Line-up sur cet Album


Black Shadow : tous les instruments, chant

Style:

Black Metal

Date de sortie:

19 novembre 2019

Label:

Black Shadow Legions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10

« Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres,
Et son crâne, de fleurs artistement coiffé,
Oscille mollement sur ses frêles vertèbres.
O charme d’un néant follement attifé. » Baudelaire dans la Danse Macabre

« Je viens d’un tout petit village si pourri qu’il n’a pas de nom
J’ai échappé à un pillage caché au milieu des cochons
Couvert de lisier, sentant la mort, dignement je me suis relevé »

Et je suis parti pour une deuxième collaboration avec Black Shadow Legions ! Celle-ci, doublée d’une autre qui viendra après, se faisait languir. Covid-19, toussa toussa… En tout cas, je me suis retrouvé tel un Somalien devant une dinde farcie, affamé de découverte et de curiosité, prêt à mettre les bouchées doubles pour honorer comme il se doit ce CD qui m’échoit. Et aujourd’hui, l’élu de mon cœur est le groupe qui répond au doux nom plein d’entrain de Black Holocaust !

Groupe inconnu à mon bataillon qui commence à doucement se garnir, Black Holocaust est le fruit de la création de Black Shadow, qui est donc seul maître à bord de son groupe et ce depuis 2016. Un one-man band relativement jeune donc, qui a sorti à ce jour trois démos : « Mort certaine » et « Torching Down the Patriarchs Creation » en 2018, et « Sarabande Mortifère » que je vais analyser et vous présenter, en 2019. Il y a une petite chose que j’ai trouvée curieuse, c’est la mention dans le CD qu’un split avec le groupe Furfur devait apparemment sortir mais que pour des raisons diverses (non mentionnées) ce dernier n’a pas eu lieu mais que le groupe, ou peut-être le label, apportait son soutien. Soit.

A noter également que Black Shadow a un autre one-man band qui se nomme Ad Vitam ad Mortem où il officie sous le nom d’Ombre Noire depuis 2018 (encore plus jeune), et qu’il a sorti à ce jour une démo, un album (2018) et un split avec un groupe que je connais bien, Gévaudan, que je vous recommande au passage. C’est marrant les corrélations quand-même ! Tu découvres un groupe et tu t’aperçois qu’il gravite autour d’autres que tu connais bien. La magie de la découverte !

NB : avec le recul, je me demande si ce n’est pas le projet musical de la personne qui dirige le label. Black Shadow, Black Shadow Legions, vous voyez ce que je veux dire ? (information confirmée, c’est bien le groupe du gérant du label).

Mais revenons à notre démo « Sarabande Mortifère« . Il faut décrypter que le nom de la démo est une périphrase d’amplification pour désigner la Danse Macabre et l’artwork confirme cette hypothèse. On y voit, dans un style ancien mais en effet lumineux inversé, un décor de Danse Macabre parmi les nombreux qui existent. Je présuppose qu’il s’agit d’une œuvre déjà existante et que Black Shadow a utilisé la dite oeuvre pour son artwork. Comme souvent, quand il s’agit de l’utilisation d’une œuvre déjà existante, j’ai tendance à trouver cela dommage, connaissant le talent de certains artistes pour la création, je suis toujours un peu frustré de voir que les musiciens ne se cassent pas la cervelle et utilisent des créations anciennes pour illustrer leurs CDs. D’autant qu’une Danse Macabre peut donner des milliers de possibilités artistiques, vu l’abondance d’inspiration qu’il y a eu depuis le temps… Bon, après, c’est une démo. La troisième certes mais une démo quand-même, donc normalement il n’y a pas d’autres buts que de faire connaître le groupe, ou même pas forcément d’ailleurs.

En revanche, j’aime beaucoup la couleur bleue en fond, ce bleu roi teinté d’effet fumant ou nuageux c’est selon. Cela donne un côté un peu royal je trouve, et j’aime bien, c’est tape à l’œil ! Même le logo du groupe, qui a changé pour cette démo, et la typographie gothique pour le nom de la démo me plaisent. L’ancien logo me semblait moins attirant, je préfère largement celui-ci. Je trouve même qu’il y a une amélioration dans les artworks, pour avoir comparé les deux précédents.

Alors, qui dit démo dit peu de morceaux. Ici, il y en a trois d’une longueur moyenne de six minutes. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on tombe dans les tréfonds béants du old school ! Mais alors, du genre un essorage jusqu’à sa dernière quintessence et ce, dans TOUT. Je suis scotché par la nostalgie qui transpire abondamment de la musique de Black Holocaust. Je ne m’attendais absolument pas à cela, j’ai l’impression de revenir des années en arrière, bien avant ma naissance. On a certes affaire à du black metal, mais qui retourne dans ses origines les plus lointaines donc. Jusqu’à laisser transparaître les origines punks indéniables du genre, et la simplicité dans la construction des morceaux laisse pantois. Je pense, avec le recul, que ce type de CD n’est pas franchement conseillé à tout le monde : il faut avoir soit une nostalgie bien enkystée en soi, soit cette volonté partagée de faire vivre la vague underground, soit le prendre comme un exemple le plus absolu du black metal old school et ainsi, pourquoi pas, comprendre d’où vient le genre. C’est en tout cas une belle surprise, voire même une belle prouesse que de tomber dans la transe musicale de cette danse macabre !

