nez, du moins l’oreille, dans la discographie du groupe, la reprenant étape par étape chronologiquement. Je me suis rendu compte non seulement que cet album de 1997 n’était pas le pire – entendre par là « le plus inaccessible » – pour moi, mais que le groupe alternait des albums que je jugeais « mauvais » : un album accessible, puis un album ultra prog misant surtout sur de la mesure composite, asymétrique, syncopé… bref, prog, tout metal soit-il, comme j’avais – et ai encore – du mal à appréhender. Je tiens donc à préciser que je ne suis pas un fan servile du groupe, encore moins une groupie. Le dernier album du groupe, paru en 2013, l’éponyme Dream Theater m’avait bien plu, ce qui fait que je m’attendais au pire pour l’album à venir.

The Astonishing… L’étonnant, le surprenant… et surtout l’émerveillement ! Cet album est le 13ème, et 3ème depuis le départ de Mike Portnoy du combo d’origine, le quintette de Boston newyorkais d’adoption. Si je fais état de cette discographie et cette longévité, c’est parce que ce nouvel album est probablement l’aboutissement de leur carrière musicale, ou du moins leur chef-d’œuvre, à comprendre au sens « compagnonnage » comme le fruit de toutes les années d’apprentissage en une production, si le terme d’ « aboutissement » ne signifie pas la fin en soi de leur créativité – ce que je ne le leur souhaite pas du tout. Mais cet album est à la fois la symbiose et la synthèse de tout ce qu’a pu produire Dream Theater depuis leurs débuts, ou presque (ils ont un peu mis de coté Systematic Chaos… et tant mieux !), ce qui fait qu’on y retrouve pêle-mêle, au-delà de leurs « marques de fabrique » coutumières et des gimmicks déjà exploités sous une forme ou une autre, tout ce qui a fait évoluer musicalement le groupe… Et plus encore, car cet album est particulier : c’est un opéra rock ! En deux actes, donc deux CDs, soit 34 morceaux en tout ! Un travail titanesque, de base, pour un long double album…

 

J’évoquais ci-dessus leur « newyorkitude » d’adoption, mais ce n’est pas un hasard, car on sent par-dessus tout dans la structure et même l’agencement de l’écriture compositionnelle une grande culture de la scène de Broadway : je pense surtout à Andrew Lloyd Webber dans l’organisation wagnérienne de l’œuvre entière et aux Misérables de Claude-Michel Shönberg (ainsi qu’à Gershwin mais là, on enter dans le détail). Il va de soi que je ne vous ferai pas la liste exhaustive de toutes les références culturelles musicales du groupe tant elle est longue, que ce soit dans des emprunts au tango et au charleston que dans la musique de films, voire de jeux vidéo (on reconnait rapidement du Hisaichi, Uematsu, etc.)

L’album en temps que tel est donc un concept album qui traite d’un monde futuriste dystopique (qui empêche sciemment ses membres d’atteindre un quelconque bonheur) daté en l’an 2285, dans lequel la musique est produite électroniquement par des drones, les NoMacs (ou Noise Machines). Un héros doué du don musical va donc devoir s’élever contre cette tyrannie destructrice et aphasique artistique et voila son histoire dans ce système féodalisé, entre guerre, opposition, résistance et révolution (C’est également quand cette part de l’histoire entre en jeu que j’y entends des similitudes avec les barricades des Misérables).

 

Ce concept-album composé comme un opéra rock, avec son écriture théâtrale musicale mise en scène, est donc orné de deux ouvertures : une première, scénaristique, plongeant l’auditeur que vous êtes déjà, ou allez incessamment sous peu être, dans le contexte d’anticipation/science fiction, avec des samples électroniques et cybernétiques, se clôturant par des coups de corne de brume synthétique résonnant comme les trois coups d’ouverture du rideau à l’opéra ou au théâtre. Puis vient la seconde ouverture, à vocation musicale celle-ci, qui, à l’instar d’un opéra wagnérien ou d’une comédie musicale de Webber (qui s’est lui-même inspiré de Wagner), présente tous les thèmes musicaux annonciateurs qu’on entendra tout au long de l’œuvre. Mieux, il fait même la nomenclature de l’instrumentarium qui sera utilisé comme matériau musical, grâce à une pirouette progressive (je parle du style musical, là, la trademark de Dream Theater).

 

Je vous épargne également la longue liste mais sachez que pour ce gros projet musical, le groupe a mis les petits plats dans les grands en s’adjoignant les services du FILMharmonic Orchestra de Prague (le même qui avait été sollicité par Septicflesh pour Titan et par Odious pour Skin Age) et s’octroie même le loisir et le plaisir de travailler avec 3 chœurs différents, l’un plutôt gospel (Fred Martin & the Levite Camp), le second d’hommes (Pucci Cantores) et le troisième classique et mixte (le Millenium Choir, qui porte bien son nom vu qu’un millier de choristes y prennent part), et d’utiliser de vrais instruments (piano, orgue, etc.), pas des numérisations habituelles. A noter également que musicalement, et dans l’idée de rendre l’ensemble cohérent et accessible, la majeure place a été offerte à la mélodie, l’harmonie et les ambiances, diminuant un peu le quota de prog bien technique au bénéfice de la musicalité scénaristique. Faire l’analyse décortiquée de la totalité de l’album ici serait à la fois une perte de temps (en écriture pour moi et en lecture pour vous) et surtout gâcherait le charme et le plaisir de se laisser guider pas à pas par la musique.

