Antigone Project – Stellar machine

Le 6 mai 2017 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Frédéric Benmussa - Chant, Guitares, Synths / Manu Ventre - Basse / Fred Monaco - Batterie, Samples.

Style:

New wave / Metal / Electro / Plein de trucs

Date de sortie:

03 mai 2017

Label:

Dooweet Agency / Lazy Freddy Records

Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 10/10

Ils ont été un de mes coups de cœur en janvier 2015 avec leur EP éponyme !
Quelques titres revisitant la new wave, un tantinet gothique, un rien de rock, quelques touches d’industriel, un soupçon de metal le tout restant ancré dans un revival eighties pour le moins rafraîchissant.
Bref, un melting pot d’influences savamment dosé.
Antigone Project n’était pas que cela mais également une invitation à un voyage méditatif nous ramenant tant à nos meilleurs souvenirs musicaux – pour peu que l’on fût un rien nostalgique de l’époque incontestablement la plus riche en matière de création musicale – mais aussi à l’exploration de nouvelles voies pour les plus curieux.
Oui, en l’espace d’un EP, le trio emmené par Frédéric Benmussa, nous prouvait que non seulement ils étaient capable de faire du neuf avec du vieux, mais savaient y rajouter suffisamment d’éléments enrichissant une musique déjà fantastique qualitativement parlant !

Par la suite, ils ont sorti un EP – que j’aurais chroniqué si des évènements tragiques dans ma vie n’avaient pas bousculé du tout au tout mes priorités – qui montraient une nette évolution dans la musique d’Antigone Project : plus musclée, plus fouillée, plus mature et qui posait les jalons de ce que j’écoute aujourd’hui !

« Stellar machine » est donc la suite logique de tout ça, mais il faut le reconnaître, ils se sont surpassés !
Et ce, dès le premier titre, « Poison », on en prend plein les oreilles : si les références aux années 80 restent bien présentes, on a affaire à quelque chose de brut, de vitaminé.
Pendant les six minutes que dure ce titre, on ne voit pas le temps passer.
Une musique rock bourrée d’electro ? Une musique electro bourrée de rock ?
Les deux, mon général : avec « Poison », Antigone Project démarre son album tambour battant : truffé d’énergie communicative, avec un chant aigu qui se pose parfaitement sur l’ensemble et nous gratifiant de couplets et refrains imparables, ce titre a tout du hit en puissance et risque de faire de gros dégâts en live.
Les riffs font penser à un univers proche des Young Gods – groupe de génies helvétique qui a toute mon admiration depuis qu’ils m’ont explosé les tympans avec « Envoyé », c’est dire si ça date ! – ou d’un Archive dans sa période la plus rock (« Noise », en clair), le jeu de batterie est purement épileptique…
Bref, une baffe d’entrée.

Et les choses ne vont pas se calmer avec « Schizopolis » : souvent quand un groupe nous colle une monstrueuse baffe d’entrée, la confirmation n’est pas toujours au rendez-vous à la suite de l’album.
Je t’en foutrais : deuxième titre et il nous envoient une claque encore plus forte, du genre qui va nous faire piquer les joues pendant un grand moment : on pense au Nine Inch Nails du début des année 90 (genre l’EP « Broken »).
C’est bien simple, ça part de partout et Benmussa s’amuse en prime à nous poser des lignes de chant qui m’ont collé à plusieurs reprises quelques frissons de plaisir lors de la reprise des refrains.
Difficile de décrire un tel feu d’artifice sans employer des superlatifs à ne pas en finir mais ces deux premiers morceaux sont de pures bombes dignes des plus grandes armes de destruction massives.

Lorsque « III » démarre, on se demande comment ils vont faire encore plus fort… Finalement c’est un morceau plus calme auquel on a droit.
« III » n’est pas le chiffre romain mais les trois « i » d’« Infinity »
Mais ne nous leurrons pas, « plus calme » ne veut pas dire « moins bon ».
Ambiance plus feutrée, un piano omniprésent, pas forcément plus dark, mais prenant au possible, à la limite d’un croisement entre sensualité et mélancolie.
Un chant posé, une ambiance croisée entre Air – le duo français d’electro – et le Devin Townsend Project, le tout mâtinée avec un ambiance plus gothic rock subtilement distillée.
Antigone Project a aussi le don de faire prolonger le plaisir jusqu’à près de sept minutes et pousse le vice à ne jamais se montrer rébarbatif ni lassant : on ferme les yeux, et on écoute. Si la thématique reste la même d’un bout à l’autre, le trio rajoute successivement quelques petits éléments pour un final d’une richesse remarquable !
Une sensation de montée en puissance progressive pour terminer sur un univers proche du metal, et sur lequel Benmussa pousse son chant aigu, encore une fois vibrant, le tout avant un final au piano en guise de conclusion.

Avec « Mantra Nebulae », Antigone Project revient aux sons plus durs et plus directs, sur un tempo vicieusement lent : une guitare rageuse sur laquelle se greffent quelques éléments electro.
Encore une fois, Antigone Project nous replonge dans un univers à la Reznor.
Le rythme n’est pas endiablé comme sur les deux premiers titres mais si la rythmique reste dans le mid tempo, le jeu des instruments est suffisamment travaillé pour nous donner une sensation de puissance régulièrement.
Un bel effort de travail sur des contrastes loin d’être déplaisant.