Et qui dit old school absolu, dit son « vintage ». C’est simple : la démo ne laisse aucune part à un travail de studio au niveau d’un éventuel mastering. Je pense que si studio il y a eu, c’était uniquement pour les prises de son, le mixage et c’est tout. D’ailleurs, concernant les instruments, j’imagine sans trop réfléchir qu’il y a un combo guitare/basse/batterie/chant. Et encore une fois, c’est tout. En fait, il n’y a pas de spectre sonore dans le sens qui englobe le tout, c’est-à-dire où tous les supports audios sont mélangés jusqu’à offrir une espèce d’épaisseur. Ici, c’est absolument l’inverse qui se produit et qui donne ce côté vieux son désuet que, personnellement, j’aime beaucoup et qui est tranchant comme une lame de rasoir sur la peau : net et sans bavure. On ne peut même pas parler de froideur dans le son parce que la froideur implique quand même un mastering. Si froideur il y a, elle est plus ou moins « affective » dans le sens où la musique est dénuée d’émotions et d’intentions autre que la sagacité simple de l’artiste qui veut faire connaître sa musique à moindre frais. Black Shadow nous délivre donc une démo avec un son que certains vont avoir énormément de mal à aborder avec plaisir, surtout les amateurs de groupes moins underground (ou plus commerciaux c’est selon) et qui choisissent la sophistication au détriment de l’authenticité. Pour ce qui est de mon opinion, je valide à bras levés ce son !

Je parlais de trois morceaux black metal old school, j’ai détaillé mon propos en parlant brièvement d’un aspect punkisé. Parfois on a même quelques accentuations thrash qui sont frivoles comme tout et se glissent furtivement. Mais ce qui me semble parfois un peu redondant, ce sont les riffs répétés en boucle et les morceaux qui manquent, à mon sens, de renouvellement. C’est-à-dire qu’à trop vouloir tomber dans l’old school, on a des riffs old school. Donc, souvent déjà entendus ailleurs ou, pour un aspect moins reluisant, qui manque d’originalité. Après, je ne perds pas de vue que l’objectif de Black Shadow est probablement de demeurer « nostalgico-underground » et, du coup, ces morceaux sont largement tombés sous le sens ! Mais là, pour moi, on est dans l’excès. Il aurait fallu un tout petit peu de nouveauté et les trois morceaux seraient passés crème comme disent les jeunes. Par contre, quelques riffs sont bien accrocheurs malgré tout et j’aime particulièrement l’utilisation intelligente de la batterie qui reste « soft », à l’exception de certains courts passages de pure violence.

Evidemment, étant vocaliste, je vais m’attarder sur le chant. Alors, autant vous le dire franchement : c’est sur ce point précis que je me suis posé la question la plus embarrassante, ce qui n’est pas vraiment bon signe. Vous pourrez le constater et vous faire votre propre opinion sans aucun doute, et je n’en attends pas moins de vous. En ce qui me concerne, outre le manque cruel de technique et d’entraînement, j’en suis arrivé à ne pas trouver de réponse à la question qui m’a taraudé le plus : est-ce fait exprès ? Je veux dire, quand Black Shadow a enregistré sa démo, il a très probablement dû écouter sa musique. N’est-ce-pas ? Et il a dû probablement constater aussi que son chant était très moyen. Bon. Alors on est en droit de se demander si c’est fait exprès que de garder ce chant ou s’il y a un manque flagrant de recul. Toujours est-il que ce n’est pas vraiment ce que je louerais le plus sur cette démo. Il y a de gros efforts à faire, pour non pas arriver à un chant encore une fois très sophistiqué et parfait techniquement, mais juste lui amener de l’agréabilité, de la justesse et surtout un moyen de préserver sa gorge et ne pas finir ses journées avec du Strepsil. On n’est pas dans du scream, on n’est pas dans du growl, on est dans… quelque chose que j’ignore totalement. Désolé pour le coup… D’autant plus qu’on ne comprend pas ce qu’il chante, mis à part quelques mots en français mais c’est tout.

Je voudrais tout de même terminer cette chronique sur une note positive. Il y a évidemment des choses qui sont bancales et qui peuvent être équilibrées dans cette démo, et au bout de la troisième il serait temps de se pencher dessus. Mais je suis toujours prêt à défendre les envies de perpétuer la musique dans sa forme la plus originelle et j’aime l’idée que Black Holocaust soit dans cette mouvance qui mélange nostalgie, ressourcement et authenticité. On ne doit pas stigmatiser les musiciens qui portent fièrement un projet solo et qui restent paralysés dans un passé lointain mais qui faisait le bonheur de nos ancêtres metalleux. Je tiens donc à remercier Black Shadow et son homonyme de label pour la découverte de son projet et j’espère que mes humbles conseils l’aideront à se perfectionner sans perdre sa personnalité. Cette démo a clairement de bonnes idées qui sommeillent encore, il ne manque plus qu’à les faire éclater au grand jour, peaufiner celles existantes et ce sera déjà plus optimal.

Tracklist :

1. La fosse
2. Somptueuse danse
3. Le triomphe de la mort

Site officiel (du label)
YouTube (du label)

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