Line-up sur cet Album


V.Priest : chant, guitare Saevus H. : guitare Hierophant : basse Dothur : batterie Indra : guitare

Style:

Black Metal

Date de sortie:

24 avril 2020

Label:

Agonia Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10

« Heureux le sage, instruit des lois de la nature,
Qui dompte et foule aux pieds d’importunes erreurs,
Le sort inexorable et les fausses terreurs :
Qui regarde en pitié les fables du Ténare,
Et s’endort au vain bruit de l’Achéron avare! » (Virgile)

C’est toujours un pari risqué que de faire la chronique d’un CD que tout le monde adule. Maintes fois j’ai vu sur les listes des groupes à chroniquer des noms que tous les amateurs de metal portent aux nues, et s’il est évident que c’est ma soif de découverte qui me pousse à privilégier les groupes moins connus, parfois j’avoue que c’est plus pour éviter d’avoir un avis contraire aux autres. Imaginez le tollé ! C’est arrivé d’ailleurs pas mal de fois que nous soyons obligés de reconnaître qu’un album ne nous donne pas autant envie de le mettre en avant comme les autres auditeurs peuvent le faire. Ou bien, il arrive aussi qu’un groupe mainstream ne nous parle pas, que nous n’ayons pas autant d’émotions que d’autres, et que nous passions ni plus ni moins pour des pignoufs ! C’est pourquoi aujourd’hui, pour la chronique d’Acherontas, j’ai un peu peur de tomber dans le piège de la déconfiture… D’ailleurs, je prends de gros risques car le black metal grec n’a jamais été ma tasse de thé favorite ! Rotting Christ et ses confrères ne m’ont jamais donné matière à bander, hélas.

Acherontas, en soi, n’est pas un groupe hyper connu, mais suffisamment apprécié des fanatiques de black metal, et plus particulièrement du black metal grec, pour me filer un peu la chair de poule. Pendant un instant je l’ai confondu avec le groupe que j’avais adoré au Hellfest, qui est Lucifer’s Child. Mais non, Acherontas est plus vieux (2007) et a sorti bien plus de CDs que le premier cité : vingt-quatre en comptant les splits. En tout, les Athéniens ont sorti pas moins de huit albums avec ce dernier, qui se nomme « Psychic Death – The Shattering of Perceptions« . Quand je disais qu’ils étaient quand-même assez renommés, je ne mentais pas ! D’ailleurs, je sais pourquoi j’ai confondu Lucifer’s Child avec eux : George Emmanuel, fondateur de ce dernier, est aussi le producteur du groupe, celui qui s’occupe du studio. Particularité non négligeable d’Acherontas : le line up n’a pas changé depuis sa création. J’ai en revanche le sentiment que le groupe n’a pas fait énormément de concerts ces dernières années, enfin ! C’est ce que mes recherches me disent, mais peut-être est-ce erroné… En tout cas, je pars sur des bases solides pour l’écoute et la dissection à vif de cet album !

L’artwork est vraiment de toute beauté ! Une très belle aquarelle avec les couleurs de feu et le noir, très typique des thématiques de l’Enfer. On retrouve le feu qui consume les âmes et qui sert de lien avec le titre de l’album, la main du diable qui crache des serpents rouges, ce qui ressemble à une traînée de fumée avec des crânes, ou une énergie malfaisante. Des oiseaux noirs évidemment. Et la Grande Faucheuse qui chevauche un destrier blanc, comme un fantôme sorti de nulle part, prêt à se ruer sur les âmes en peine, ou les futurs clients de l’hôtel d’Hadès. Je suis surtout surpris de voir sous le logo du groupe des typologies que je n’arrive pas à reconnaître. Dans quelle langue c’est en tout cas. J’aurais bien voulu savoir, mais impossible de trouver des informations dessus. Apparemment, ce serait de l’hindi, donc si quelqu’un sait, je suis preneur ! Bon je passe sur l’utilisation banale d’un pentagramme et d’un trident (dont on se doute qu’il ne s’agit pas de celui de Poséidon) parce que l’on sait pertinemment pourquoi ils sont là.

Grosso modo, ce qui ressort de cet artwork c’est que d’une part il est magnifique, d’ailleurs quand on zoome un peu l’image, on s’aperçoit qu’il y a un vrai effet de toile peinte (ou alors c’est un vrai tableau). Mais que d’autre part, ce mélange un peu abrupt de divers symboles et écritures me donnent un effet de « paraître » trop important, au détriment de l' »être ». Sous-entendu : on est plus sur une importance attachée à la forme qu’au fond. On a un pentagramme et un trident qui sont empruntés au satanisme mais qui sont des symboles très détournés partout ; le nom « Acherontas » qui signifie Achéron et qui est une branche du Styx, fleuve des Enfers chez les Grecs ; on a ces écrits en hindi ; la Grande Faucheuse qui est plus une représentation italienne et moyenâgeuse ; le diable qui est une représentation du mal dans les grandes religions monothéistes comme l’Islam ou le Christianisme ; et ce symbole dans le rond noir qui fait penser à un sigil. Pour moi, ça fait trop de références d’un coup, et je ne vois pas l’intérêt de mettre en avant tout cela. En même temps, je sais que je suis ambivalent parce que je suis un peu las de voir du satanisme partout ! C’est juste que ce regain de symboles épars ne me plaît guère, j’aurais mille fois préféré qu’Acherontas s’attaque à une représentation enférique autre que celle de Dante ou du Christianisme. Mais cela n’enlève rien à la beauté de l’artwork par contre, je le répète !

