Craneium – Unknown Heights

Le 15 octobre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Inconnu

Style:

Stoner / Rock Psychédélique

Date de sortie:

15 octobre 2021

Label:

The Sign Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“Et nous boirons à nos maîtresses dans les crânes de leurs amants.” Hector Berlioz

Saviez-vous que le crâne est l’incarnation chez les Celtes de la voute céleste? Et tout un autre tas de facéties parfois ubuesques. Mais qu’on se le dise, le crâne fascine. Hamlet est un exemple parmi d’autres de la fascination qu’un crâne humain ou animal peut susciter chez l’Homme. D’abord parce qu’il est le siège de la conscience, de la psyché et pour être un peu plus cartésien, du cerveau commandeur du corps entier. Nombreux sont les gens qui collectionnent des crânes animaliers, pour le plaisir décoratif ou par fétichisme, histoire de perpétuer un sens profond. Ma femme était à l’occasion aussi une collectionneuse, avant que nous ayons un enfant et qu’il faille cacher ce genre d’atouts morbides, mais je savais que concernant mon épouse c’était quelque chose de très important dans sa dimension spirituelle et ésotérique. Je ne suis donc pas étonné chaque fois que je vois des crânes un peu partout fourmiller sur les artworks, mais rarement j’en vois sur des noms de groupes. Je me suis dit concernant Craneium qu’il devait peut-être y avoir un sens très fort pour que le groupe introduise un nom comme celui-ci. C’est donc sur cette interrogation somme toute difficile à vérifier que ma conscience a été influencée et que j’ai choisi de faire la chronique d' »Unknown Heights« . C’est parti!

Craneium n’est pas un groupe d’archéologue ni de thanatopracteurs, mais un groupe de musique! Incroyable! Surtout pour un webzine de metal, rock et autres styles de musique n’est-ce-pas? Plus sérieusement, Craneium est un groupe qui vient de Finlande et de la ville de Turku. Ne disposant que peu d’informations, il m’a fallu pousser les recherches fort heureusement pas très loin, puisque le Bandcamp offre une vue d’ensemble assez précise. Le groupe a sorti jusqu’à demain (date d’écriture de la chronique : le 14 octobre) un EP, quatre singles, un split avec le groupe Black Willows, quatre albums avec ce dernier. J’allais dire en étant un peu mesquin que c’est la magie du streaming de faire croire que l’on a sorti énormément de trucs, alors qu’en vérité on a autant de singles que d’albums. C’est un peu de la publicité mensongère je trouve. Mais qu’importe! Parenthèse méchante refermée. L’autre souci avec l’absence de supports presse, c’est que l’on croit un peu trop vite que l’album en question, que ce soit « Unknown Heights » ou un autre, est autoproduit. Dans ce cas précis, ce n’est pas vrai! L’album de Craneium sort chez The Sign Records, label que je ne connais pas des masses. En tout cas, loin d’attiser les foules, ce nouvel album me laisse un peu perplexe au départ, probablement à cause de ce manque criard d’intérêt qui se transmet via le support mp3 sans presse. C’est toujours un peu déroutant je trouve. Mais j’essaye comme toujours de partir sur des bases saines alors, let’s go!

D’ailleurs, en parlant de partir sur des bases saines, je dois dire que le point de départ classique chez moi étant l’artwork, j’ai été bien content. Ce dernier est superbe! J’adore vraiment ce côté vieille photographie mal retouchée (le cercle au milieu avec la nuit étoilée est flagrant d’une retouche un peu loupée), cet aspect vintage qui fait immédiatement penser à une pochette de vinyle. Le ciel bleu est d’un ton magnifique, comme je l’aime, les paysages autour qui mélangent un truc à la fois désertique, sinon bien sec, et des montagnes enneigées, j’aime beaucoup! Cela me fait un peu penser à la pochette du premier album de Belore, dans les mêmes tons. Après, je n’aime pas trop dévoiler tout de suite le style de musique, même si par la force des choses (et de la mise en page des chroniques surtout), elle apparaît plus haut, mais il y a un vrai lien! Je veux dire qu’on sait tout de suite de quoi la musique va traiter et sur quel place de l’échiquier metal et rock elle va se situer. Aucun doute possible! Vous le saurez plus bas. Le logo abonde aussi dans ce sens, dans un style un peu vintage, subtilement provocateur avec cette croix renversée, une typographie des plus simples et qui rappelle là aussi des temps un peu lointains, bref! Tout ce que j’aime! Mais en tout cas Craneium a un vrai univers bien à lui, et la pochette est vraiment très belle. Le genre qui me ferait craquer mon porte-monnaie, sans écouter la musique. Si si, ça arrive…