John Petrucci a par conséquent créé pour cet album toute une trame et un univers, au-delà de la simple musique qu’il a composée en combinaison avec son comparse claviériste Jordan Rudess. Cet univers est également visuellement représenté dans le booklet de ce double album, avec ses lieux, sa carte du monde, ses personnages emblématiques… bref, un gros travail aussi sur les éléments extra-musicaux.

L’intégralité des détails quant à l’histoire – vu que je n’ai pas franchement envie de vous spoiler – se trouve ici, pour peu que vous maitrisiez a minima la langue de Shakespeare.

http://www.dreamtheater.net/theastonishingtracks

The Astonishing est donc un opéra rock, ou plutôt opéra metal, à l’instar de ce que Tobias Sammet avait initié avec Avantasia. La grande gageure ici est que, contrairement à la pléthore de guests sur le projet du chanteur d’Edguy, ici c’est James LaBrie qui interprète tous les rôles, tel un narrateur ou un conteur. Qu’on aime ou pas sa voix, il a un timbre unique, particulier et reconnaissable entre tous, mais surtout il est indéniablement un interprète talentueux, ayant acquis depuis des années une palette de couleurs vocales variée (je pense surtout à la période Octavarium qui a dû lui être bénéfique de ce point de vue). Même s’il n’a pas toutes les cordes à son arc… ou son luth… enfin bref, on s’est compris, il fait montre d’une grande dextérité à changer de registre pour incarner chaque personnage, imparfaitement cela va de soi – sauf s’il réussissait à changer de sexe entre deux pistes – mais brillamment, nous entrainant avec lui dans un monde onirique, bien que sinistre sur le fond. Le pari est somme toute assez risqué de donner tous ces rôles à un seul interprète – après tout, pourquoi pas, n’importe quel baryton qui devrait se plier à chanter Die Erlkönig de Schubert doit interpréter trois rôles dans un seul morceau – mais assez logique si on veut que les morceaux soient joués sur scène sans les contraintes des emplois du temps divergents des divers chanteurs et chanteuses sur l’enregistrement original. Après, je ne sais pas trop quelle configuration envisage le groupe pour sa prestation scénique, mais je suis pareillement dans l’expectative, vu que je n’ai jamais aimé Dream Theater en live – j’attends d’un concert qu’il se passe quelque chose devant moi, du spectacle, sinon autant mettre le CD dans sa platine – et considère que ce n’est pas une musique visuelle avec les yeux, mais avec l’esprit, une vision intérieure de la musique, cérébrale…

[N. de l’A. : ils passent les 5 & 6 mars prochains au Palais des Congrès de Paris pour la promotion de cet album, justement, profitez-en et faites-moi réviser mon jugement, je penserai à vous en temps qu’absent indisponible ces jours -là]

 

Pour en venir au ressenti, je vous disais un peu plus haut qu’on se laisse embrigader dans l’histoire, que les thèmes des morceaux étaient annoncés dès l’ouverture, mais surtout et aussi, Dream Theater crée des hymnes et des moments de pure – amazing – grâce musicaux, comme le marquant « The X Aspect » et son passage de cornemuse avec un bourdon et le timbre léger d’un chœur féminin bouche fermée… On est pris par la musique, qui agit comme la BO d’un film sans image sur vous, agissant comme une musique à programme ou un poème symphonique : vous avez les idées générales, à vous d’imaginer tout le reste grâce à la musique.

Bon… Par contre, je vais aussi évoquer mes petits bémols. Evidemment, on retrouve aussi des choses que j’aime moins chez Dream Theater, en premier lieu l’utilisation de l’orgue Hammond – que je n’aime que chez Deep Purple et joué par John Lord, cherchez pas à comprendre pourquoi, moi-même j’en sais rien – et un élément nouveau, dû à l’arrivée du petit nouveau : le traitement de la partie de batterie, son timbre et surtout celui de la grosse caisse, sa technique très froide qui manque du groove qu’apportait Portnoy. Il va de soi que je pinaille sur des détails infimes et subjectifs…

Magistral, sublime, grandiose… Les adjectifs me manquent pour décrire ce chef d’œuvre qu’il vous faut absolument acquérir ! Simplement le Tommy, le Quadrophenia ou le The Wall contemporain ! Au point qu’on se demande comment ils vont pouvoir surpasser cet opus dans une prochaine production… Pour peu que vous soyez, endurants, aguerris ou simplement directement enchantés, ce double album s’écoute d’une traite sans ennuyer un instant.

A écouter… A écouter… A réécouter… A ré-réécouter… Je redonde, non ?

Tracklist:

Act I
1. Descent of the Nomacs
2. Dystopian Overture
3. The Gift of Music
4. The Answer
5. A better Life
6. Lord Nafaryus
7. A Savior in the Square
8. When your Time has come
9. Act of Faythe
10. Three Days
11. The hovering Sojourn
12. Brother, can you hear me?
13. A Life left behind
14. Ravenskill
15. Chosen
16. A tempting Offer
17. Digital Discord
18. The X Aspect
19. A new Beginning
20. The Road to Revolution

 

Act II
1. 2285 Entr’Acte
2. Moment of Betrayal
3. Heaven’s Cove
4. Begin again
5. The Path that divides
6. Machine Chatter
7. The walking Shadow
8. My last Farewell
9. Losing Faythe
10. Whispers on the Wind
11. Hymn of a Thousand Voices
12. Our new World
13. Power down
14. Astonishing

 

Facebookhttps://www.facebook.com/dreamtheater

Site officielhttp://www.dreamtheater.net/

Youtubehttps://www.youtube.com/user/dreamtheater

Spotifyhttps://play.spotify.com/album/6SRlWxC7lMPu2qlwOMslrk

ITuneshttps://itunes.apple.com/fr/album/the-astonishing/id1061243392

 

 

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