Avenged Sevenfold – The Stage

Le 8 janvier 2017 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


• M. Shadows : Chant • Synyster Gates : Guitare lead • Zacky Vengeance : Guitare • Johnny Christ : Basse • Brooks Wackerman : Batterie

Style:

Progressive Various Metal

Date de sortie:

28 Octobre 2016

Label:

Capitol Records

Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8/10

Pourquoi prendre un nom à rallonge pour un groupe ? Surtout si dès que ça dépasse les trois syllabes, on est tenté d’en faire une contraction, de lui trouver un diminutif ou de lui trouver une sorte d’acronyme… Imaginez si Metallica devait se surnommer « M2A », ou Iron Maiden « I-Maid »… ou pire : Judas Priest, « Jipé » ! C’est aussi incompréhensible que quand t’es gamin, que tu lis « sept hupe » pour le Seven up ou que tu ne comprends pas pourquoi on te propose des petits rouleaux de nourriture chinoise dans une crêpe de riz frite – oui, ça pour le coup c’est long à énoncer – quand on te tend des M&M’s…

Bon… C’est vrai que « A7X » pour Avenged Sevenfold – je n’ai toujours pas compris le X, d’ailleurs ; envoyez-moi un télégramme ou un pigeon voyageur – ça dégage quand même davantage de streetcred… Oui mais, la streetcred, ça va quand t’as 20-30 ans, que tu prends un pseudo « qui la pète grave »… Passé un certain cap – ou âge, c’est selon –, c’est presque du syndrome de Peter Pan, ou un vaste foutage de gueule maternel qu’on te ressort tel un album photo de toi à poil dans ton bain quand t’avais un ou deux ans lors des réunions de famille (bonus de 200 exp si ta nana est dans l’assistance et s’en délecte). Tout ça pour dire qu’au bout d’un moment, quand un groupe a basé son attitude musicale sur la streetcred, il va être temps de changer de rue avant de tourner au ridicule, et au prochain carrefour pour y pousser ton caddie en mule et en peignoir – à part si tu es un adepte du « Dudisme », et auquel cas, ça se respecte. Et évidemment, virage il y a eu, avec The stage, qui paradoxalement, ne semble pas être taillé pour la scène…

Autant vous prévenir, si vous attendez des tubes à la pelle avec de l’énergie et du groove à la « Bat Country » qui ont fait la « streedcred » d’Avenged Sevenfold, vous risquez de regretter les 15 boules que vous aurez mis dans le CD – ou les 30 secondes pour 80Mo de téléchargement illégal… si, si, je vous ai vus, les deux au fond… Je ne vais pas dire que ce n’est plus du A7X, mais ça fait bizarre de base de lire les chronos des morceaux, quand le premier est de 8 minutes 30 et le dernier de presque 16 ! Pas franchement le format du hit en puissance. Et d’ailleurs, ce n’est pas vraiment la puissance, comme d’accoutumée, qui est mise en exergue mais éminemment – rien à voir avec Eminem, les nems ou les M&M’s – la mélodie, au point que d’entrée de jeu, je me suis demandé si l’album n’était pas chaperonné par Frontiers et sa clique de groupes rock mélodique.

Très honnêtement, je ne vais pas vous la faire à l’envers – d’autant que certaines ne seraient pas naturellement disposées à être consentantes alors qu’on n’a pas encore été présentés – à vous faire croire que je suis un puits de sciences-es-Avenged Sevenfold ou un die-hard-fan – la preuve, je ne sais toujours pas plus d’où vient le X – et cette chronique ne répondra pas à la question « est-ce un bon/mauvais album ? » ou encore « est-ce un bon/mauvais album d’A7X ? » Je fais parti de ceux qui ont découvert le groupe en défonçant les scores sur Need for Speed, car présent sur la B.O. de deux épisodes, et qui les ont vu une fois en 2007 se faire huer en première partie d’Iron Maiden à Bercy – sans pour autant mériter des huées, il est vrai que le groupe était un peu hors sujet –, sans pour autant être réticent ou plus intéressé que ça par leur musique : c’est donc en auditeur libre que je parlerai de ce 7ème album. Et comme les fans des débuts se sont déjà barrés au précédent paragraphe, on peut le faire librement et sans risquer de se prendre une canette de Redbull dans la gueule.

Car on a l’impression que le groupe redevient des « stagiaires » du Metal, qui en redécouvrent les bases : avec un nombre assez incommensurables d’influences musicales citées par ses membres, on peut en ressentir diverses, au point qu’on en a perdu quasi tout ce qui a fait d’A7X un groupe de metalcore aux origines. On est déconcerté dès le départ par l’ouverture aux slides de synthé enchainés par un break de batterie qui semble plus proche du style core mais avec un tapping à la lead bien plus metal et un arrangement proche de ceux de Dream Theater quand la voix de M. Shadows fait penser aux inflexions d’Axl Rose… J’irai même jusqu’à ajouter qu’au long de l’album, on flirte davantage avec Dream Theater – à préciser que cet album est un concept-album, mais le pont central/solo du morceau éponyme de l’album ne peut qu’y faire penser – et Iron Maiden (cités comme références) avec cet aspect tantôt mélodique et complexe, long à exposer et à exploser, narratif et descriptif ; même s’il n’est pas du tout construit de la même manière – je vais pas en plus me mettre les maideniens sur le dos, je vais déjà avoir assez de coreux – le morceau final, « Exist », me fait penser à un « Alexander the Great » ou un « The Rhyme of the ancient Mariner » par son coté contemplatif et narratif. A noter que cette approche est logique quand l’album porte une trame livresque, inspirée des bouquins de Carl Sagan, entre autres. On sait de base que l’album va partir loin, dès l’artwork qui suggère la Deathbat, le symbole du groupe, comme un nuage gazeux tacheté de constellations avec pour œil la Terre et son petit point de lumière qu’est la Lune, les ailes étant des éclairs (très bel artwork, au demeurant).