Alors, la musique me direz-vous! Eh bien, sans suspense, il s’agit d’un bon stoner rock. J’ai vu passer le terme de « fuzz rock« , que je ne connaissais pas, ou « desert rock » que je connais tout de suite un peu plus. Concernant le fuzz rock, j’imagine que c’est un hommage direct au groupe Fuzz, qui se revendique justement d’un rock stoner très psychédélique, mais je peux me tromper. En tout cas, la musique reste assez classique, sur une base rock très prononcée, un son bien épais couplé à quelques effets de guitares et basse qui font effectivement très psychédélique. En elle-même, je ne pense pas que la musique révolutionne quoique ce soit, mais je lui trouve un charme très desert rock, avec donc beaucoup d’âme et de poésie, ce qui tranche avec sa partie bourrine, voire virile, que l’on retrouve essentiellement dans les ambiances bikers ou très américaines. C’est d’ailleurs quelque chose qui me fascine de plus en plus, cette capacité talentueuse à retranscrire une ambiance très western alors que l’on voit d’un pays comme la Finlande où il n’y a absolument rien de western! Le style stoner rock s’est progressivement très bien exporté en tout cas, et Craneium fait figure de groupe qui maitrise déjà fort bien ses partitions et sa composition. La musique n’a évidemment rien de nouveau sous les cocotiers, mais une chose est sûre : la perpétuation fonctionne très bien. Je me suis bien amusé à la première écoute, la musique marche bien, a quelques petits moments fort agréables. Que demande le peuple?

Sur la production, je n’ai rien à redire. J’ai encore par moment un peu de mal à apprivoiser le son du rock psychédélique, qui fourmille de beaucoup d’effets, un peu trop sûrement à mon goût, mais comme la majorité des albums du genre m’ont plu quand-même, je me dis qu’une bonne production d’un album comme « Unknown Heights » passe par ce genre de superflu. En tout cas, je trouve que l’ensemble sonore est bon, les effets sont là mais ont le mérite de ne pas s’étouffer entre eux et de telle manière que chaque instrument puisse jouir d’une place égale aux autres. La batterie est bien placée également, le chant probablement un poil trop fort par moment, mais rien de grave. Voilà, cela reste du concret, du déjà-vu. J’aime bien, sans plus d’émotion que cela.

Après, l’avantage de ce type de musique, c’est qu’elle laisse libre cours à l’évasion. C’est à dire que l’on peut faire le choix d’utiliser un album comme « Unknown Heights » pour se détendre, voyager. Il n’y a pas autant cette virilité inhérente au stoner en général, elle est factice et permet surtout de passer un agréable moment. L’aspect psychédélique, contestable ou non cela dépendra des points de vue, permet un voyage musical plus céleste, limite dans les étoiles. Mais je retiens toutefois que cet album de Craneium fonctionne bien. Il est chouette! En fait, j’ai un peu de mal à trouver les mots parce que la musique est d’un classique à toute épreuve, c’est à dire que l’absence de renouveau cause chez moi un sentiment bilame, limite schizophrénique. Soit j’oscille entre l’admiration et l’extase, soit entre le désarroi et l’ennui. Là, pour une fois, un album de stoner rock psychédélique va me permettre de joindre les deux bouts diamétralement opposés et d’apprécier l’album « Unknown Heights« . Ce n’est pas négligeable!

Je ne me prononce en revanche pas sur le chant que je trouve un peu trop rock pour le coup. J’ai connu des chants plus posés, là je suis en peine d’apprécier ce dernier dans le sens où je ne le trouve pas spécialement attirant. La technique vocale n’est pas ma préférée, on frôle un peu trop le pop rock réchauffé et ce côté nasillard me laisse franchement sans voix (ce qui est un comble). J’aurais vu un chant plus calme, vraiment. Ou une voix plus grave.

Pour terminer cette nouvelle chronique, je dirais que Craneium propose un quatrième album avec « Unknown Heights » qui reste sur une vague encore très fraîche mais qui mériterait parfois un vent nouveau. Disons que ce CD ne révolutionne rien, reste campé sur des riffs connus et reconnus, cherchant probablement plus le confort de ce qui fonctionne que la potentielle réussite de ce qui change. Cette absence de prise de risque me pousse à croire que Craneium n’est pas un groupe assez audacieux pour me satisfaire pleinement. Je reste toutefois lucide sur l’aspect personnel de ce constat, et je sais que les finlandais trouveront leurs amateurs. Puisque dans le registre stoner rock aux forts accents psychédéliques, des fanatiques de ce qui demeure comme classique existeront encore. Je vais plagier mon compère Arno qui a sorti sur une de ces chroniques cette phrase qui résume aussi l’album « Unknown Heights » : « Pour le reste, la musique est d’un classicisme à toute épreuve mais le classicisme, ça a parfois du bon ! » Même constat : cela fonctionne mais cela ne change rien, donc cela me plaît aux trois-quarts.

Tracklist :

01. A Secret Garden
02. Somber Aeons
03. Weight To Carry
04. Shine Again
05. The Devil Drives
06. Unknown Heights

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