Bon, sans surprise aucune, la musique d’Acherontas est du black metal. Bien comme on l’aime, froid, malsain, violent. De fait, il n’y a pas grand-chose à dire, la musique est bien composée avec des riffs toujours aussi efficaces. Je dis « toujours » parce que les Grecs n’ont, je pense, pas la prétention de révolutionner le genre et font finalement des compositions déjà beaucoup entendues. Et je dirais que, contrairement à mes habitudes, je n’adhère pas franchement… En fait, je fais le constat assez amer que la musique ne me procure pas vraiment d’émotions, pas vraiment non plus de contentement ou de mécontentement. Je reste de marbre ce qui pourrait être un pléonasme vu la musique et la thématique, mais qui est un aveu de faiblesse de ma part, ou peut-être est-ce le constat que la musique est sans originalité, et qu’après avoir écumé mille et une fois le black metal, je cherche d’autres sensations. L’introduction du premier morceau est d’ailleurs à l’image de ce que je dis : sans réel intérêt.

Il y a tout de même quelques satisfactions : le quatrième morceau éponyme explore un peu plus ce que j’aime dans le black metal, c’est-à-dire une dimension tragique, des blasts mélodiques sans être à proprement parlé agressifs, des parties plus calmes et qui repartent sur une sorte de groove de derrière les fagots. Là, pour moi c’est le morceau qui aurait dû servir de référence à l’album entier, plutôt que de vouloir (re)piétiner les plates-bandes bien sèches de n’être pas arrosées de nouveautés. Le cinquième morceau « Coiled Splendor » aussi est un peu dans cette veine-là, un peu d’innovation qui ravive mon esprit endormi par les morceaux précédents. Après, les derniers morceaux repartent sur cette vague de déjà-vu, dommage… Je commençais à aimer l’album.

L’autre satisfaction, et non des moindres, reste l’ensemble sonore qui est bien préparé, bien élaboré. L’incorporation de différents samples, eux aussi hélas déjà entendus maintes et maintes fois, ajoutent tout de même cette part morbide ou mystique, c’est selon les envies, à des morceaux fades. L’idée est franchement pas mal en elle-même, et fait limite un peu croire que le groupe a beaucoup misé sur ces derniers. Le mixage, accompli par le bien-aimé – mais pour une fois pas un compère soilien – George Emmanuel, est fait avec soin et donne une dimension très maléfique. Contrairement à ce que j’énonçais, le mastering aura eu au moins le mérite de mettre un tout petit peu de jeunesse dans des riffs poussiéreux, comme si l’on refaisait la reliure d’un vieux grimoire pour qu’il grince moins quand on l’ouvre !

Par contre, le chant me laisse aussi perplexe que la musique, ces derniers allant de pair rien d’étonnant mais comme j’aime dissocier le chant de la musique, faire une remarque identique ne laisse rien présager de bon pour mon argumentaire… En fait, là encore, l’idée de ne pas mettre que des screams pourrait être une bonne idée ! Mais le souci, c’est que le chant est inégalement, voir mal échancré. Il y a tantôt des récitations qui s’apparentent à des contes ou bien des incantations, des voix plus agressives que les screams, ou des chuchotements. Or, ces derniers ne devant pas avoir le même réglage pour s’insérer dans l’ensemble instrumental, on devrait avoir un rendu final au top, ce qui n’est pas le cas. Alors, je propose trois hypothèses : soit les types de voix ne s’accouplent pas avec les riffs dans lesquels ils sont collés, soit la rythmique est trop hasardeuse, soit c’est la musique et non les voix le problème et cela prévaut bien avec mon constat plus haut.

Bon voilà, en tout cas pour terminer ici, je vous mets en garde contre ma chronique qui est probablement un peu trop personnelle, et si mes argumentaires sont un peu acides, il n’en demeure pas moins que vous devez impérativement vous faire vos propres opinions, et si cet album vous plaît, mille fois tant mieux ! Mais pour ma part, je suis allé de déception en déception avec ce « Psychic Death – The Shattering of Perceptions« . Tel le lièvre effarouché, je suis tombé droit dans le piège du chasseur : étant trop auréolé de compliments, Acherontas ne m’a pas convaincu car, comme l’on m’annonçait un blockbuster, je m’attendais à un blockbuster. Je n’ai récolté, pour conserver la métaphore filée, qu’un film à moyen budget. Un album moyen qui aura au moins un mérite : celui d’épargner ma banqueroute mensuelle de collectionneur compulsif de CDs ! Je passe mon tour pour cette fois, comme pour l’immense majorité du black metal grec qui, tristement, ne me convainc pas.

PS : pour avoir écouté les deux albums précédents après la rédaction de la chronique, je vous conseille bien plus ces derniers !

Tracklist :

1. Paradigms of Nyx
2. Κiss the Blood
3. The Brazen Experimentalist
4. Psychic Death « The Shattering of Perceptions »
5. Coiled Splendor
6. The Offering of Hemlock
7. Sermons of the Psyche
8. Μαγεια των καθρεφτων (Magick of Mirrors)

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