 

Est-ce que cet album est appréciable ? Oui. Assurément, oui… pour tout zicos/métalleux qui ne s’attendrait pas forcément à un truc qui va hurler. Comme dit ci-dessus, on est loin des premiers albums : de la « streetcred », on est passé au « scred », vu comme la sortie de cet album est passée en douce dans les média. Volonté du groupe de tempérer les (h)ardeurs face à un tel revirement ? Ça, on n’en sait trop rien et je dirais presque que c’est anecdotique, parce que ce n’est pas un album conçu pour secouer les cheveux mais pour ouvrir les pavillons auriculaires. Est-ce que c’est une réussite pour autant ? Oui et non. Oui parce que la mélodicité et les recherches d’arrangements avec chœurs féminins très certainement gospel (sur « Roman Sky »), les cordes et section de cuivres, les passages de piano, les guitares classique et folk, en font une musique plus riche, et la construction recréatrice de « Exist » (cf. l’idée de Big bang véhiculée dans la musique et le texte) en fait un morceau plus réfléchi et mur que celle du sempiternel hit couplet-refrain ; mais non pour l’aspect concept-album qu’on ne ressent pas forcément, pas abouti encore.

On pourrait aisément dire qu’Avenged Sevenfold redevient disciple dans le sens où ils se cherchent de nouveau, se renouvellent, sans avoir vraiment déterminé où aller précisément, en tâtonnant. Et on pourrait faire du track-by-track pour retrouver leurs multiples influences, comme si le groupe rendait hommage sans trop savoir ou piocher. On a déjà parlé de « The Stage » ci-dessus, mais si on écoute le reste, on repère le plus le style Avenged Sevenfold dans les breakdowns de « Paradigm ». Et c’est quasi le seul endroit… La suite enchaine les références : « Sunny Disposition » fait penser à un riff thrash teinté BM sur un fond et une construction dignes de DT avec un insert NOFX (et les cuivres bizarrement faithnomoriens), « God damn » est clairement dans le Thrash de Metallica, du début à la fin, « Creating God » lui part totalement chez Faith no more avec des arrangements vocaux qui évoquent directement Alice in Chains. Pour « Angels », c’est déjà plus délicat parce que ça sonne comme un morceau de pop rock un peu Radiohead avec un solo très metal (avec un arrière gout de Chinese Democracy derrière), NOFX et Metallica côtoient Faith no more dans « Simulation », Muse et les Guns se tirent la bourre sur « Higher », « Roman Sky » évoque les Beatles floydiens modernisés avec un pendant Metal mélodique – oui, en gros du Dream Theater –, « Fermi Paradox » évoque du Muse avec du blast mais une ambiance de solo digne des Guns n’ Roses. D’ailleurs on retrouve du Muse d’entrée du finale « Exist » avec les arabesques synthétiques auquel s’ensuit le Thrash de Metallica, une fois encore, puis les Pink Floyd teintés de Red Hot Chili Pepper, en gros les influences les plus notoires de Dream Theater car l’on a la nette sensation d’y venir progressivement – terme adéquate, je trouve… J’ai par conséquent pu apprécier chacun de ces titres, en n’y cherchant aucun lien particulier, mais isolément, et certains sont superbes, voire prenants, mais on a cette sensation d’incohérence qui subsiste à la fin, perdu dans l’espace suggéré par la jaquette.

C’est un album donc incertain – mais pas improbable pour autant –, déconcertant car décousu, qui remet en question pas mal de perspectives pour le groupe et son avenir, tant sa direction que ceux qui vont la suivre avec eux dans ce pari ambitieux.

A écouter avec son stagiaire en cours de réalisation…

 

Tracklist:
1. The Stage (8:32)
2. Paradigm (4:18)
3. Sunny Disposition (6:41)
4. God damn (3:41)
5. Creating God (5:34)
6. Angels (5:40)
7. Simulation (5:30)
8. Higher (6:28)
9. Roman Sky (3:00)
10. Fermi Paradox (6:30)
11. Exist (15:41)

Facebook: https://www.facebook.com/AvengedSevenfold
Site officiel: http://avengedsevenfold.com/
Spotify: https://play.spotify.com/artist/0nmQIMXWTXfhgOBdNzhGOs
Youtube: https://www.youtube.com/user/AvengedSevenfoldVEVO

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