« Raphe Nuclei » nous ramène à ce qu’Antigone Project nous a proposé lors de son premier EP : un son de synthés très eighties : les premières notes de claviers rappellent ce bon vieux clavier Bontempi et un nouveau contraste sonore comme la transition entre « Poison » et « Schizopolis »
Après une intro à l’ambiance spatiale, imaginons un chant à la Archive ou Radiohead, qui se prend de composer une musique d’il y a trente ans proche de Vangelis, planant au possible, dissonant parfois, dépressif surement, sur lequel le chanteur se lâche complètement et on a le cocktail.

Et que dire de « Black widow », qui monte progressivement en puissance pour s’adonner à une furie sonore sur laquelle les guitares, de plus en plus grosses, rivalisent d’une agressivité désespérée avec une batterie épileptique, rappelant des moments mélancoliques que peuvent nous apporter Anathema lorsqu’ils vitaminent leur musique.
Et l’enchaînement avec le monstrueux « Pretty pain » est juste divin : encore une fois, Antigone Project nous pousse dans nos derniers retranchements avec ces riffs répétitifs, puissants, sur lequel le chant se veut une nouvelle fois vibrant.
Les éléments electro, subtilement distillés une nouvelle fois, entretiennent une certaine intensité dans l’ensemble et quand un break vient surgir, court, efficace, avant que la thématique principale ne revienne nous achever par sa lancinance, ce n’est que pour mieux nous attraper pour ne plus nous lâcher.

Un retour à l’univers Nine Inch Nails et « Cardio machine » peut débuter.
Antigone Project joue à nouveau sur les dissonances, une sorte de mid tempo vicieux qui joue sur l’ambiance oppressante, contrastant totalement avec des « Poison », « Schizopolis » ou « Mantra Nebulae ».
Quelque part un façon de préparer le terrain à ce qui va suivre ?
Parce que lorsque le morceau éponyme commence, on est loin d’imaginer ce qu’on va se prendre dans la figure pendant les onze minutes qui vont suivre.
Un pur morceau de bravoure, un long titre frôlant la perfection : Antigone Project tape fort, très fort, avec ce catalogue de sons qui nous emmènent loin, très loin !
« Stellar machine » prend le temps de se mettre en place, une longue intro spatiale (une nouvelle fois, en même temps, c’est le concept de l’album), ambiante, avant qu’une guitare ne commence à apparaître, tranquillement, au milieu d’un flot de sons apaisants.
Le voyage peut commencer, le chant de Benmussa sur cette guitare, agrémentée de quelques sons de synthé impalpables rythmée par un battement cardiaque, et qui nous met dans de bonnes dispositions, sereines…
Encore une fois, on peut penser à un Anathema ou un Pink Floyd interstellaires lors de leurs passages les plus ambiants.
Volontaire ou non, à la première écoute, on a la sensation que ce passage calme est annonciateur d’un déluge sonore à venir…
Et on ne s’y trompe pas : progressivement, tout s’emballe, la musique d’Antigone Project semble croiser des nébuleuses plus violentes mais tout ceci se fait attendre, l’orage gronde mais ne vient pas de suite, et c’est tout naturellement qu’au bout d’un moment, l’ensemble se précipite pour faire place à une magma de sons avant que le tout ne se calme pour faire place à un piano impalpable en guise de final.
C’est après un long moment de quasi silence qu’une voie féminine bien agréable nous remercie d’avoir fait le voyage avec eux.
Et sans transition, « Sun’n’rain » s’enchaîne : des percussions mises en avant sur lesquelles de riffs de guitares rappelant un esprit gothique apparaissent.
Et à nouveau la voix de Benmussa qui surplombe l’ensemble : une nouvelle fois, le titre monte progressivement en puissance avant que le refrain, une nouvelle fois imparable, nous prenne directement à la gorge.
Des guitares modernes, un clavier seventies : Antigone Project joue encore sur les contraste avec un morceau final, à l’image du reste de l’album, d’une grande beauté.

« Stellar machine » est définitivement une invitation à un voyage interstellaire, sur laquelle on peut entendre des intros dignes de « 2001, l’odyssée de l’espace », une nouvelle initiation méditative à s’écouter tranquillement chez soi, au casque, les yeux fermés.
Les morceaux, bien que distincts, ne sont que des briques qui, mises bout à bout, forment un tout indissociable, sensation d’autant renforcée par quelques passages repris par ci par là tout au long de l’album, il suffit d’écouter l’intro de « Poison » et l’outro de « Stellar machine » pour en être définitivement convaincu !
L’album fourmille de petits détails qui se révèlent au fur et à mesure d’écoutes successives, certains passages étant le miroir d’autres, en clair, réécrits à l’envers par rapport au premier passage.
« Stellar machine » est une œuvre, que dis-je, un chef-d’œuvre ambitieux, d’une richesse exponentielle, qui, souhaitons-le, pourrait bien envoyer Antigone Project vers des sommets, et c’est le minimum qu’on peut leur souhaiter… et surtout ça ne sera qu’amplement mérité !

Un must d’ores et déjà indispensable !

 

Tracklist :

01. Poison (5:58)
02. Schizopolis (5:04)
03. III (6:47)
04. Mantra Nebulae (4:56)
05. Raphe Nuclei (4:46)
06. The Black Widow (5:56)
07. Pretty Pain (6:12)
08. Cardio Machine (7:29)
09. Stellar Machine (11:50)
10. Sun’n’rain (6:41)

 

Facebook : https://www.facebook.com/antigoneproject/
SoundCloud : https://soundcloud.com/dooweet/sets/antigone-project-from-its-room
Chronique EP : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/antigone-project-ep

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